L’abbé Henri Boudet
Les auteurs de Rennes-les-Bains (- part - I)


Part II - Le manuscrit Delmas et ses interprètes
Part III - Pistes et traces écrites

 

Entrée du village de Rennes-les-Bains

Bien des choses ont été racontées dans l’affaire Saunière. L’histoire de Rennes-le-Château a été largement commentée. Ses auteurs les plus anciens y ont pris une place prépondérante.

L’histoire de Rennes-les-Bains a suivi le même parcours. Toutefois, connaît-on vraiment l’étendue des travaux de l’abbé Henri Boudet ou de l’abbé Delmas, deux des principaux érudits locaux avant le Dr Paul Courrent ?

Afin de combler ce vide, nous entamerons cette série d’études par le plus connu, l’abbé Boudet.

Nous vous proposons un inventaire bibliographique, le plus juste possible, de ses travaux, ou de ceux de ses commentateurs, ayant été publiés avant 1956. Nous essayerons également de comprendre les motivations de l’abbé quant à l’élaboration de son ouvrage principal, qualifié parfois d’excentrique.

 

La Vraie langue Celtique

 

Tous les auteurs s’étant penchés sur l’affaire de Rennes s’accordent à le dire, son œuvre majeure, la Vraie Langue Celtique, ou le cromlech de Rennes-les-Bains, est une mine d’or, ou plus exactement une mine d’argent. L’abbé Boudet, adepte de jeux de mots, y excelle dans l’art ou langue punique : la parole est d’argent.

Il a même placé quelques clefs de pagination pour le suivre. A la page 11 par exemple, où il donne à deux reprises le mot clef. Certains chiffres particuliers (et leurs inverses) sont les clefs découvrant des pages où sont écrits les mots situant notre zone de recherche. C’est d’ailleurs à la page 92 (9+2=11) qu’il nous dévoile les clefs de sa langue punique.

Ce genre de détails a échappé à ses critiques contemporains. Les uns n’y voyant qu’une dissertation linguistique sans fondement, les autres un travail d’érudit chercheur.

Ils n’ont pas cherché plus loin ce qui avait poussé cet éminent ecclésiastique à disserter de la sorte. Dans les Mémoires de la Société des Arts et Sciences de Carcassonne[1] on se contentera de lire : « Comme plusieurs de ses confrères M. l'abbé Boudet consacre les quelques loisirs que lui donne son ministère à l'étude de questions scientifiques et littéraires. Ce travail, fruit de patientes et laborieuses recherches, comprend 40 pages; il est confié à M. Fédié qui en fera l'analyse dans une de nos prochaines séances ».

D’autres sont beaucoup plus critiques. Mais aucun ne se posera la question de savoir pourquoi écrire un ouvrage prêtant à la controverse.

 

Bibliographie des travaux

 

Voici un inventaire bibliographique, non exhaustif, des publications concernant l’abbé Boudet et sa Vraie Langue Celtique, ou le cromlech de Rennes-les-Bains. Il sera mis à jour tant que possible.

 

