Les "Sortes Sanctorum" du Codex Bezae
et le Carré Rotas


 

De Gisors ou de Rennes-les-Bains

 

Le carré Sator ou Rotas est une figure fort ancienne faisant toujours l’objet d’interrogations. Dans son récit "Gisors et son secret", publié par Gérard de Sède dans "Les Templiers sont parmi nous"[1], Pierre Plantard avait introduit ses propriétés caractéristiques afin de voir dans la forteresse de Gisors une sorte de temple construit d’après la géométrie sacrée. Rien de bien nouveau puisque la plupart des édifices, bâtis par les Anciens, suivait cette règle élémentaire. Nous en avons donné l’exemple pour le château de Gaillon.

Puis, aidé de Ph. de Chérisey, il maquilla l’opuscule "Pierres gravées du Languedoc", attribué indûment à Eugène Stüblein[2], sous la signature de l'abbé Courtaly, en y ajoutant, entre autres, la gravure du buste de Dagobert II (pl.XIX et XX), retrouvé à Rennes-les-Bains. Il le dota d’un carré Rotas écrit en caractères grecs (ci-contre). Le dépôt légal de la plaquette Stüblein à la BnF[3] date du 20 juin 1966 et chose étrange, un mois plus tard, le 27 juillet exactement, une copie des planches XIX, XX et la page d’introduction de l’abbé Courtaly, fut déposée à la bibliothèque de Rouen[4] sous le titre "Le carré magique Rotas à Rennes-les-Bains, par l’abbé Joseph Courtaly" (sic) sans collage et avec des variantes dans les légendes. L'exemplaire de Rouen n'est pas une copie de celui de la BnF. Cela signifie qu'il existait des copies du buste sans falsification du PdS. C'est ce qu'on peut appeler un original frappé du tampon de la bibliothèque de Rouen. Le collage se rapportant à la "légende Dagobert" fait l'objet d'une étude particulière que vous pourrez lire ici (Voir également le Mercure de Gaillon N°10)

Stüblein, Exemplaire de RouenStüblein, Exemplaire BnF
Pierres gravées du Languedoc, E. Stüblein,
Exemplaire de la bib. de Rouen, dépôt du 27 juillet 1966
Pierres gravées du Languedoc, E. Stüblein,
Exemplaire de la BnF, dépôt du 20 juin 1966

Comme toute les productions du Prieuré de Sion, l’étude "Gisors et son secret" de P. Plantard se base sur des sources plus ou moins fiables pour étayer ses délires. Les généralités qu’il apporte sur les carrés magiques de 3 ou de 5 sont intéressantes mais incomplètes.

Nous nous focaliserons sur le carré de 5 autrement dit Sator dont l’aphorisme le plus connu, SATOR - AREPO - TENET - OPERA - ROTAS et son opposé, percute de plein fouet les Sortes Sanctorum, ou réponses des oracles sacrés, dispersés dans le CODEX BEZAE, qui, nous le savons aujourd’hui, était un manuscrit à l’usage des bibliomanciens.

La présentation de cette maxime n’est donc pas une futilité du Prieuré de Sion. Ce dernier, n’ayant aucune connaissance du volume de Cambridge, a eu entre les mains de véritables documents avant de les falsifier.

 

Antiquité du Carré

 

Beaucoup de choses ont été dites sur l’origine du carré Sator : qu’il venait des Celtes, des Hébreux, des Indiens etc.… Selon P. Plantard, en 1937 Guillaume de Jerphanien a signalé dans un bulletin de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres la présence de deux carrés, Rotas et Sator, à Pompéi. Cette information était connue dès 1900. Elle fut publiée dans la Revue d’histoire ecclésiastique éditée par l’Université catholique de Louvain de cette même année. Toutefois Plantard avait parfaitement raison en déclarant que la formule était antérieure à l’an 79 ap. J.-C. Le carré SATOR de Pompéi ne peut être interprété comme témoignant de la diffusion la plus ancienne de cette formule[5]. En effet, nous en retrouvons la trace dans l’œuvre de Marcus Vitruve Pollio (ou Pollion), l’architecte romain né vers l’an 90 av. J.-C. qui inspira fortement Nicolas Poussin[6].

