Le Prieuré de Sion Vs Skull & Bones.
Entre démystification et Ordre nouveau.

 

Charles Nodier au Château de Gaillon
Charles Nodier au Château de Gaillon
(- In, Voyage dans l’Ancienne France Vol III -).

Une fois n’est pas coutume, nous mettons à jour une étude publiée entre 2003 et 2005. Quand l’histoire évolue il faut savoir être pragmatique. A la lueur de curieux documents, nous ayant été communiqués, nous pouvons mettre en évidence l’existence historique d’un vrai ordre secret opératif dans le Razès. Son appellation générique restera Prieuré de Sion faute de mieux pour l’heure.

Alors, quittons une fois de plus les sentiers de Gaillon pour mieux y retourner plus tard. Nous tenons à rassurer le lecteur d’emblée : aucune trace d’un antique Prieuré de Sion « plantardesque » n’a été détecté à Gaillon, si ce n’est le passage de Charles Nodier, l’un des prétendus grand-maîtres de cette ordre obscur fondé officiellement en 1956. Enfin ! Pas de trace ? Les nouvelles informations recueillies peuvent néanmoins faire de Gaillon une station discrète en lien direct avec notre ordre occulte Languedocien.

 

De la mythologie à la mythomanie

 

Dans la mythologie de Rennes-le-Château, l’ordre fondé par Pierre Plantard a toujours suscité la polémique. C’est Gérard de Sède qui le premier s’est fait le chantre de ce mouvement avant de s’en écarter. Dans le dernier quart du XXe siècle les dirigeants du Prieuré se sont reposés sur d’anciennes chartes de 1152 et 1178 émanant du véritable Ordre de Sion en Palestine pour se prévaloir de leur titre.

Le Prieuré de Sion prétend naître ainsi au XIe siècle des rangs de l’Ordre des Chevaliers du Temple. Leur séparation aurait été entérinée à Gisors en l’an 1188 sous un orme ancien.  L’orme du champ sacré de Gisors est connu pour avoir subi les outrages de l’abattage; symbolique de la scission de l’ordre du Temple en deux groupes distincts, les Templiers et le Prieuré de Sion. Si ce dernier ordre mystique fut érigé en association loi 1901, en 1956, aucun document écrit n’a été trouvé ou ne subsiste attestant l’existence d’un antique et réel Prieuré de Sion en 1188, racine présumée d’un Ordre Rose+Croix[1].

Entrevue de Philippe-Auguste et Henri II à Gisors le 21 janvier 1188
(- Prêche de la 3e croisade par Gillot Saint-Evre, 1839 -).

L’histoire officielle connue est tout autre. L’orme de Gisors était protégé contre les attaques du bétail, aussi le connaissait-on mieux sous l’appellation de l’Ormeteau Ferré. L’orme a bel et bien été abattu. C’est un évènement historique avéré et non une légende. La cause de la rupture de l’arbre est bien différente de celle émise par le Prieuré de Sion. Une altercation intervint entre Philippe-Auguste, roi de France et Henri II, roi d’Angleterre, à propos de la présence anglaise sous l’arbre. Le roi de France voyant l’anglais installé à l’ombre du feuillage rafraîchissant de l’orme ne supporta pas ses moqueries.

Une rixe s’ensuivit et notre arbre plus que centenaire périt sous la hache des Français. On retrouve l’épisode relaté dans la «chronique de Rains»[2].

Faut-il se fier aux seules affirmations d’un Pierre Plantard de Saint Clair[3]? Tout chercheur sérieux ne saurait l’admettre ou le réfuter de facto. Il est indispensable d'être des plus rigoureux quand on touche la corde sensible du Prieuré de Sion. Le sujet est plus brûlant que sulfureux. Le Prieuré est un des ordres les plus difficiles à cerner raisonnablement.

