Supercheries médiatiques L’histoire
récente nous confirme qu’il ne faut plus se fier aux seules affirmations d’un
Pierre Plantard[1] ou d’un Philippe de
Cherisey, marquis et comédien de son état. Il est indispensable d'être des plus
rigoureux quand on touche la corde sensible du Prieuré de Sion. Le sujet est plus brûlant que sulfureux. Les
auteurs du Message[2] disaient avec
justesse : «Nous sommes confrontés à une
organisation d’une extraordinaire sophistication psychologique». En effet,
l’Ordre n'apparaît sérieusement dans aucun ouvrage à valeur historique. On nous
rétorquera qu’une société secrète par définition, en tant que telle, doit
rester dans l’ombre de l’Histoire. Mais
notre Histoire, bien que stéréotypée, filtrée, pré-formatée, laisse parfois
échapper quelques couleuvres, sujet reptilien s’il en est, des mailles de son filet venimeux. Il en va
tout autrement dans les domaines de l'extravagance ésotérique où le Prieuré
jouit très largement du porte-monnaie d’un auditoire crédule, aidé en cela par
les médias. Plus que de rechercher la vérité, ces derniers préfèrent
« naturellement » battre en brèche en diffusant des reportages
bidonnés sur le 11 septembre 2001 et tirer ainsi à boulet rouge, par la bande,
sur les chercheurs osant s’approcher de la vérité. Il
existe malheureusement une frange de journalistes qui fait honte à cette
profession honorable. Ainsi, l’aurez-vous observé le samedi 3 mars 2007, sur la
une, où je fus personnellement pris à partie. Quand ce n’est pas la presse
régionale, c’est le réseau hertzien national qui prend le relais. Bien entendu,
dans ce cas, le lecteur et le téléspectateur n’auront toujours qu’un seul son
de cloches… et de quelles cloches ! Car il ne suffit pas qu’une bande
d’hypocrites journaleux prétendent vouloir faire un reportage sérieux pour
approcher sournoisement un intervenant lambda, faut-il encore qu’ils en
assument les conséquences quand leur interview dérape à l’insu de cet
intervenant vers des montages grossiers et la manipulation des propos tenus
dans la plus traditionnelle des « Chacals Productions ». Force
est de constater que nous vivons dans un monde où le mensonge est érigé comme
une loi, vérité intemporelle, dans la sphère médiatique et particulièrement à
la télévision, outil de quelque scribouillard patenté, sans honneur, en perte
de vitesse. Pour en avoir côtoyés, je
connais bien maintenant ce genre de pleutre qui fait de la trahison une passion
inhérente à son travail ; journaleux de bas étage se cachant derrière sa
gomme et son crayon quand il n’a pas de caméra comme arme de destruction
massive. Et d’organiser la réplique dans un infâme « bouigorama »,
cirque télévisuel abject, mis en scène par un Monsieur Loyal hystérique et son
acolyte grotesque, deux augustes poltrons démagos maîtres d’œuvres de la farce,
afin de satisfaire leur ego, l’audimat et leurs « dames
patronnesses » initiées de vol, pourvu qu’elles aient une équerre sous le
manteau et le compas dans l’œil ! Quoique ce ne soit pas gagné dans ce cas
précis, même quand on œuvre dans une « maison » de maçons ! A bon
entendeur... Cela va de soi. Mais
laissons là ces vaines tentatives de manipulation mentale de sycophantes et
maintenons le cap. Le mythe du Prieuré de Sion tombe en morceaux avec fracas.
Fallait-il encore le préciser ? Efforçons-nous donc d’en comprendre le
mécanisme et de poursuivre le démantèlement de la farce pièce par pièce car
chacun des documents émanant du pseudo Ordre a une histoire bien réelle et
mérite une attention particulière. Nous
avons déjà passé à la loupe les deux parchemins de Boudet et Saunière, les
brochures attribuées faussement à Eugène Stüblein et à Antoine L’Ermite. Nous
avons vu l’implication de Nicolas Poussin et de son tableau des Bergers d’Arcadie
attirant les origines de son secret dans l’ancien archevêché rouennais.
Nous connaissons maintenant la véritable généalogie de la famille de
Blanchefort du Limousin n’ayant rien à voir avec celle de Blanquefort ou celle
d’Hautpoul et les ruines du château de Blanchefort près de Rennes-le-Château.