Citant Pythagore, Vitruve nous livre sa méthode abrégée afin de donner plus de facilité à une meilleure compréhension. Pythagore et ses adeptes se sont servis des nombres cubiques (cubicis rationibus) pour écrire leurs préceptes dans leurs livres. Par cet exercice mnémotechnique, ils ont formé un cube de 216 vers sans vouloir en mettre plus de 3 pour chaque sentence.

Aucun interprète de Vitruve Pollio n’a cherché à faire sortir quelque sens utile du passage cubis rationibus[7]. Ch.-L. Maufras, dans sa traduction[8], relève à ce propos un commentaire de César Cesariano[9] dans son édition de 1521 décrivant les vers usités pour la circonstance ainsi :


Sator arepo tenet opera rotas
Signa te signa temere me tangis et angis
Roma tibi subito motibus ibit amor

 

Ces mots pris ensemble n’ont aucune signification. Quel sens peut-on donc donner à cette sentence ?  Beaucoup ont essayé, sans arriver à un résultat convaincant. P. Plantard, invoquant le carré Sator du "château de Jarnac", traduit le vers initial par : Le semeur est à la charrue, le travail occupe les roues. Dans son exposé, Plantard omet de dire que son fameux château de Jarnac n’est qu’une ferme[10] construite sur l’emplacement du vieux château de Jarnac-Champagne (Charente-Maritime) détruit en 1818 et que le carré n’est pas de facture antique[11]. De plus il alimente la confusion en laissant penser qu’il s’agit de Jarnac près d’Angoulême (Charente).

publié en 1757 par le bénédictin Odilone Schreger

Wentworth Webster, citant A. Castaing et le carré découvert dans la chapelle Saint-Laurent de Rochemaure, rapporte la traduction : Celui qui sème une charrue gouverne les œuvres les roues[12]. Nous ne sommes pas beaucoup plus avancés. Un article paru dans le Magasin Pittoresque[13] propose : Le semeur possède ses œuvres. On signale encore des carrés à Valbonnais en Isère dans le sens Rotas - Opéra - Tenet - Arepo - Sator, à Stenay, à Annonay et à Loches sous des formes diverses.

Quant aux deux vers suivants, on les fait descendre d’une légende mettant en scène le curé de Nay et le diable. Ce dernier rétorquant au curé : Signes toi, signes toi, pourquoi me presser et me tourmenter, bientôt tu seras à Rome selon tes vœux[14].

La nature sibylline des trois vers était voulue par les pythagoriciens. Quoiqu’il en soit les deux derniers vers latins se lisent à rebours à l’égal du premier : Rotas Opera Tenet Arepo Sator ou l’ouvrage de la roue tient la charrue du semeur. C’est ce qu’on appelle des vers rétrogrades. Une série, incluant nos trois distiques accompagnés du carré, a été publiée en 1757 par le bénédictin Odilone Schreger[15] (voir ci-contre).

La formation des mots cubiques en architecture n’est pas sans rappeler la légende répandue dans les loges maçonniques quant à la construction du Temple de Jérusalem. Les travaux étaient alors près de leur fin. Il ne restait plus à Salomon qu'à consigner dans un lieu caché les règles secrètes de Moïse et le nom du Grand Architecte de l'Univers, tel qu'il était apparu au mont Horeb, sur un triangle radieux. Sa prononciation était ignorée du peuple et ne se transmettait que par tradition, une fois dans l'année. Le grand prêtre prononçait ce nom sacré en l'épelant, entouré de tous ceux qui avaient le droit de l'entendre. Pendant ce temps le peuple devait faire le plus de bruit possible, pour éviter qu'il ne parvînt jusqu'à lui.