Les auteurs du Message[4] disaient avec justesse : «Nous sommes confrontés à une organisation d’une extraordinaire sophistication psychologique». En effet, l’Ordre n'apparaît sérieusement dans aucun ouvrage à valeur historique. On nous rétorquera qu’une société secrète par définition, en tant que telle, doit rester dans l’ombre de l’Histoire. Mais notre histoire, bien que stéréotypée, filtrée, pré formatée, laisse parfois échapper quelques couleuvres des mailles de son filet grotesque.

Il en est tout autrement dans les domaines de l'extravagance ésotérique où le Prieuré jouit très largement du porte-monnaie d’un auditoire crédule, aidé en cela par les médias et quelques « nantis » du milieu rhédaesien rangés à la cause « prieuresque »...
Extrait des dossiers secrets Lobineau,
liste des faux grands-maîtres.
On ne sait trop de quel Prieuré de Sion il est question ici d’ailleurs. Ses aficionados, parait-il, auraient des documents fracassants, fabuleux et authentiques entre leurs mains. Ils nous les promettent à chaque coup de boutoir reçu par leur cher Prieuré. Mais ce sont toujours les mêmes écrits douteux que l’on nous ressort : le Serpent Rouge, le Dossier Lobineau etc. Depuis quelques mois nous devons nous les « coltiner » à nouveau à la sauce Cro-Magnon sorti de Donjon et Dragon.  Il faut bien vous dire qu’à ce niveau de jeu vous ne gagnerez rien à tout avaler. Le bourrage de crâne à grand coup de massue, qu’il soit doux et charmeur, ça ne paye pas... d’ailleurs ça ne paye jamais ! Tout comme le portefeuille d’un borgne griffu sur lequel il aurait laissé quelques empreintes tapageuses radiocommandées.

 

La Vérité est ailleurs

 

La censure ne fera pas avancer le « chmilblic », pas plus que des affirmations sans fondement. Il ne nous a fallu que quelques jours pour retrouver une simple date qui pouvait en dire long sur l’authenticité du Prieuré. Personne ne pouvait nous dire la date précise de la coupure de l’orme de Gisors en 1188[5].

On rabâche, on répète des mots, des phrases, des idées, sans avoir le moindre souci d’en vérifier l’origine. Une date aussi précieuse pour le Prieuré de Sion n’aurait jamais pu être oubliée, si tant est que ce prieuré existe bien depuis une époque ancienne. Cette date est pourtant donnée dans l’ouvrage de G. de Sède[6]: 15 août 1188, pour la création du Prieuré de Sion. Nulle part ailleurs nous n’avons pu la trouver. Une référence dans un livre d’histoire quelconque aurait donné du crédit, si minime soit-il, aux allégations de Plantard.

Calvaire du Jardin de l’église

De la même manière, beaucoup ont attribué bien facilement au fantasmagorique Prieuré de Sion l’épitaphe gravée tout autour du calvaire situé dans le jardin de son église; Christus AOPMS defendit (Christus ANTIQUUS ORDO MYSTICUSQUE PRIORATUS SIONUS Defendit). En dépit des manœuvres conciliatoires pour attribuer les citations du calvaire au Prieuré de Sion ou au Vatican, il faut se rendre à l’évidence que ces mots gravés tout autour du calvaire appartiennent à Charles Ier de Bourbon, roi de la Ligue, et au pape Sixte V.

La maxime, «Christus AOMPS defendit», où nombre d’exégètes Rennais ont voulu y voir une estampille ésotérique galvaudée depuis des lustres, pourra être retrouvée sur l’obélisque de Sixte Quint, érigé sur la place Saint-Pierre de Rome. La devise, qui est la sienne, «Christus AB OMNI MALO PLEBEM SUAM Defendit», signifie «Que le Christ protège son peuple de tout mal»[7]. Elle complète en tout point la sentence du calvaire de Rennes-le-Château, précédemment expliquée; CHRISTUS REGNAT, CHRISTUS VINCIT, CHRISTUS IMPERAT est également gravé sur la base de l’obélisque[8]. Les monnaies de Charles de Bourbon datant de 1593, conservées à la Chartreuse de Bourbon-lèz-Gaillon, portaient aussi cette inscription. Le texte exact de l’obélisque de Rome est : «Christus AB OMNI MALO PLEBEM SUAM Defendat» - Le Christ protège son peuple de tout mal.

