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Mémoires des deux cités - T2,
Gaillon mystique

Ou le fabuleux carnet de voyage hermétique d'Arsène Lupin, de Gaillon à Rennes-le-Château.



CH.I

Gaillon, sur les traces des Supérieurs Inconnus

 

C’est la muse harmonieuse, fille du grand Zeus,

Et Mère de tous les dieux, de tous les hommes.

Elle aime le son des crotales et des tam-

Bourins, ainsi que le frémissement des flûtes;

Elle aime aussi le cri des loups  et des lions au poil fauve,

Les montagnes sonores

Et les vallons boisés…

 

(Hymne homérique à…)

Les voix(es) de la raison

 

Chant d'une Terre lointaine

 

La difficulté de retracer l’Histoire d’un village ou d’une région n’est qu’une péripétie face à la démystification et l’analyse rationnelle  de son Histoire secrète. Une histoire passée s’écrivant aussi au présent et au futur; Solis sacerdotibus[1] !

Histoire surgit d'un ruisseau, d'un nom d'une origine celtique abandonnée, d'une rivière du Nord plus volubile qu'un hibou perché sur un arbre. Nous entendons ici prévenir tout esprit obtus, cartésien et rationaliste de ne pas aller plus loin dans cette lecture. Bien que notre enquête soit étayée sur des évènements historiques vérifiables, notre raisonnement, construit d’après des sciences qu’il n’admet pas, ne pourra que lui être fatal.

Chaque ville et village de France détient sa part de mystère. Vous venez de quitter Gaillon « l’historique » pour entrer dans Gaillon « la mystique ». Vous allez passer de l’autre côté du miroir pour voyager en terre Inconnue, dans un monde qu’une caste oligarchique estime Supérieur. 

Contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, la Connaissance n’est pas le domaine réservé d’une élite. Tout ce qui est mystique aboutit au secret. Un secret mal entretenu conduit à l’élitisme. Tout ce qui est élitiste devient un jour ou l’autre funeste si l’on n’y prend garde.

Dans les couloirs obscurs de l’Histoire de France et du  Monde, des hommes de peu de foi ont tenté à maintes reprises d’en détruire des pans entiers à des fins personnelles ou politiques. La raison d’Etat a bon dos quand il s’agit de maquiller la vérité aux yeux  du bon peuple. Honoré de Balzac écrivait dans Les illusions perdues : « Il y a deux histoires : l'Histoire officielle, mensongère, qui nous est enseignée, l'Histoire ad usum delphini, et l'Histoire secrète, où se trouvent les vraies causes des événements, une Histoire honteuse ».

Gaillon a été, comme nous l’avons vu dans le précédent volume, une de ces villes qui a subi les outrages de la dévastation. Mais pourquoi? La folie Révolutionnaire n’en est pas la seule cause; 50 ans avant les années terribles, Gaillon était laissé à l’abandon. L’Empire ne fit qu’enfoncer le couteau dans la plaie béante. Tout semble avoir été fait pour effacer Gaillon de la mémoire, pour l’effacer de l’Histoire. Mais rien ne disparaît sans laisser de trace, chacun le sait maintenant.

Ceci étant, les litanies de l’Histoire officielle laisse la place aux chants d’une Histoire parallèle révélée. Vous allez sillonner un labyrinthe hermétique comme vous avez traversé les corridors, les pièces et les jardins du château précédemment, pour enfin redécouvrir la mémoire des Supérieurs Inconnus, dont nous avons décelé l’empreinte à Gaillon.

 

Quand Isis met les voiles

 

Les méandres du mystérieux sont parfois impénétrables et souvent inattendus. L’attention du public s’est focalisée depuis une quarantaine d’années autour de villages comme Gisors, Stenay, Rennes-le-Château, attisée par une littérature féconde, sans avoir la moindre idée de ce qui pouvait se tramer ailleurs.

Le fait de greffer une énigme supplémentaire sur ce buisson ardent ne fait qu’accroître la confusion, c’est un fait. L’ensemble du problème nous apparaît déjà à tous comme une tour de Babel plus vraie que nature.