Pour sa conservation, Salomon avait fait construire secrètement, dans le souterrain le plus mystérieux du Temple, une salle à laquelle les maîtres seuls avaient travaillé. Il avait placé au milieu un piédestal triangulaire, qu'il nomma le piédestal de toute science. Il fit chercher activement le Triangle D d’or appartenant à Hiram (ou Adonhiram) qui avait été assassiné. Trois des maîtres virent briller le métal au fond d’un puits à l'heure de midi. Ils le récupérèrent et le portèrent à Salomon. Accompagné alors des quinze élus et des neuf maîtres qui avaient travaillé à la voûte sacrée, il y descendit et fit incruster le D au milieu du piédestal. Il le couvrit d'une pierre d'agate taillée de forme quadrangulaire. A la face supérieure il y fit graver le nom interdit, à la face inférieure tous les mots secrets de la loi divine, et aux quatre faces latérales toutes les combinaisons cubiques de ces mots sacrés, ce qui la fit appeler pierre cubique. Devant, il fit placer trois lampes, portant chacune neuf lampions brûlant d'un feu perpétuel. Puis Salomon ordonna de nouveau aux élus l'ancienne loi, qui défendait de prononcer le vrai nom du Grand Architecte de l'Univers, leur fit prêter serment de ne jamais rien révéler, et fit sceller l'entrée de la voûte dont le secret resta entre les vingt-sept élus et leurs successeurs. Après la mort de Salomon, ils continuèrent à se gouverner suivant les lois d'Hiram et veillèrent toujours à la conservation du temple. Telle est la légende des corporations qui continuèrent à poursuivre dans leurs initiations Abiram, c'est-à-dire le meurtrier d’Hiram, et qui bien des siècles après, jurent encore par les fils de la veuve.

 

Du 4 de Chiffre

 

L’observation de Cesariano ne fut pas reprise dans les publications ultérieures. Par contre une édition de Vitruve en 1547, traduite par Jean (ou Jan) Martin retient l’attention pour trois autres raisons suffisantes nous permettant une légère digression sur ce fameux 4 de chiffre. Nous n'y verrons pas de carré magique, mais elle n'est pas sans rapport avec notre étude.
Tout d’abord certains exemplaires devenus rares sont estampillés de la marque de l’éditeur Jacques Gazeau[16] si particulière qu’il est difficile de passer à côté. Jugez plutôt :

 

La sentence latine : sic perniciosis voluptatibus abstine
se traduit par une curieuse mise en garde :
« Ainsi tiens-toi à l’écart des voluptés funestes »

 

J. Gazeau y a ajouté, pour la veuve et héritiers de Ian Barbé. On remarque au moins deux symboles très significatifs sur la gravure : une trinité d’Ouroboros, mélange de paganisme et de christianisme, et un 4 de chiffre mêlé au G (pour Gazeau) gnostique que l’on signale sur diverses pierres gravées. Il en existe des dizaines communément appelées Marques de Marchands. Ce sujet est bien trop vaste pour être expliqué en quelques lignes. Il fera l’objet d’un prochain article.

Employée par des guildes d’artisans typographes du Moyen Age, il sera difficile de ne pas voir dans cette marque une empreinte occulte introduite dans l’ouvrage de Jean Martin : des enfants de la veuve et de J-B. Même si elle fut organisée en 1717, la franc-maçonnerie existait bien avant cette date, sous d’autres appellations.

L’exemplaire de la BnF[17] ne porte pas l’estampage de l’imprimeur. On y voit seulement le portrait du roi Henri II avec la citation à la veuve et ses héritiers à la fin. La plus grande partie de l'illustration a été gravée d'après des dessins originaux de Jean Goujon, annoncés par l'éditeur dans l'Advertissement aux lecteurs.

Le deuxième indice nous interpelle au plus haut point puisque d'importants emprunts ont été faits au Vitruve vénitien de Fra Giocondo, Jean Joconde, initiateur des plans du château de Gaillon. Incontestablement l’œuvre de Vitruve marqua les beaux esprits de la Renaissance et des Lumières.

Enfin, le troisième élément remarquable de cette édition c’est la personnalité du traducteur Jean Martin. Il était le secrétaire du cardinal de Lénoncourt. Ce nom de famille ne nous est pas inconnu puisque la filiation templière dite Larménius mentionne un Robert de Lénoncourt grand-maître de l’Ordre vers 1478. Filiation qui n’échappa aucunement au Prieuré de Sion dans sa forme. Voulant plagier la résurgence templière entreprise par R.-B. Fabré-Palaprat en 1804, Lénoncourt fut un des pseudonymes attribués en 1956 au fameux Henri Lobineau, auteur patenté des faux Dossiers Secrets.

 

Les manuscrits du carré

 

Revenons à notre carré ou cube de vers n’ayant d’égal qu’un cube de verre d’où transparaît l’agate pure et Divine du Temple de Salomon, car SATOR en latin signifie aussi CREATEUR : le Grand Architecte de l’Univers, le Démiurge.