Cote/N° Format Titres Dates Notices Auteurs Dwload
1 n/n La Vraie Langue Celtique, le cromleck de Rennes les Bains 1886 Cliquez pour lire la notice l'Abbé H Boudet n/d
2 Revue Archéologique 1887 Cliquez pour lire la notice M. Croiset
3 Revue Critique d'Histoire et de Littérature 1887 Cliquez pour lire la notice M. Croiset
4 Mémoires de l'Académie des Sciences Inscriptions et Belles Lettres de Toulouse 1887 Cliquez pour lire la notice collectif
5 La semaine religieuse de l'Archidiocèse d'Albi 1887 Cliquez pour lire la notice collectif
6 Bulletin de la Commission Archéologique de Narbonne 1890 Cliquez pour lire la notice collectif
7 Revue Félibréenne 1891 Cliquez pour lire la notice Felix Franck
8 Essai d'une bibliographie de la langue basque 1891 Cliquez pour lire la notice Julien Vinson
9 Revue des Pyrénées 1892 Cliquez pour lire la notice collectif
10 Bulletin de la Société des Etudes Scientifiques de l'Aude 1893 Cliquez pour lire la notice Gaston Jourdanne
11 Bulletin de la Société des Arts et Sciences de Carcassonne 1894 Cliquez pour lire la notice Louis Fédié
12 Bulletin de la Société pour l'Etude des Langues Romanes 1897 Cliquez pour lire la notice collectif
13 Bulletin de la Société de Linguistique de Paris 1897 Cliquez pour lire la notice Louis Duveau
14 Revue Historique, Scientifique et Littéraire du Tarn 1898 Cliquez pour lire la notice collectif
15 n/n Revue Morbihannaise 1902 Cliquez pour lire la notice collectif n/d
16 Bulletin de la Société de Linguistique de Paris 1903 Cliquez pour lire la notice collectif
17 Bulletin de la Société Languedocienne de Géographie 1905 Cliquez pour lire la notice Saint-Quirin
18 Les Annales Fléchoises et la Vallée de la Loire 1905 Cliquez pour lire la notice collectif
19 Annales de l'Académie de Mâcon 1906 Cliquez pour lire la notice collectif
20 n/n Une famille française au XIXe siècle 1920 Cliquez pour lire la notice Joseph Ageorges n/d
21 Bulletin de la Société des Etudes Scientifiques de l'Aude 1928 Cliquez pour lire la notice Germain Sicard
22 Corpus du folklore préhistorique en France et dans les colonies françaises 1936 Cliquez pour lire la notice Pierre Saint-Yves
23 La Chronique des arts et de la curiosité 1887 Cliquez pour lire la notice collectif
24 n/n Revue Félibréenne 1896 Cliquez pour lire la notice collectif n/d
25 n/n Histoire du pèlerinage de Notre-Dame de Marceille 1891 Cliquez pour lire la notice J.-Th. Lasserre n/d
26 n/n Bulletin Mensuel des Récentes Publications Francaises 1892 Cliquez pour lire la notice BnF n/d
27 n/n Bulletin de la Société archéologique du Finistère 1979 Cliquez pour lire la notice Collectif n/d
28 Revue des études historiques 1904 Cliquez pour lire la notice collectif
29 Bulletin de la Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude 1906 Cliquez pour lire la notice collectif
30 Bulletin de la Société des Arts et Sciences de Carcassonne 1899 Cliquez pour lire la notice collectif
31 Notice historique sur les Bains de Rennes 1934 Cliquez pour lire la notice P. Courrent
32 Revue des universités du Midi 1897 Cliquez pour lire la notice collectif
33 n/n Bulletin de la commission archéologique de Narbonne 1914 Cliquez pour lire la notice collectif n/d

Anciennes et nouvelles remarques

 

On connaît au moins un autre écrit de l’abbé Boudet, il s’agit « du Nom de Narbonne » qui fut également falsifié en son temps, « pour servir à l’histoire frelatée de B. Saunière ». L’œuvre est néanmoins authentique à la différence de « Lazare Veni Foras » qui est un faux complet. Car si ce livre existe bien, Henri Boudet n’en est pas l’auteur.

Bulletin de la Société de Linguistique de Paris

« Du Nom de Narbonne » fut exposé dans une communication à la Société de Linguistique de Paris, dont il était toujours membre en 1903. Outre ce dernier cercle d’érudits, l’abbé Boudet fit partie de quelques sociétés littéraires de renom telle que la Société des Arts et Sciences de Carcassonne dès 1888. Par ailleurs on apprend dans son bulletin que la Société académique de Cherbourg, la Société française d'archéologie de Caen, la Société des sciences et arts agricoles et horticoles du Havre et la Société des Amis des arts du département de l'Eure d'Evreux figuraient dans la liste de ses correspondants.

La Vraie Langue Celtique fut largement commentée, peu ou prou, dans les bulletins de ces sociétés savantes parmi lesquelles nous retrouvons : le bulletin de la Société des études Scientifiques de l’Aude, la Revue Archéologique, la Revue critique d'histoire et de littérature, les Mémoires de l'Académie des Sciences Inscriptions et Belles Lettres de Toulouse, le bulletin de la Commission Archéologique de Narbonne, la Revue félibréenne, la Revue des Pyrénées, le bulletin de la Société des Arts et Sciences de Carcassonne, le bulletin de la Société pour l'Etude des Langues Romanes, le bulletin de la Société de Linguistique de Paris, la Revue historique scientifique et littéraire du Tarn, la Revue Morbihannaise, la bulletin de la Société Languedocienne de Géographie, les Annales Fléchoises et la vallée de la Loire, les Annales de l'Académie de Mâcon. Vous en retrouverez les meilleurs extraits dans l’espace de téléchargement (gratuit mais restreint).