Abri sous roche dans le secteur du mont Bugarach

La démonstration, par un Sceau de Salomon et un Axe majeur, que nous avons faite dans Mémoires des deux cités T.II est révélatrice d’une situation bien différente de celle colportée depuis plus de 50 ans. Partis de cette combinaison géographique sacrée parfaite nous avons ainsi retrouvé un abri sous roche semblable à une spoulga (grotte église) cathare proche du mont Bugarach.

Tous les arguments apportés par le Prieuré depuis sa fondation officielle en 1956 pour accréditer son antiquité tombent les uns après les autres. Les derniers documents en lice sont les parchemins prétendument retrouvés par Bérenger Saunière et un feuillet du livre de Tobie accompagné d'un commentaire ancien relatif à la découverte d'un ecclésiastique du début du XXe siècle. Presque tout a été dit sur la véritable source des parchemins : le Codex Bezae Cantabrigiensis. Nous ne reviendrons pas là-dessus, tandis que le manuscrit de Tobie est sur le point de nous révéler un nouvel ordonnancement du mystère Saunière corrélatif à nos propres hypothèses.

Le célèbre mage de Salon de Provence, lui aussi, a eu le droit d’être élevé au rang de grand-maître. En effet, les mordus du Prieuré de Sion ont voulu faire de Nostradamus l’un de ses agents. Certains historiens l’ont soupçonné d’être un agent secret au service des Maisons de Guise et de Lorraine[9]. Il serait plus certain d’affirmer son appartenance à l’Ordre occulté des Fidèles d’Amour ou Société Angélique. Le Prieuré de Sion ne fut qu’un de ses faire-valoir moderne, illégitime. Tant que ça fume, on fait feu de tout bois.

On s’aperçoit en fait que chaque évènement rapporté, chaque document produit est authentique mais a été détourné à des fins malfaisantes pour servir les desseins d’autres Sociétés Secrètes qui celles-là sont bien réelles et manipulent l’opinion publique à leur guise.

Faisons rapidement le bilan des évènements et documents authentiques corrompus, connus à l’heure actuelle :

Extrait de l’almanach Hachette 1901
- voir La bibliothèque de Bérenger Saunière
- La coupure de l’Orme de Gisors.
- Les termes employés de la tombe de la Dame de Blanchefort.
- Le mystère Nicolas Poussin.
- Le Bréviaire Romain.
- Les généalogies des De Blanchefort et De Blanquefort.
- L'histoire du Château de Barbarie.
- Le rôle de l'abbé Henri Boudet.
- Les deux chartes de l’Ordre de Sion.
- La citation « Christus AOMPS Defendit » et le reste.
- Les deux parchemins de B. Saunière écrits avec la complicité d'H. Boudet.
- Le mythe du trésor du Diable à Rennes-les-Bains.
- Le 17 Janvier qui n’était pas la fête de st Sulpice à l’époque de B. Saunière. (voir almanach Hachette ci-contre).