Le commentaire de Cesariano fait apparaître aussi la version CCCXLIII du cube de 7. A partir de cette formule algébrique, P. Plantard a élaboré sa théorie de géométrie alchimique et sacrée de Gisors. Cela ne signifie pas qu’il connaissait la version italienne des travaux de Vitruve de 1521. Le théorème de Pythagore est au programme des classes de 6e. Pour asseoir son opinion il donne des sources manuscrites, où l’on peut trouver un carré Rotas, sans en exprimer le contenu véritable ou essentiel.

La première de ces sources est un manuscrit latin de la bible datant de l’an 822 provenant du fonds de l’ancienne bibliothèque de Saint-Germain-des-Prés. Il s’agit du Ms latin n°11505 dit Bible de Louis le Débonnaire. Le carré est situé sur le dernier folio. Léopold Delisle[18] a établi une note concernant des passages du manuscrit mais on ne trouve aucune mention du carré. On pourra seulement se faire une idée de l’énigmatique manuscrit en sachant que le scribe mit en marge un avertissement à l’usage du lecteur qui ne pourrait comprendre le sens de son écriture[19]. Signatures et notes écrites en lettres bizarres (sic), totalement distinctes des caractères grecs ou signes tironniens[20] inscrits dans ce volume, sont disséminées sur de multiples folios[21]. Il en existe d’autres exemples dans le Ms latin n°11553 dit Codex de Saint-Germain[22] ou Sangermanensis. Celui-ci contient Les Proverbes et autres livres de la Bible, Ancien et Nouveau Testament, écrit au IXe siècle en version italique annotée sur 189 feuillets. On associe souvent ces annotations aux Sortes Sanctorum du Codex Bezae. C’est Robert Estienne, déjà rencontré lors de la collation du Codex Bezae, qui rassembla les divers fragments et en fit l’expertise en vue d’une édition en 1540.

La seconde source apportée par P. Plantard est un autre manuscrit du fond grec de la BnF : le Ms 2511 dont voici la table et une reproduction du carré magique.

ms 2511carré Sator du ms 2511

 

Le carré Sator y est inscrit au verso du folio 60. Nous avons confirmation de cela par les témoignages de messieurs Wescher et Castaing qui en donnent une reproduction dans leurs publications respectives, extrait de Mémoires de la Société des Antiquaires de France[23] et Ethnogénie de l’Aquitaine primitive[24]. Nous en reproduisons le texte latin et en regard la traduction grecque ci-dessous :

traduction carré Sator du ms 2511

 

extrait manuscrit n°21162 (fol.7) de la collection Cheltenham

On trouve également la sentence sous d’autres formes. Dans le manuscrit n°21162 (fol.7) de la collection Cheltenham (ci-contre), on lit dans une écriture du XIIe siècle un mot carré analogue au carré Rotas, accompagné de quelques vers rappelant instamment le distique : SATOR - AREPO - TENET - OPERA - ROTAS[25].





 

Le carré des premiers chrétiens

 

Une note marginale du fascicule de l’abbé Courtauly déposé à Rouen, signée par un certain A. Block, indique à ce propos : Le carré Rotas - Opéra - Tenet - Arepo - Sator est la forme préchrétienne trouvée à Pompéi, du carré magique Sator - Arepo - Tenet - Opéra - Rotas. Cette affirmation, quoique exacte, est en relation directe avec l’article de Pierre Plantard mais on ne peut pas lui attribuer, ni à Ph. de Cherisey, la paternité de la mention manuscrite. Leur écriture ne correspond pas.

Stüblein, Exemplaire de Rouen Stüblein, Exemplaire de la BnF
Page d'intro de "Pierres gravées du Languedoc",
E. Stüblein, Exemplaire de la bib. de Rouen,
dépôt du 27 juillet 1966
Page d'intro de "Pierres gravées du Languedoc",
E. Stüblein, Exemplaire de la BnF,
dépôt du 20 juin 1966
Voici l'une des rares reproductions
du carré Rotas de Pompéi

 

Si le carré magique était d’usage au premier siècle chez des chrétiens, il est à peu près certain que ceux-ci appartenaient à une secte gnostique. Les disciples de Valentin ou de Marcion, émules de Pythagore et de Platon, sont ceux qui avaient recours à toute une gamme de formules et d’incantations magiques.