Nous ne rappellerons pas ici les aventures, bonnes ou mauvaises, de Roger Lhomoy gardien du château de Gisors, l’abbé Bérenger Saunière curé de Rennes-le Château. Nous ne conterons pas non plus l’histoire de tous ces lieux énigmatiques qui drainent de long, en large, en travers et de bas en haut, ces récits et ce qui en découle. Cela ne servirait qu’à noircir des pages inutilement. Le lecteur pourra à son gré consulter la bibliographie foisonnante sur ces sujets passionnants et se faire une idée précise de l’Affaire; une Histoire Secrète, dont la CLEF ouvre la porte sur un Thrésor Occulté depuis des milliers d’années.

Sans se perdre en conjectures et faire du prosélytisme, mais en apportant un faisceau d’idées nouvelles appuyées sur des DOCUMENTS et des FAITS historiquement vérifiables, nous avons préféré suivre une nouvelle piste, hors des sentiers battus. Cela nous attirera sans aucun doute les critiques et dans une moindre mesure les foudres des exégètes ou des initiés; de ceux qui savent.
Nous tenons d’ailleurs à les « rassurer » tout de suite: nous avons suivi une piste qui est encore fraîche et embrouillée actuellement, car elle n’amène en rien la résolution de l’énigme. Nous apportons des pièces inédites à verser au dossier qui illumineront le chercheur en quête de Vérité.

Nous sommes arrivés à Rennes par des voies détournées. Mais tout profane que nous sommes, nous n’avons pas suivi les chemins du hasard pour vous soumettre ces quelques découvertes substantielles faites non seulement à Gaillon et dans ses environs mais aussi à Rennes-le-Château et toute sa région.

Au cours d’un premier voyage dans ce petit village de l’Aude en juin 1999, une bonne fortune nous fit acquérir un livre. Nous devons bien l’avouer ; si nous n’avions effectué ce déplacement, nous n’aurions sans doute jamais pris autant d’intérêt et de plaisir à investiguer sur la place de Gaillon. De ce fait, aujourd’hui nous pouvons dire un grand merci à son auteur, Patrick Ferté, qui nous aura « Aiguillé », par la lecture de cet ouvrage, « Arsène Lupin, Supérieur Inconnu ; la clé de l’œuvre codée de Maurice Leblanc[2] », vers le Chemin Doré.

Fils d’un négociant armateur normand[3], Maurice Leblanc  né à Rouen le 10 novembre 1864. Il publie, en 1905, les premiers épisodes des aventures d’Arsène Lupin dans le journal l’Auto : périodique qui, rappelons le, sponsorisait la célèbre course de côte gaillonnaise[4], toute première course automobile organisée dans le monde à la fin du XIXème siècle.  

Les péripéties de ce cambrioleur raffiné passionnent aussitôt les foules. D’un air amusé, la critique a dit de lui qu’il était le clone de Rocambole, le petit-fils, à la onzième génération, de Robin des Bois ou l’oncle de Fantômas.
Cent ans après après la publication de ses premières aventures, Arsène n’a pas pris une ride et révèle le fruit de ses véritables aspirations; l’homme aux cent visages commandant aux foules et aux éléments.

Course de côte de Gaillon vers 1900

Pourchassant Arsène Lupin à chaque page de son oeuvre, P. Ferté nous entraîne dans les catacombes de l’Histoire de France. Il crochète à loisir les serrures des portes d’une crypte alchimique souterraine et dissèque une prodigalité de coïncidences dans un sens analytique hors du commun. Les mystères de Rennes-le-Château, de Gaillon, de Gisors ou de Stenay se confondent ainsi avec l'histoire secrète de notre pays et permettent d'en comprendre la véritable dimension ésotérique.