Il est à noter, à propos de saint Sulpice, que la date du 17 janvier, fréquemment mise en avant dans cette histoire, ne peut être retenue. A l’époque de Bérenger Saunière, saint Sulpice était fêté le 19 janvier. Seuls, saint Antoine ermite, saint Genou et sainte Léonie étaient honorés le 17 janvier. Ces trois derniers saints sont du plus grand intérêt. Même sainte Roseline, décédée le 17 janvier 1329, n’était pas dans le calendrier à cette date. Beaucoup d’exégètes rhédaesiens ont voulu voir en elle le symbole de la Rosslyn Chapel édifiée par les Templiers en Ecosse ; la Rose Ligne ou Ligne Rouge du méridien de Paris en l’associant au gnomon astronomique situé dans l’église de Saint-Sulpice. Or, d’une part, le méridien de Paris ne passe absolument pas dans cette église et d’autre part le gnomon, prétendu rouge, puisque quelques uns le disent en cuivre, est en réalité jaune puisqu’il est en laiton. Roseline de Villeneuve n’ayant pas de relation directe avec Saint-Sulpice, la chapelle écossaise Roseline peut aussi être effacé d’un scénario « Saint Graal » aux relents pseudo maçonniques états-uniens. On ne franchit pas la ligne jaune impunément. L’église Saint-Sulpice détient d’autres jalons plus sérieux.

Dans notre livre, ARCANA CODEX - Livre II - Du Da Vinci Code au Codex Bezae, nous apportons la preuve qu’un autre document relatif à l’affaire de Rennes-le-Château, Pierres gravées du Languedoc d’Eugène Stüblein est encore un de ces vrais/faux documents utilisés à des fins mercantiles pour les uns et politiques pour les autres. Nous aussi nous avons nos sources !

 

Les maîtres du jeu

 

Extrait de Rose+Croix, organe trimestriel,
par J. Peladan, 1893

Mais, qui sont vraiment ceux qui, d’une main invisible, dirigent cette affaire ?  Dans leur bienveillance à légitimer le Prieuré de Sion, les auteurs de L’Enigme Sacrée listent 27 grands-maîtres du Prieuré de Sion mais n’en nomment que 26. Il y a là des contradictions majeures. Malgré une base historique concevable, il n’en resta pas moins une farce plantardesque du Prieuré de Sion de 1956 et de Nostradamus, son grand-maître manquant. P. Plantard aura été manipulé, peut-être à son insu[10], pour défendre la cause d’une secte lobbyiste anglo-américaine[11] fascisante et justifier l’antiquité d’un Prieuré de Sion, suivant Alpha Galatès, en remaniant, falsifiant ou fabriquant de manière illicite des documents véritables émanant de sociétés secrètes bien réelles[12]; parchemins et autres.

Beaucoup de sectes et sociétés occultes ont changé de noms et de formes au fil des siècles mais continuent de se ressembler sur le fond. Les liaisons filiales se seraient poursuivies depuis l’Antiquité au travers des guildes de compagnonnage, de l’ordre des Fidèles d’Amour d’Occident, de l’Ordre Rose+Croix, des Jansénistes, des loges maçonniques européennes, de la Société Angélique. La liste n’est pas exhaustive.

La Franc-Maçonnerie organisée naquit en 1717. Mais elle existait déjà depuis des lustres sous diverses formes. La dérive révolutionnaire de la fin du XVIIIe siècle divisa l’obédience en la scindant en deux courants de pensées distinctes, l’un positif et l’autre négatif : respectivement, selon un schéma réservé, les Supérieurs Inconnus et les Illuminati. Ainsi de ce dernier s’éveilla la force la plus obscure; l’ordre des Illuminés de Bavière (Illuminatis Germanae) fondé il y a environ 230 ans (1er mai 1776) par Adam Weisshaupt, à l’origine de la Révolution française. De là naîtra le Club des Cordeliers en 1790, uni au club des Jacobins. La secte bavaroise engendra plus tard le marxisme. Elle essaima non seulement dans toute l’Europe au travers de la Société Fabienne mais aussi aux États-Unis pour donner naissance, vers 1833, à l’ordre noir Skull & Bones[13] et son capitalisme : une fraternité de la mort. Nous voilà dans les pires oppositions... ou inversions. Tout le système était noyauté dès la fin du XIXe siècle.