Nous avons mis en évidence les liens attachant la famille de Cherisey à Gisors
tout en s’alliant à la famille de Fontanges. Il reste encore un grand nombre de
faits, de documents et sites historiques détournés dont nous devons assainir
les bases à l’exemple du château de Barbarie. Du château de Barbarie La
légende débitée par le Prieuré de Sion, chacun la connaît. Mais peut-être
est-il nécessaire de nous rafraîchir la mémoire avant de passer à la vérité historique
de ce castel dont l’origine et la chute restent incertaines. Il
faut savoir étudier tous les points de vue, même les plus tordus. C’est vous
dire ! En 1546, Jean des Plantards aurait épousé Marie de Saint-Clair à
Gisors. Puis la famille vient se fixer près de Nevers au château de Barbarie.
Un siècle passe et on ne sait trop pourquoi, en juin 1648 Mazarin aurait fait
détruire le château, confisquant les biens de la famille Plantard. Les auteurs
colportant cette histoire précisent toutefois qu’aucun ouvrage ne confirme
cette information tirée des documents douteux du Prieuré. Etonnant non! On sait
également que Mazarin obtient le duché de Nevers par contrat signé en juillet
de l’année 1659, ça c’est historique. Ils ajoutent encore qu’en 1506, il existait
un fief de Barbarie dans le Nivernais. En 1575, on fait allusion dans une
charte à un hameau « Les Plantards », supposé non loin du château de
Barbarie. Le hameau aurait appartenu à la famille du même nom. Mazarin se
serait donc évertué à effacer toute trace historique de ce château de Barbarie.
Mais
la découverte la plus fameuse est sans conteste celle des vestiges d'un château
exhumés en 1875. Le site était formé d'une petite ville fortifiée et d'un fort.
C’est sans doute la seule part de vérité de ce tas d’affabulations. Nous
n’avons en effet retrouvé aucune trace d’une famille Plantard dans la Nièvre au
XVIe siècle et aucun mariage avec cette Marie de Saint-Clair,
rattachant de fait cette fable à celle de Gisors. D’ailleurs toute la
généalogie de famille de Gisors est erronée. Elle a été tronquée par le Prieuré
de Sion. Selon Ph. de Cherisey, il aurait existé un contrat de mariage entre
Jean des Plantards et Marie de Saint-Clair. Cet acte, Ph. de Cherisey est le
seul à le connaître et l’initiateur des masses monétaires soi-disant retrouvées
dans le sous-sol de la vieille citadelle. Par
honnêteté intellectuelle, le marquis aurait pu nous fournir toutes les sources
documentaires pour vérification. Il n’en donne que deux principales, le Dictionnaire
Topographique de la Nièvre[5] et Les fouilles
du vieux château de Barbarie, commune de la Machine[6], De l’antique Cité de Barbarie ![]() Par
respect de la vérité historique qui a été bafouée une fois de plus dans cette
affaire, nous vous présentons quelques extraits de la notice sur les fouilles
du vieux château de Barbarie publié dans le Bulletin Archéologique de 1906. « A
quelque quinze cents mètres au Nord Ouest du bourg de La Machine (Nièvre), la
grande route, en pénétrant dans la forêt domaniale des Minimes, contourne la
base d'une vaste croupe boisée, aux talus abrupts et régularisés, que limitent
d'étroits vallons, dont l'un est encore occupé par un étang; un plateau d'une
dizaine d'hectares, qui la couronne, porte les restes d'une enceinte barlongue
formée par des retranchements rectilignes plus ou moins puissants et qu'on
appelle la Cité de Barbarie. Des fouilles pratiquées en 1876 par la Société Schneider
du Creusot, à la demande de la Société Nivernaise des sciences et arts, n'ont
mis au jour, dans ses remparts, que des moellons gréseux bruts, disposés sans
ordre comme sans parements, et produit, comme découverte, que les débris d'un
vase antique en terre très mal cuite, portant des bourrelets couverts
d'impressions digitales; des enceintes remontant à la Gaule indépendante en ont
fourni d'analogues à l'un de nous('). A quarante mètres vis à vis de la pointe
Nord Ouest de cette vieille forteresse et sur le versant opposé du vallon de