Nous avons vu dans un précédent article l’implication de leurs manuscrits dans la rédaction finale du Codex Bezae au VIe siècle : mélange de littérature hérétique conditionnée à celle de Montanus. Les abrasax des Valentiniens ont leur équivalent dans les Sortes Sanctorum griffonnés sur certain folio du Codex Bezae où l’on trouve principalement des carrés de 5. Les nombres impairs forment la base de la doctrine ésotérique de Pythagore et de Platon.

Ils se remarquent dans l’abrasax gnostique Abracadabra dont les lettres placées en triangle équilatéral par la superposition des deux extrêmes de la ligne précédente offrent les nombres 11, 9, 7, 5, 3, 1. L’opération fractale qui s’ensuit est un dérivé du piédestal de toute science où Salomon aurait incrusté le Triangle D d’or exprimant la parole secrète du Démiurge. Chez les anciens hébreux Ab raca dabra signifiait Pater Spiritus Verbum, soit le Père le Verbe et l’Esprit[26] : la Trinité dans l’unicité d’un triangle.

En leur temps, les disciples de Basilide auraient employé abracadabra comme racine de cryptage occulte afin d’éviter la fureur de leur persécuteurs. L’écriture peut être occultée de deux manières, par des caractères invisibles ou visibles. Les caractères invisibles se tracent avec certaine préparation, comme le jus de citron, qui en séchant n'a d'autre couleur que le papier. On le rend perceptible en l’approchant d’une source de chaleur. Quant aux caractères visibles, qui nous occupent particulièrement, la première et la plus simple manière de les déguiser, consiste dans les abréviations. On écrit une partie ou une seule lettre d'un mot, certains traits expriment le reste[27]. Les marques tironiennes ont cet office. Chaque siècle a eu ses formes de caractères et ses abréviations.


Sator rotas sanctorum


Les preuves s’accumulant autour des parchemins cryptés confectionnés par nos curés audois, notre étude critique n’est en rien superflue afin de distinguer ces caractères et abréviations.
Malgré leur nombre aléatoire de caractères, dans le Codex Bezae des citations "sacrées" peuvent s'apparenter au carré Sator-Rotas par leur formation caractéristique sur cinq lignes. Elles sont retranscrites en deux formulations grecques reproduites sur 23 folios ci-dessous.


Sortes Sanctorum ("carrés") type introduit dans le Codex Bezae

Nous avons traduit le C de NOCMA par S qui est l’ancienne forme du S grec. On peut lire parfois ces mots sur deux ou quatre lignes. Sur cinq, ils n’ont pas plus de sens que la formule agréée Sator Arepo Tenet etc. Nous reconnaîtrons toutefois deux mots SABBATOY et KYRIA (ou Kyriakh) se traduisant respectivement par sabbat et la femme choisie par Dieu, si on se plie aux exigences de l’interprétation officielle des évangiles l’identifiant par erreur à la Vierge Marie.
Nous verrons que ce n'est pas aussi simple, car parmi d'autres étrangetés, au folio 225v° (ou 245b) un passage particulier de l'évangile de Luc XV:8-19 se démarque du reste en présentant une annotation de ce style. Or c'est justement dans ces versets que nous pouvons lire la parabole de la "Pièce d'Argent perdue et retrouvée" chantée par Odon de Cluny dans l'hymne reprise par Béranger Saunière pour la décoration du bas-relief de son maître autel : "Jesu medela vulnerum, etc" étant l'extrait représentatif. Vous pouvez lire ou relire la première partie de cette étude en cliquant sur ce lien et lire la suite dans le Mercure de Gaillon N°4 à paraître le 15 novembre.
Quant au reste de la sentence, il y a de quoi devenir fou : ANNAG-NOSMA-PERITO-SABBA-TOY ou KYRIA-KH ne signifie rien, même si nous lions les mots entre eux. Doit-on alors considérer cela comme une annotation liturgique ?

Les spécialistes ne nous soumettent aucune explication définitive. J. Rendel Harris signalait ce commentaire dans The Annotators of the Codex Bezae (with somes notes on Sortes Santorum)”[28] laissant entrevoir des erreurs d’interprétation. De notre point de vue, ce ne sont que de simples conjectures.