Les traces de ces deux dernières sociétés secrètes sont visibles à Rennes-le-Château dans l’église et dans son jardin. Dans l’église, vous verrez l’empreinte de S&B au-dessus du bénitier, sous les quatre anges. Cela peut être sujet à d’autres interprétations. Cependant, la signature B S inversée démasque les Skull & Bones. Inversions devenues une habitude dans cette affaire ! Saunière se serait-il aperçu de l’influence néfaste de cette secte dès ses premières découvertes ? Dans ce cas il faut croire que la société secrète, à laquelle il appartenait, Prieuré de Sion où non, était belle et bien pénétrée avant 1900.

 

Le Cercle ou le Prieuré rénové


En 1992, P. Plantard et son fils Thomas éditaient le Cercle[14]. Dans cet ouvrage, compilation de sa revue Vaincre, P. Plantard revenait sur d’anciennes affirmations et les reniait. Les dossiers secrets Lobineau étaient devenus un boulet et son auteur Philippe Toscan du Plantier un drogué.

Dans son livre, Pierre Plantard réaffirmait l’existence du Prieuré de Sion tout en rectifiant son histoire. Exit la liste des mirifiques grand-maîtres jusqu’à Charles de Lorraine ! L'idéal chevaleresque du Prieuré se calquant sur l'Ordre de Sion, nom de l’Ordre des Chevaliers du Saint Sépulcre, de Godefroy de Bouillon en 1099, était conservé. Par contre, son histoire réelle commençait au milieu du XVIIe siècle au sein des grandes familles du Razès et de Sault : Les d’Hautpoul, de Négri, voire de Lévi.

Annonce du décés de l'abbé Boudet
extrait du bulletin édité par
les Missions Catholiques (1915)
attachées aux Missions Etrangères. (*)

Selon cette nouvelle version, semblant étrangement plus cohérente, le Prieuré de Sion émanerait de la Compagnie du Saint-Sacrement, fondée par Vincent de Paul, Henri de Lévi et consort. Or, si nous n’avons aucune preuve de cette légitimité, nous savons par les carnets de correspondances de B. Saunière que celui-ci, comme l'abbé H. Boudet et son frère Edmond, était en relation avec le Séminaire des Missions Etrangères de la rue du Bac à Paris. Séminaire des Missions Etrangères issu de cette même Compagnie du Saint-Sacrement, dont le Hiéron du Val d’Or de Paray-le-Monial partageait l’idéologie, à l’instar des trop fameuses A.A. étant une émulation même de la Compagnie. Nous remontons ainsi le fil de l’Histoire et des filiations crédibles.

Lettre de Ph. de Cherisey, 11 juillet 1985 (*)

Les informations publiées par P. Plantard en 1992 nous apparaissent comme fondamentales pour comprendre la fondation de son ordre secret, quel que soit son véritable nom. Il reste toutefois évasif sur bien des points, comme s’il continuait à masquer une partie de la vérité. Même la farce des parchemins, martelée par Ph. de Chérisey, ne convainc personne et se voit anéantie définitivement. Le marquis va jusqu’à révéler, dans une lettre à son ami, qu’il n’est pas l’auteur de l’ouvrage Circuit[15]. L’auteur en serait P. Plantard. Révélation inouïe car c’est le socle de la farce parcheminée. Incidemment, il confirme qu’il n’est pas plus le créateur des parchemins manuscrits codés extraits du Codex Bezae. Fracassant ! Voyez ce courrier (ci-contre) dans lequel on apprend encore les connivences mercantiles entre P. Plantard et R. Descadeillas. Feu R.R. Dagobert y sera laissé pour un fou, d'après un jugement propre à Ph. de Cherisey.