l'Étang Neuf, se dresse une autre enceinte bien plus réduite et d'aspect assez
différent. Elle ne peut être examinée qu’après une des exploitations
périodiques des taillis quasi impénétrables qui la masquent d’ordinaire. Comme
elle est, du reste, éloignée de tout chemin et située dans un des endroits
le plus accidentés et les plus sauvages de la grande forêt de l’état elle n'est
guère connue que des gens du pays, qui l'appellent le Vieux Château ou
le Trésor et n'a été jusqu'ici l'objet d'aucune publication. Elle
est assise sur la pointe orientale d'un petit contrefort incliné de l'Ouest à
l'Est et vaguement rectangulaire, à angles arrondis, mesurant 120 mètres sur
40, et est limitée de trois côtés par des escarpements réguliers qui baignent
en grande partie dans les eaux de l'Etang‑Neuf; mais, à l'Ouest, elle se
termine par une grosse butte artificielle (M), dont la base émerge d'un grand
fossé coupant l'isthme. Sur les trois autres côtés, des remparts de pierres
couronnent les crêtes des talus (fig. 1, AB CDDHG). Des
fouilles sommaires pratiquées dans ces reliefs nous révélèrent tout d'abord la
présence de nombreux moellons gréseux qui avaient subi l'effet de températures
plus ou moins élevées; ces fouilles firent trouver aussi dans le vallum, à sa
base, des lignes régulières de charbon provenant de pièces de charpente, tant
longitudinales que transversales, brûlées ou au moins carbonisées par
décomposition de leurs tissus. Nous en avions trop hâtivement conclu que nous
étions en présence de murailles du type d'Avaricum, remontant à la fin de la période
d'indépendance de la Gaule et contemporaines de celles du mont Beuvray. [...] L'examen
de la plupart de ces restes semble prouver la destruction d'un grand bâtiment
par le feu, et les pièces de bois sont disposées de telle sorte qu'elles
doivent provenir de l'effondrement d'un plancher et d'un comble couvert en
chaume, comme l'atteste toute la paille carbonisée; du reste, si la toiture
avait porté de la tuile, ou en aurait trouvé d'abondants débris, tandis qu'on
n'a rencontré qu’une dizaine de morceaux de tuiles, toutes du type antique à rebord. [...] On
a rencontré encore dans la motte quelques pierres un peu taillées, dont un
seuil en place à l’angle Nord Est; trois grosses pierres plates, au Sud Est,
étaient également en place et gauchement superposées pour former comme un
grossier escalier de descente dans l’hypogée. On a recueilli aussi, à
une faible profondeur sous le sommet de la butte, d'autres pierres plates, dont
une des faces, bien unie, présentait des séries de lignes gravées en creux et formant
des dessins d'aspect quelque peu cabalistique[7]... [...] La pièce souterraine
en pierres sèches, cimentées simplement par de la terre glaise, avec ses
murailles de refend, servait de cellier, de magasin d'approvisionnement,
d'usine pour la mouture et sans doute en partie aussi de prison. Quant au
donjon, il subit le sort à peu près commun à tous ses pareils primitifs,
édifiés en matières si combustibles, et par deux fois fut incendié; le second
incendie ne doit pas être postérieur au début du XIIIe siècle, à en juger par les épaves mobilières
récoltées dans les fouilles, épaves qui, toutes, semblent antérieures à ce
siècle... » La part des Anges Dans
cette brochure, il n’y a aucun renseignement susceptible de nous éclairer sur
les derniers propriétaires de la citadelle de Barbarie, rien sur les auteurs
des incendies. Les Plantard, les Saint-Clair et Mazarin ne sont que les fruits
des fantasmes du Prieuré de Sion. Seule les Gentiles, derniers païens, au IIIe
siècle sont supposés avoir trouvé refuge dans l’antique cité de Barbarie,
appelée dès l’époque la Cité des Barbares par les autochtones[8]. Cela
attesterait qu’une société non chrétienne ou d’hérétiques y ait prospéré
jusqu’au XIIIe siècle, moitié du XIVe au plus tard : des
manichéens Vaudois, Turlupins ou Boulgres. Ceux-ci apparurent en France sous le
règne de Jean II le Bon. On fit courir sur eux des bruits de toute sorte,