Il ne faudrait pas croire que M. Leblanc s’est contenté de parsemer ses écrits de quelques mots ou noms de familles pêchés ici ou là par hasard afin d’assurer la concordance de faits historiques. La série des A. Lupin constitue, certes, la majeure partie de l’énigme, mais elle a injustement fait oublier la richesse et la diversité d’un ensemble romanesque audacieux dans lequel transpire une mâne symbolique incontestable.

D’emblée, de nouvelles probabilités se sont offertes à nous dès que P. Ferté eut réussi dans son « Arsène Lupin, Supérieur Inconnu… » à démontrer des ramifications mystiques et occultes dans la Chartreuse de Bourbon-lèz-Gaillon en passant au crible les romans de Maurice Leblanc; entre autre L’aiguille creuse, Dorothée danseuse de corde, Le triangle d'or ou La demeure mystérieuse. L’enrichissement soudain d’un modeste curé de campagne Audois en 1891, l’affaire B. Saunière pouvait-elle étendre ses bases jusque dans notre contrée normande?

C’est à partir de ce moment-là que la vraie question se posa: « Mais que venait donc faire Gaillon dans cette galère? », quand il titrait dans son livre « de Gaillon à Rennes » ou « Gaillon, clé secrète du triangle d’or »[5]; la CLEF d’un coffre, enveloppée dans un voile de mystère, jetée dans un puits situé au fond d’un parc.

 

La Chartreuse de Bourbon-lèz-Gaillon vers 1657

Le pays des Mères

 

Allant de surprises impromptues en coups de théâtre stupéfiants, après une longue enquête sur le terrain, nous pouvons prétendre aujourd’hui, sans nous tromper, avoir trouvé cette CLEF qui n’est qu’une infime, mais ostentatoire et primordiale, pièce de ce rébus ésotérique dissimulé au cœur du PAYS de MADRIE; une région surnommée par les anciens, bien avant les invasions Vikings,  la nouvelle Thébaïde[6].

Malgré le peu de sources documentées sur l’origine exacte de  l’étymologie du pays de Madrie, il nous est permis, d’une part, de supposer la tendance maternelle du mot - Madrie, Madre, Mère -. D’autre part, nous pouvons mettre en évidence une influence « géo-zoologique » en déclinant la forme primaire du mot « madrépore », micro-organismes vivant de la famille des anthozoaires, tels que les coraux. Ces coraux sont les éléments majeurs de communautés dans lesquelles sont enchevêtrés les madréporaires, dont les polypiers constituent l’armature du récif, des algues calcaires, des alcyonaires, des polychètes et des bryozoaires, et où circulent des mollusques, des crustacés, des échinodermes (étoiles de mer, oursins). Le calcaire, sédiment marin fossilisé, recouvert d’argile à silex et de limon, est le matériau essentiel composant le sol de notre région, coupé en biseau par une surface récente et gauchie du secondaire au tertiaire. Une rupture majeure accidente la vallée de la Seine. Une dépression structurale compliquée de failles géologiques court sur environ 200km de Pavilly (76) à Septeuil (78), traversant bien entendu le pays de Madry (ou Madrie).

Carte du Comté de Madry - 1646

Les chartes anciennes donnent aussi le nom de Maderi, ce qui correspondrait alors à une déclinaison latine signifiant être mouillé. Quoi qu’il en soit, de la Mère ou de la Mer ce pays retrouve son identité ; les coquillages sont symboliquement liés au concept de fécondité.  L’eau de mer est mère de la vie, l’archétype matriarcale ; la Matrice... Tout est là ! Pour se convaincre de cette étymologie, il suffira de consulter la carte topographique du Comté de Madry[7] datant de 1646 mettant en évidence cet aspect dans un dessin allégorique d’une déesse Mère[8]. Hélas ! Nul ne peut vous apprendre ce qu'est la Matrice ; chacun doit l'appréhender seul.

Madrie-Madrid, une bien étrange correspondance entre le pays Normand et la capitale Espagnol, étape fréquente d’Arsène Lupin dans l’Aiguille Creuse, La dent du tigre ou la Comtesse de Cagliostro.