Pour datation, il leur donnait le IXe siècle. Ce n’est pas impossible, mais ne serait-il pas plus légitime de placer ce genre de carrés magiques, Sortes Sanctorum, vers le Ve ou VIe siècle ? Le premier manuscrit devant devenir le Codex Bezae, sur la base d’anciens écrits gnostiques hérétiques montanistes, valentiniens ou marcionites chez qui les abrasax étaient d’usage courant, fut rédigé à cette époque. De plus les écritures sont très ressemblantes. Ne négligeons rien, il est toujours utile de rappeler ces faits.



A suivre...

 

Pièces justificatives, bibliographie et notes


Documents du dossier

Lire le dossier complet en ligne:


- Le Codex Bezae, de son implica...Sion dans l'affaire de Rennes-le-Château, 1ère partie.
- Le Codex Bezae, de son implica...Sion dans l'affaire de Rennes-le-Château, 2ème partie.
- Le Codex Bezae, de son implica...Sion dans l'affaire de Rennes-le-Château, 3ème partie.
- Le Codex Bezae à Lyon au IXe siècle.
- Les vrais parchemins de B. Saunières et H. Boudet.
- Les manuscrits hérétiques du Codex Bezae.
- PIECES JUSTIFICATIVES pour servir l'histoire des authentiques parchemins de B. Saunière et H. Boudet.
- Le Codex Bezae ou les secrets de Dieu oubliés.
- La Clef de Sion du dernier Nautonier

livre en librairie:
Arcana Codex, Livre II: Du DA VINCI CODE au CODEX BEZAE, par Thierry Garnier, collection VERITES SECRETES n°5, M2G éditions, 2006, 174 pages.

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Pour tout savoir sur le decryptage du CODEX BEZAE.

Arcana Codex Livre II


Thierry Garnier


© 01.11.08 - M2G éditions. Toute reproduction interdite sans autorisation de l'auteur.
Mis à jour le 03/03/24

Remerciements particuliers à : A-M Lecordier et C. F. Jackson

 


[1] Ed. Julliard, 1962.

[2] Arcana Codex, L.II, du DVC au Codex Bezae, Th. Garnier, M2G Editions, 2006, p.107 et suivantes.

[3] Cote : 8-LJ6-849

[4] Cote : BR mm 2213/39

[5] Sylloge inscriptionum Christianarum veterum Musei Vaticani, par Henrik Zilliacus, 1963, p.118.

[6] N. Poussin 1594-1665, réunions des musées nationaux, 1994, p.19 et 82.

[7] Livre V de l’œuvre de V. Pollio.

[8] L’architecture de Vitruve T.1, Ed. Panckoucke, Paris, 1847, p.516.

[9] De architectura libri dieci, traduit par Bonno Mauro et commenté par César Cersariano, G. Da Ponto, 1521. La BnF ne possède pas cette édition.

[10] Epigraphie santone et ausienne, par Louis Audiat, typ. P. Orliaguet, 1870, p.202.

[11] Société des archives historiques de la Saintonge, 1888, p.261.

[12] Bulletin de la Société des sciences et arts de Bayonne, 1898, p.81.

[13] 1854, p.348.

[14] Annuaire du département de la Manche, 1857, p.65.

[15] Studiosus jovialis, seu, Auxilia ad jocosè, & honestè discurrendumin gratiam, p.223.

[16] Manuel du libraire et de l’amateur de livres, par J.-C. Brunet, lib. Sylvestre, Paris, 1843, p.672.

[17] Cote BnF : RES-V-326.

[18] Cabinet des manuscrits de Bib. Imp. T.3, L. Delisle, 1881, p.247-250.

[19] Ms 11505, fol. 70 v°.

[20] Type d’écriture sténographique utilisée par les scribes de l’Antiquité et du Moyen Âge.

[21] L. Delisle, ibid.

[22] Saint-Germain-des-Prés. Il provient de la bibliothèque de l’abbaye de Corbie près de Luxeuil.

[23] T.XXXV, 1874.

[24] Ed. Maisonneuve, Paris 1885, p.242 et 243

[25] Bibliothèque de l’école des chartes, 1922, p.466.

[26] Etudes hébraïques facilitées, lib. Classique Augustin Delain, Paris, 1834, p.314.

[27] Bulletin des sciences historiques, antiquités, philologie, T.13, dirigé par Jean-François Champollion, Paris, 1829, p.314.

[28] Ed. C.J Clay & Sons, 1901, p.11.