Par ailleurs, un document déniché récemment et dont l’authenticité est irréfutable nous permet de voir plus clair dans le jeu obscur de P. Plantard. Il s’agit d’un manuscrit irrécusable apportant la preuve de la création d’un Ordre de chevalerie dont nous tairons le nom pour le moment. Les familles d’Hautpoul et de Lévi sont mentionnées dans la liste des membres. Sa date de création coïncide avec l’Ordre nouveau de P. Plantard. Ses buts sont similaires. On y voit même poindre l’esprit de Ligue de 1589. Voilà un recentrage inattendu sur notre bonne ville de Gaillon où le roi des Ligueurs, Charles de Bourbon archevêque de Rouen, fut couronné sous le nom de Charles X et dont le fils naturel Nicolas Poulain fut emprisonné à Gisors. Par la X, voire le chemin de X, tu le vaincras !

Mazarin ne voyait-il pas dans la Compagnie du Saint-Sacrement une résurgence de la Sainte Ligue ? Tout se recoupe cette fois. Nous avions donc de bonnes raisons de croire dès l’année 2005 que le Prieuré de Sion était une invention moderne, ou une couverture[16], à dessein politique pour la secte universitaire de Yale (Connecticut, USA). A l’instar du Prieuré de Sion de 1956, S&B a en effet quelques intérêts dans une quête généalogique mérovingienne afin d’assurer une légitimité, fut elle royale, à l’un de ses plus illustres membres : la famille Bush.

On nous a ri au nez quand nous avons soulevé ce lièvre. Or, depuis la publication de Arcana Codex Livre II, outre le manuscrit annoncé, une multitude d’informations nous est parvenue confirmant la viabilité de notre étude. Il y a encore beaucoup de travail pour démystifier le corpus de l’affaire de Rennes-le-Château, énigme authentique pervertie depuis un demi siècle.

 

Au RDV de l’Apocalypse

 

Martin Van Buren (1782-1862)
Martin Van Buren (1782-1862)

Notre filet de pêche s’est resserré peu à peu autour de la liste des présidents américains. Notamment le huitième qui n'était autre que Martin Van Buren (1782-1862), élu pour un mandat de 1837 à 1841. Ce nom peut laisser de marbre les néophytes. Mais qui connaît Rennes-le-Château doit connaître un acteur, ou plutôt une actrice contemporaine, de cette énigme. Il s'agit d'Elisabeth Van Buren, l'arrière petite fille du président américain. Elle est décédée en septembre 2011.

Avoir un ancien président dans sa généalogie n'est pas une tare en soi. En fait, M. Van Buren n'aurait aucun intérêt si la secte des nécrophiles S&B n'avait, à l'instar du crâne de Géronimo, dérobé celui du huitième président. Pour quel motif ? Nous n’en savons rien. Van Buren n'était même pas un « Bonesmen ». Etait-ce pour le surnom de « Petit Magicien » dont on l’avait affublé ?  

Les secrets de S&B ne sont pas encore tous dévoilés. La seule chose dont nous soyons certain c'est que son crâne fait partie de la « collection » entreposée dans le « Tombeau », Q.G. des forces noires S&B à Yale, au même titre que les crânes de Pancho Villa et Geronimo, la pierre tombale d'Elihu Yale, fondateur de l'université, un squelette qu'on dit être celui de madame de Pompadour et un ensemble d'argenterie ayant appartenu à Hitler[17].

Ensuite  M. Van Buren n'aurait pas attiré notre attention, si son arrière petite fille Elizabeth Van Buren, appelée « la milliardaire » dans la région, n'avait été l'auteur d'un livre des plus curieux « Refuge of the Apocalypse, Doorway into other dimensions » (Refuge de l'Apocalypse, portail vers d'autres dimensions)[18], insinuant le Mont Bugarach dans l’affaire.

Ceci dit, contrairement à la rumeur propagée par des marchands du temple RLCéens crachant dans la soupe, elle n’est en rien responsable du mythe salvateur généré autour du Pech. Bien avant elle, Franck Marie publia « Le surprenant message de Jules Verne »[19] où il est question du lien Bugarach/RLC.