 

La grande combinaison de Lupin

 

Rien ne laisserait supposer l’union crypto-historique entre ces endroits mystiques de Rennes-le-Château et Gaillon. Nous pressentons déjà certains chercheurs s’arrachant les cheveux en criant au délire, au mythomane, à l’imposture! A ceux-là, nous aimerions leur dire ou leur répéter que nous n’avons rien négligé dans cette étude. A l’inverse, le lecteur averti qui aura parcouru nos précédents ouvrages[9] et qui aura pu les interpréter détiendra les clefs d’une Connaissance inédite. Celui qui veut savoir devra apprendre à voir et à écouter : « Que celui qui a des yeux voit, qui a des oreilles entende[10] ».

L’utilisation de la Kabbale[11] phonétique, du jeu de mot pour parler simplement, est une méthode de codage qui n’est plus à démontrer. De tout temps l’usage de la parabole fut courant. Le Christ ne rechignait pas à s’en servir comme outil pédagogique. St Luc nous rappelle dans son évangile la raison de cet emploi : pour que « les autres gens puissent regarder mais sans voir et qu’ils puissent entendre mais sans comprendre »[12]. C’est avouer implicitement que seul l’initié peut atteindre le sens caché des textes sibyllins.

Rennes-le-Château, Gisors, Gaillon; un labyrinthe d’affaires gigognes dont on ne ressort jamais si on ose s’y aventurer; un véritable puzzle en vérité qui nous transporte aux frontières de la folie, au-delà du réel.  A l’issu de se voyage, s’il vous reste quelques neurones d’intacts, vous pourrez enfin découvrir LA CLEF des quatre grandes énigmes gravées sur LE MIROIR du temps de Joseph Balsamo par M. Leblanc dans la Comtesse de Cagliostro :

-         In Robore Fortuna

-         La dalle des rois de Bohème

-         La fortune des rois des rois de France

-         Le chandelier à sept branches.

Non, ce ne sont pas des fantasmes et nous en fournirons la preuve, faudrait-il même user d’une solution draconienne au vitriol pour cela. Les anciens alchimistes, entre autres, faisaient de cette Kabbale un instrument à l’épreuve du temps et des hommes pour dissimuler leurs grandes Connaissances jugées hérétiques par le Clergé Romain.

Cette Connaissance initiatique se transmet encore par les symboles, les idéogrammes, les signes et les sons qui atteignent directement l’esprit. Elle sollicite l’ouverture de la conscience par les rapprochements entre des informations d’origines différentes. Elle ne rejette aucune source, bien au contraire, elle cherche dans des textes occultés ou maudits, de nouvelles clés pour atteindre ses objectifs. Elle considère les mythes, non comme des récits imaginaires, mais comme des relations historiques imagées, témoins d’une très ancienne réalité[13].

L’origine de cette méthode d’expression proviendrait de l’ancienne écriture égyptienne, les hiéroglyphes. Ce mot vient du grec hiéro qui signifie sacrée et glyphe pour écriture. Cette écriture est composée d’idéogrammes et de phonogrammes. Les premiers sont des signes graphiques représentant la forme de la chose et non le son[14]. Par exemple, pour écrire « main », on dessine une main, et pour écrire « manger », on dessine un homme qui met la main à sa bouche. Les phonogrammes expriment des mots abstraits. On utilise ces hiéroglyphes pour transcrire un son qui représente le mot ou une partie du mot. Autre exemple, pour écrire « chagrin », on dessine un chat et un grain, traduit naturellement en langue copte.

Des auteurs célèbres tels que Jules Verne, Victor Hugo ou bien encore Gaston Leroux, Gustave Flaubert ont introduit dans leur roman des clefs du même style ouvrant les portes des connaissances anciennes à qui sait les manipuler.