qu’ils pouvaient atteindre la perfection morale en se livrant à des actes de
débauche en public. Ils furent accusés de vouloir ressusciter la secte païenne
des cyniques[9]. Dans son œuvre
imaginaire, La Pelleterie des Turlupins extraite de la Botte fauve
incornifistibulée en la Somme Angélique, destinée à railler les écrivains
de l’Eglise romaine, Rabelais, un des
chefs incontestés de la Société Angélique[10],
commente un point fort du livre de saint Thomas d’Aquin « Thomae de
Aquino Summa contra Gentiles, seu Maleus haereticorum »[11] où il avait écrit
une diatribe frénétique contre les hérétiques de son temps. Sous l’inquisition,
outre ses bûchers, nombre de massacres d’hérétiques furent provoqués dans le
but d’anéantir les repaires des Vaudois et des Turlupins. La Cité de Barbarie
fut peut-être du lot. Les
publications scientifiques en rapport avec l’histoire de ces ruines étant
pratiquement inexistantes, il était aisé pour les membres du Prieuré d’inventer
un scénario à la Monte-Cristo en le piquant d’acte de mariage factice ou de
trésor sulfureux imaginaire. Associer Mazarin à la destruction du château de
Barbarie était d’autant plus simple que le ministre de Louis XIV était connu
pour avoir démantelé la forteresse de Neaufles, près de Gisors. Cette mascarade
était une partie du plan élaboré afin d’assouvir l’ambition politique de
quelques fraternités paramaçonniques anglo-saxonnes - sectateurs mérovingiens -
naviguant dans les méandres Illuminatis, l’hydre internationale dont le Prieuré
de Sion était une des têtes chercheuses en Europe et cela dès 1956. Vous
l’aurez donc remarqué par vous-même, le château de Barbarie n’a aucun rapport avec
le Prieuré de Sion ou la famille Plantard. Cependant, une chose importante
semble avoir échappé à la « farce » du turlupin. Ph. de Cherisey
connaissait la plaquette produite par la Société Nivernaise. Pourquoi omet-il
de parler des symboles cabalistiques gravés (voir note 7),
retrouvés sur les pierres de la crypte ? Pourquoi P. Plantard, féru
d’hermétisme, ne s’en fait-il pas l’écho ? Ces dernières questions
viennent étayer notre raisonnement selon lequel de véritables pièces d’un Dossier
Secret existent mais ont été truquées à dessein... pour égarer le public
friand de mystère, tandis qu’une société secrète internationale agissait et
agit toujours dans l’ombre. Alors amis lecteurs et lectrices, méfiez-vous des
imita...Sions et surtout de la télévi... Zion !
A
suivre... © Thierry Garnier
- 21 mars 2007 - Toutes
reproductions totales ou partielles interdites sans autorisation de l'auteur. www.lemercuredegaillon.fr
[1] Les Templiers sont parmi nous, Gérard de
Sède, Ed Julliard – 1962. [2] Le message, l’énigme sacrée vol II, Baigent, Leigh, Lincoln, Ed. France
Loisirs, 1988, p.190. [3] Le trésor des
Templiers, J.L Chaumeil, éd. H. Verrier, p.80 et suivantes. [4] Abbaye fondée
en 1209, par Hervé de Donzy. [5] Georges de
Soultrait, Imp. Impériale, Paris, 1865. [6] Extrait du
Bulletin Archéologique, par M.J de
Saint-Venant et M.L.M. Poussereau, Imp. Nationale, 1906. [7] L’abbé Cochet
signale dans sa « Normandie Souterraine », p.277, une fusiole
hémisphérique de pierre, dont le côté plat porte, gravées, les incisions
disposées en lignes droites ou brisées très analogues à celles du château de
Barbarie. Il rapproche ces signes des caractères runiques coupés, tels que le
représente « le nouveau traité de diplomatique des bénédictins ».
Ayant consulté l’ouvrage de l’abbé Cochet nous avons relevé deux fragments
d’archéologie pouvant correspondre aux indications de la brochure : une
pièce de poterie et un fragment de poignard (voir photo) respectivement aux
pages 177 et 277. [8] Essai sur le
système défensif des Romains, par J.G. Bulliot, Société Eduenne, Paris, 1856,
p.156. [9] Cf, Diogène le
cynique. [10] Loge d’érudits
et de poètes fondée à Lyon au XVIe siècle. Cf, Rabelais, par Sir
Walter Besant, éd. J.B Lippincott & Co, 1879, p.33. [11] Agrippinae,
per Henricum Quentelle, 1502, in-fol goth. |