M. Van Buren est le second personnage unissant S&B à Rennes-le-Château. Le premier pourrait être Louis Bertram Lawrense, propriétaire du domaine et du tombeau de Pontils au début du XXe siècle. Son père reste inconnu. Cependant celui-ci pourrait être un certain Thomas Gardner Lawrence affilié à l’ordre noir en 1884. Rien n'est certain sur ce point là.

Serons-nous maintenant surpris de la présence de nombreux services secrets étrangers, sur ce secteur ? Le Mossad, par exemple, a été repéré depuis longtemps. Des « anciens » du MI5 britannique se sont même installés à Rennes-les-Bains. Ils y sont toujours. Quelque compagnie de recherches minières allemande a prospecté dans le secteur dans les années 80. Déjà en 1929, un permis exclusif de recherches de pétrole et de gaz combustibles (voir dans la bibliothèque/archives), portant sur le territoire des communes de Rennes-les-Bains, Sougraigne, Fourtou, Camps, Bugaraçh, Rennes-le-Château et Saint-Just et le Bézu, avait été attribué à un certain Henri-Louis-Adolphe Watrigant. Peut-on encore sous-estimer l'interaction de Skull & Bones, voire des Illuminatis,  dans cette histoire ? S&B qui, rappelons le encore une fois, est à la racine de la  CIA, par ses agents fondateurs. CIA qui a manipulé à son insu Pierre Plantard et le Prieuré de Sion  de 1956.

Nous avons ainsi appris que Jean Cocteau, un des grand-maîtres du Prieuré, fut financé par la branche américaine du Prieuré de Sion. Notons que le siège du Prieuré américain est situé à Langley, base de la non moins célèbre C.I.A : Agence gouvernementale dont G. Bush père fut le directeur. Celui-ci proclama d’ailleurs son Nouvel Ordre Mondial le 17 janvier 1991. Quelle coïncidence !

Pierre Plantard avoue, dans son ouvrage Le Cercle, avoir eu connaissance de ce noyautage. Dans plusieurs lettres il assure à ses membres avoir fait le ménage[20]. C’est d’ailleurs pour contrer cette infiltration venue d’Outre-atlantique qu’il démissionna de sa charge de grand-maître en 1984. Il revint aux affaires du Prieuré de Sion en 1989, deux ans avant l’instauration du Nouvel Ordre Mondial des Bush.

On perçoit les plans et organisations similaires dans le domaine de l’ufologie. Plusieurs années de recherche dans ce domaine nous ont convaincus que l’étude des OVNI avait été falsifiée par des individus obscurs oeuvrant pour le compte de Sociétés Secrètes. C’est ce qui nous fait dire aujourd’hui que le Prieuré de Sion de  1956 est à l’histoire de Rennes-le-Château ce que le MJ12  (ou Majestic 12) est à l’ufologie, c'est-à-dire une fumisterie gouvernementale née des Etats-Unis, et dont l’intention véritable est la déstabilisation des peuples pour mieux les contrôler.

Surtout, ne vous y trompez pas. Notre enquête n’est pas une diatribe anti-américaine primaire franchouillarde. Il convient de faire la part des choses et de dénoncer les coups bas d’une certaine catégorie de gouvernants au pouvoir aux Etats-Unis. A savoir qu’ils ne sont pas les seuls à manœuvrer dans l’ombre de la colline envoûtée. Le Mossad israélien tient sa place parmi les services de renseignements étrangers surveillant discrètement l’évolution de l’affaire Saunière depuis des décennies. Dénoncer ces agissements ou ingérences latentes c’est se prémunir contre toute acte de malveillance. La prudence est de rigueur.

Le Mercure de Gaillon s’est donné pour mission première de démontrer que l’affaire était sérieuse en l’extirpant de toute espèce de canular, puis de déterminer la nature du secret de B. Saunière. Petit à petit, nous y parvenons fort bien. Notre Silence sur certains faits majeurs pourra rebuter quelques lecteurs mais la pérennité d’un site archéologique français est à ce prix. « Le temps viendra !... » pour les découvertes à venir.