Debris de maçonnerie TRES symbolique provenant du château de Gaillon

Fulcanelli[15], Grasset d’Orcet[16] n’ont pas fait autrement et l’expliquent parfaitement dans leurs ouvrages. Fulcanelli se plaisait à identifier ce langage comme Art Goth ou Art Gothique, argot / argotique: « Tous les Initiés s’exprimaient en argot, aussi bien les truands de la Cour des miracles, tel le poète Villon à leur tête, que les frimasons ou francs-maçons du Moyen-Âge, Logeurs du bon Dieu, qui édifièrent les chefs-d’oeuvre argotiques que nous admirons aujourd’hui »[17]. Les affirmations de ce mystérieux personnage sont intéressantes. Il a voulu montrer d’abord que les chef-d’œuvres de l’art gothique doivent être interprétés essentiellement comme l’expression d’une pensée alchimique, et que des adeptes supervisèrent directement ces travaux. S’il semble difficile d’admettre toutes les propositions de l’auteur, celui-ci a eu au moins le mérite d’attirer l’attention de nos contemporains sur un aspect trop négligé de l’art médiéval[18].

A l’instar des précédents, Maurice Leblanc fut un écrivain qui côtoyait fréquemment les cercles ésotériques parisiens, clubs plus ou moins occultes férus d’Hermétisme[19]. Sa sœur Georgette était une amie personnelle d’Emma Calvet, cantatrice célèbre de la Belle Epoque et Initiée elle-même, connaissant « très bien » dit-on Bérenger Saunière. Ainsi M. Leblanc était à même de posséder une certaine Connaissance.

 

Nord contre Sud

 

"Tout ce qui est en Haut est comme tout ce qui est en Bas, et tout ce qui est en Bas est comme tout ce qui est en Haut". L’initié ne doit jamais oublier la rhétorique d’Hermès Trismégiste[20] car le mage est de nouveau parmi nous.

Puisque l'on nous encourage à le faire tout au long de cette histoire, puisqu’il existe des interconnections entre Normandie et Languedoc qu’il faut mettre en évidence avant tout, une première expérience simple aidera le lecteur à comprendre les astuces de ce qu’on appelle communément Kabbale phonétique, langue des oiseaux,  gay sçavoir  ou gaie science.

Pour commencer cet essai amenant le lecteur à une meilleure compréhension de la méthode, nous prendrons les villes de Gisors et Gaillon.  Ces deux villes sont au Nord (en haut) de la France dans le département de l’Eure (soit l’heure) par rapport à Rennes-le-Château se situant au Sud, soit le Midi (en bas). En reproduisant le cadran d’une horloge sur une carte de France, sachant que la Tour Magdala de la villa Bétahnie bâtie par B. Saunière, se nomme aussi la tour de l’horloge[21], la petite aiguille se retrouvera approximativement sur Gisors à midi puisqu’on inverse la situation ; tout ce qui est en haut est comme tout ce qui est en bas.

Tour Magdala ou tour de l'Horloge

Ajoutons qu’en jouant avec les mots nous pouvons encore aller plus loin. Si la tour Magdala  supportant 12 créneaux est bien la tour de l’horloge, nous pouvons dire « l’or loge (ici ou ailleurs) ». Ainsi qu’une horloge donne l’heure, à Gisors (27 - Eure), nous pourrons affirmer « (ci)-gît l’or » ou encore à Gaillon (27 - Eure) : une de ses origines latines Gallione Castrum nous donnera par extension phonétique le « galion », nef transportant l’or par excellence. Y aurait-il une argumentation analogue à toutes ces supputations dans le roman Nord contre Sud[22] de Jules Verne?

Les voiles de la barque d’Isis viennent d’être lancées en pleine mer, dans un calme blanc majestueux. Cette explication de texte, aussi médiocre soit-elle, va nous amener dans les arcanes Gaillonnaises inexplorées, insoupçonnées. L’œuvre de Maurice Leblanc, amateur de rébus, charades et anagrammes, sera en partie notre guide. Nous essaierons de compléter au mieux les travaux de P. Ferté, tout du moins en ce qui concerne Gaillon et Gisors.