Malgré les mauvaises critiques et l’adversité, l’abbé Boudet distribua autour de lui un bon nombre d’exemplaires en France et à l’étranger. On nous raconte, sans en avoir la certitude, que la reine Victoria ou le président américain de l'époque (Grover Cleveland ou un de ses successeurs) en eurent un en main. Les universités d’Oxford et de Cambridge en sont d’autres exemples. Toutefois, ici, des documents et autres lettres le prouvent[2]. N. A. Smith bibliothécaire de Cambridge, que nous avions contacté le 28 novembre 2006, nous a confirmé : « Je peux certifier que le registre de donation pour 31 Décembre 1886 (classmark : UA ULIB donation register 1884-7) enregistre la présentation par Henri Boudet du livre que vous mentionnez [...].»[3]

 

Une clef pour l’Arche d’Alliance

 

L’université de Cambridge est des plus intéressantes car elle détient depuis l’an 1581 la copie originale et unique du manuscrit de Bèze, version gréco-latine du Nouveau Testament datant du Ve siècle génériquement appelé Codex Bezae. Or, ce manuscrit est la matrice des parchemins cryptés de Béranger Saunière où la main de l’abbé Boudet n’est pas étrangère, et pour cause.

La Vraie Langue Celtique, dont les clefs allégoriques (11) nous sont maintenant connues, révèlent à la page 75 (7+5=12) une phase essentielle au plan des deux curés. La clef 11 ouvre sur le 12, nombre parfait. A cette page 75 nous lisons donc : « Au sommet du Sinaï où Dieu l'avait appelé, Moïse reçut l'ordre de construire le tabernacle et l'arche d'alliance, et le Seigneur désigna nommément à son serviteur les deux hommes qu'il avait remplis d'intelligence, de sagesse et de science pour inventer tout ce que l'art peut faire avec l'or, l'argent et l'airain. L'interprétation de Bézeléel – bezel (bèzel), chaton d'une bague, – to lay (lé), mettre, projeter, – to ell, mesurer, – et celle de Ooliab, – wool (ououl) laine, – to eye (aï) avoir l'oeil sur, – abb, trame de laine, – nous apprennent que Bèzeléel dut faire en or battu les deux chérubins – share (shére) partage – up (eup) en haut - placés de chaque côté du propitiatoire, tandis que Ooliab fut chargé d'exécuter les riches broderies des rideaux du tabernacle et les vêtements destinés au ministère du Grand Prêtre. »[4]

Rappelons à cet égard que chez les celtes, Aedon (Adonaï chez les hébreux) était le nom d’un prêtre de HU, seigneur de la terre et des mers, sous la domination duquel vivaient les ancêtres des gaëls, galates ou keltes en grec, lorsqu’ils habitaient le nord de la Chaldée. Ce druide pontife avait la garde d’une arche sainte qui arriva chez les égyptiens avant d’être placée entre les mains du peuple juif, descendant des celtes bodohnes (ou nomades) Chaldéen, des sémites autrement appelée Hébreux[5]. Aedon est, à l’instar d’Adonaï, un des nombreux noms du Démiurge[6] de la Bible.

L’allusion au manuscrit de Bèze par le curé de Rennes-les-Bains signifie clairement qu’il en connaissait la portée dès 1886 et c’est ce que reconnaîtra également en 1959 Robert Ambelain dans son ouvrage, la Notion Gnostique du Démiurge[7].

L’œuvre de l’abbé Boudet est donc, par la suite du jeu de mots Bézeléel/Bezel, attachée au Codex Bezae dont la pagination antique est le socle d’un cryptage linguistique archétypal. Il en est une clef nous indiquant explicitement une Porte où se dissimule l’Arche d’Alliance... un Chemin Doré vers la quête du Graal ! Mais qu’est-ce que le Graal finalement ? Car nous ne pouvons dissocier les symboles de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance, héritage des croyances druidiques, adapté à la société de leur époque.

 

Thierry Garnier


© 24.02.09 - M2G éditions. Toute reproduction interdite sans autorisation de l'auteur.

Remerciements particuliers à : A-M Lecordier

 



[1] Bulletin de l’année 1894, p41-42.

[3] Courriers électroniques des 28 et 29 novembre 2006.

[4] Bible, Exode c. XXXI. On remarquera que 31 lignes sur 33 du folio 186 du Codex Bezae, base du petit parchemin, suffisent pour décrypter le message relatif à l’Arche d’Alliance.

[5] Histoire philosophique du genre humain T1, par A. Fabre d’Olivet, lib. J.-L.-J. Brières, 1824

[6] Cf. Le Mercure de Gaillon N°4, le Bréviaire de l’abbé B. Saunière, octobre/novembre/décembre 2008, M2G Editions.

[7] La Notion Gnostique du Démiurge, par R. Ambelain, éd. Adyar, 1959. Cf. Mercure de Gaillon N°4.