A suivre...



Thierry Garnier


Remerciements particuliers à : A-M Lecordier

 

© 1er mai 2006 - M2G éditions. Toute reproduction interdite sans autorisation de l'auteur.
  • Première mise à jour: le 14.08.09
  • Deuxième mise à jour: le 06.02.12



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    [1] Dossiers Lobineau.

    [2] La chronique de Rains, publiée sur le manuscrit de la bibliothèque unique du Roi, Ed. Louis, 1837, p.63 et suivantes.

    [3] Les Templiers sont parmi nous, Gérard de Sède, Ed Julliard – 1962.

    [4] Le Message, l’Énigme sacrée, vol II, Baigent, Leigh, Lincoln, Ed. France Loisirs, 1988, p.190.

    [5] Note d’observation sur les forums de discussions Internet.

    [6] Op. cit. Gérard de Sède, p.198. La vérité historique est ici parfaitement restituée.

    [7] Rennes-le-Château : le dossier, les impostures… G. de Sède, éd. Robert Laffont, p.149.

    [8] Les papes et la papauté d’après la prophétie des papes de saint Malachie, par l’abbé J. Maître, p.357.

    [9] L’énigme sacrée, p.157.

    [10] Dans une lettre en date du 11 juillet 1984 écrite à Cahors dans laquelle il remet sa démission de grand-maître du prieuré de Sion, il dénonce les manœuvres de ses frères anglais et américains.

    [11] Voir : Les liens de sang des Illuminati (Bloodlines of the Illuminati) de Fritz Springmeier. L’auteur donne une origine mérovingienne à de nombreux présidents américains, dont les deux derniers, Clinton et Bush membres de la secte Skull & Bones (les crânes et les os) de l’université Yale. Ces affirmations généalogiques, de plus en plus relayées dans les médias, supposent un droit au trône de France pour des présidents US. En s'appuyant sur le Dossier Lobineau (Lobby now ou no lobby ?!) ils ont simplement utilisé Plantard pour l’annoncer au monde.

    [12] La charte de 1152 attestant la donation par le Roi Louis VII, à  l’ordre de Sion, de l’abbaye de Saint-Samson à Orléans et une charte du Pape Alexandre III confirmant les possessions de l’ordre de Sion en Palestine, Sicile, France, Espagne, Calabre et Lombardie. In, Le message, l’énigme sacrée, vol II, éd Pygmalion, 1987, document hors texte n°31 et 32.

    [13]Leur secte d’origine était la fraternité paramaçonnique Phy Bêta Kappa fondée le 4 décembre 1776 à Williamsburg en Virginie.

    [14] Le Cercle, par P. et Th. Plantard, 1992, cote BnF - EL 4-Z-2517.

    [15] Op. cit. p.61, lettre du 11 juillet 1985.

    [16] Cf. : dossier O.T.S.

    [17] Secret of the Tomb, A. Robbins, éditions Little, Brown & Company, 2002. Article de presse commenté : "George W. Bush, Chevalier d'Eulogie : rare enquête sur Skull & Bones, société secrète de l'Université de Yale…" Article d'Alexandra Robbins, The Atlantic Online, mai 2000. L'original anglais de cet article peut être consulté aux adresses suivantes ;

    http://www.theatlantic.com/issues/2000/05/robbins.htm (1ère  partie)

    http://www.theatlantic.com/issues/2000/05/robbins2.htm (2ème  partie).

    [18] Ed. CW Daniel Co Ltd, 1986. Elle dédia ce livre à Joseph (Giuseppe) Mazziani (1805-1872), membre de la société secrète des Carbonari, branche italienne des Illuminati.

    [19] Ed. Sres, 1981.

    [20] Op. cit. Le Cercle, p.5. Voir aussi notre film, CODEX RHEDAE l’évangile selon B. Saunière (juillet 2009), contenant de nombreux témoignages de première main.