L’abbé Henri Boudet, l’éminence grise, le mentor de B. Saunière a lui-même pratiqué les astuces du jeu de mot, « de l’art punique », dans son ouvrage La vraie langue celtique. Tous les exégètes de l’énigme de Rennes-le-Château connaissent ce document magistral pour être un ouvrage à double sens. La vraie langue celtique serait selon H. Boudet de l’anglais ancien. Des textes antiques notent diverses étymologies[23] de la rivière qui donna son nom au département de l’Eure; Odura, Audura, Abdura, Antura, Euria, Eurota, et enfin Ure, phonétiquement « Our ». Si l’on suit l’idée de l’abbé Boudet, Ure pourrait avoir l’origine suivant – Our, Hour ; en français Heure. Nous ne sommes donc pas étonné en lisant les références à notre département de l’Eure et au Midi[24].

On se délectera aussi en lisant les précisions concomitantes entre les amas de coquilles, les Kjoekken-Moeddings, ou coquilliers du Danemark et la formation géologique du pays de Madrie (Madréporaire - polypiers), pays conquis au Xème siècle par les Vikings venus du Danemark.

Suivant la règle d’Henri Boudet, nous avons pris en compte la toponymie des lieux, ainsi que leur locution latine. En bref toutes les astuces du langage nous aiderons à délier les cordons du mystère.

 

Maurice, Jules et Cie 

 

Jules Verne assurait lui-même; « Cherches et trouves! ». Cependant, avis au chercheur éclairé, non pas illuminé, qu’il prenne cet avertissement en considération: en s’engageant sur la seule voie du trésor matériel il risquera d’être déçu, de se heurter à un mur et n’avancera pas dans sa quête. La méthode et l’entente, la sagesse continue empêcheront bien des déboires. Mais sois désintéressé absolument car la première et indispensable condition pour fabriquer le Grand-Œuvre consiste à négliger la richesse ; l’Or[25].

"Tout ce qui brille n’est pas d'or". L'éclat de l'or rend aveugle et corrompt l’esprit. Il faut cependant évoluer vers la lumière de la Vérité. Même s’il est possible que des espèces sonnantes et trébuchantes soient cachées dans un endroit secret, ce n’est pas la seule énigme à résoudre. Cette quête matériel terrestre s’impose à nous pour atteindre les fondements spirituels de l’univers.

Tout au long des millénaires jusqu’à aujourd’hui, des hommes ont su transmettre un savoir en le dissimulant au fil de leurs écrits, leurs peintures et autres oeuvres musicales. Cette sagesse ancestrale fait partie d’une histoire, une histoire inintelligible la plus Secrète, l’Histoire des Mondes perdus, des civilisations disparues ou celle de l’origine de l’humanité, de la vie et de la mort, plongeant ses racines aux confins de la nuit des temps.

A travers la symbolique alchimique, et ces astuces allégoriques hétérogènes, langue des oiseaux ou Kabbale phonétique, nous pouvons désormais nous plonger dans ces arcanes que la majeure partie des peuples continue d’ignorer. Ce dialecte, maître de tous les autres, était le langage des philosophes et des diplomates. Dans la mythologie, il nous est rappelé que cette langue de cour[26]  fut enseignée par la déesse Athéna au devin Tiresias.

Gaillon est un de ces logis alchimiques restés dans l’ombre de sociétés secrètes, des Supérieurs Inconnus. Seuls les initiés s’y intéresseront ; solis sacerdotibus.



Monument dédié à Nicolas Poussin, à Villers près des Andelys
Monument dédié à Nicolas Poussin à Villers près des Andelys


La Comtesse de Cagliostro, les trois yeux et d’autres romans de Maurice Leblanc ; Vingt mille lieux sous les mers, Voyage au centre de la Terre de Jules Verne; les centuries de Michel de Notre Dame ; les peintures de NICOLAS POUSSIN né à quelques lieues de Gaillon, de David Teniers et d’Emile Signol ; les pièces musicales de Claude Debussy, autant d’artistes et d’écrivains ayant codé leurs œuvres de manière inattendue.

Pour en connaître la trame faut-il encore se sentir concerné. Notre sagacité est mise à rude épreuve dans chaque tableau où chaque élément est à sa place, dans chaque phrase où chaque mot compte… « Mot compte double! » dirait-on au Scrabble.

 

Ouverture en clef de sol… majeure !

 

Depuis notre retour du pays d’Oc en cet été 1999, nous tentions inexorablement de rattacher les indices, la rapsodie de coïncidences exhumées par P. Ferté.

Par un beau dimanche ensoleillé, au gré d’une promenade au château de Gaillon, rien ne pouvait présager de ce que nous allions découvrir. Un fabuleux concours de circonstances allait amorcer, pour nous, la plus inconcevable quête. Un commencement de piste se présentait.

Le château était ouvert au public. Une exposition permanente située dans les étages du pavillon d’entrée donnait un aperçu des dispositions primitives du palais Renaissance. Au premier étage, une série de clichés photographiques montraient l’état du château actuel et les restaurations en cours. Plus loin, des plans et des gravures d’époques dessinées par l’architecte Androuet du Cerceau (1572), tapissaient les murailles de pierres.

C’est là, dans le fond de cette pièce que nous trouvions cette gravure représentant un parc, un pavillon et des pièces d’eau bâties en 1503 par les architectes de Georges d’Amboise, archevêque de ROUEN, ex-archevêque de NARBONNE. Les créateurs des jardins du château avaient attribué le nom du LYDIEU[27] à cet endroit idyllique dans lequel avait été construite une Maison Blanche. Ce nom se réfère à un thème abordé dans la seconde églogue des Théâtres de Gaillon à la Reine, de Nicolas Filleul[28], où deux BERGERS d’ARCADIE, Damis et Mospe, échangent leurs états d’âmes sur la piété et la justice qu’incarnaient, vêtus de blanc, Paris et Apollon. Les effigies des bergers sur leur piédestal étaient représentées  une clef en main[29].

Les particularités ARCADIENNES de ce parc allaient nous plonger dans un abîme de trouvailles époustouflantes faisant de nous une machine à explorer le temps et de cette CLEF, car la forme générale de ce parc était belle et bien une CLEF avec sa SERRURE formée par un bassin d’agrément où nageaient des cygnes (comprendre: des signes), l’objet de toutes nos attentions.

Il y avait bien là des signes de pistes. Il ne tenait qu’à nous de poursuivre nos investigations selon la méthode d’Isidore Beautrelet, étudiant âgé de 17 ans dans l’Aiguille creuse, en fouillant dans les chroniques locales, les recueils, interrogeant les érudits locaux, les amateurs de vieilles légendes et enfin en dénichant la première publication concernant Gaillon : « Compte de dépenses du Château de Gaillon… » d’Achille Deville, un diable d’homme[30], membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Mais l’arrivée de Beautrelet à Gaillon nous réservera bien d’autres surprises.

La découverte de cette CLEF, fichée en terre gaillonnaise et constituant déjà un formidable évènement, allait nous ouvrir plus que la Mer. Elle allait débrider les scellés d’une porte… que dis-je! De LA PORTE ! La porte de la Demeure Mystérieuse[31] du  pays des Mères. Outre le titre d’une des aventures de Maurice Leblanc, la DEMEURE MYSTERIEUSE était sans conteste le Palais épiscopal des archevêques de Rouen, le susnommé Château de Gaillon renfermant le secret des quatre grandes énigmes élucidées dans Dorothée danseuse de Cordes (In robore fortuna), l’île aux trente cercueils (la dalle des rois de Bohème), l’Aguille creuse (la fortune des rois de France) et la Comtesse de Cagliostro (le chandelier à sept branche). Quelles épaves de Galion allions nous renflouer de cet abîme dont la profondeur insondable nous laissait quand même entrevoir le fabuleux trésor de Bérenger Saunière?
Au cours de notre enquête, nous avons découvert 13 preuves monumentales attestant de la véracité, chacune à des degrés divers, des attaches historiques et mystiques de nos deux Cités. Nous en révélerons 11, à commencer par la clef du Lydieu, et les expliquerons dans le présent ouvrage.

 

 

 

Extrait de « Mémoires des deux cités T. II, Gaillon Mystique : Ou le carnet de voyage hermétique d’Arsène Lupin de Gaillon à Rennes-le-Château. ».

© Thierry Garnier 2004/2005 – M2G éditions. Tous droits réservés, reproduction interdite.






[1] Seulement pour les initiés ! Il ne s’agit pas d’enfermer qui que ce soit dans un carcan élitiste. Cet ouvrage est destiné non seulement à ceux qui connaissent mais aussi à ceux qui souhaitent comprendre les chemins de la Connaissance.

[2] Arsène Lupin, supérieur inconnu, Patrick Ferté, Ed Guy Trédaniel -1992.

[3] Marchant de Charbon de terre en 1870. In, Maurice LEBLANC généalogie par Annette Lessertois et Pierre Leclerc - Revue généalogique normande n° 55, juillet-sept. 1995, p.180-185.

[4] Gaillon, coll. Mémoires en images, Th Garnier, éd A. Sutton, 2004, p.74.

[5] Op. Cit., P. Ferté, p.326 à 329

[6] Eure, Géographie - Histoire - Statistique - Administration par V-A Malte-Brun éd. du Bastion 1882 (- fac-similé 1979 -)

[7] Carte topographique du comté de Madrie / par le Sr Du Bouchet. Cote : Ge DD 2987 (844) BNF Richelieu Cartes et Plans. Voir aussi Mémoire des deux cités, T1.

[8] Identifiée probablement comme Athéna.

[9] Op.Cit, Th. Garnier, Ed A. Sutton et Mémoire des deux cités, T1, Ed. M2G, 2005.

[10] Cf: Essaïe 43,8.

[11] En hébreu Kabbala (Cabbale ou Cabale), nom de la tradition donné à un ensemble de doctrines secrètes (science cachée), transmis par initiation d'Adam aux Prophètes, puis aux Tannaïm, dont Rabbi Akiba et Siméon Ben Yohaï plus particulièrement, puis à travers le moyen-âge et les temps modernes jusqu'à nos jours. Ces doctrines reposent principalement sur l'interprétation mystique des premiers chapitres de la Genèse (Beréshith), de la vision d'Ezéchiel (Merkhaba, le Char divin) et du Cantique des Cantiques. Parmi les ouvrages où on les trouve exposées, nous citerons : le Séfer Yetsira (Livre de la Création); Séfer ha-Zohar (Livre de la Splendeur ou "Zohar" tout court); Hékhaloth Rabbathi  (Grand Livre des Palais); Shiour Koma (les Dimensions ou Mesures), et les Othiyoth (l'Alphabet) de Rabbi Akiba. Leurs dates ont été constamment controversées.

En dehors des milieux juifs, de nombreux penseurs chrétiens ont été fortement influencés par la Cabbale; pour ne parler que de la période du XIIIe au XVIIIe siècle : Raymond Lulle, Pic de la Mirandole, Reuclin, Paracelse, Jérôme Cardan, Van Helmont et Jacob Boehme.

[12] Cf: Evangile selon St Luc, 3,9-10

[13] Le déluge, la guerre de Troie, la recherche de la Toison d’Or, les guerres racontées dans les Védas.

[14] M. Ramsay nous rappelle : « Hermès avait inventé l'art ingénieux d'exprimer toutes sortes de sons par les différentes combinaisons de peu de lettres ; invention merveilleuse par sa simplicité, et qui n'est pas assez admirée, parce qu'elle est commune ; outre cette manière d'écrire, il y en avait une autre consacrée aux choses divines, et que peu de personnes entendaient. » In, Les voyages de Cyrus, 1727, p.222.

[15] Fulcanelli est le pseudonyme (Vulcain – Elie) d'un alchimiste, qui pourrait être né en 1839 et mort au début des années 1920. - De nombreuses hypothèses ont été émises sur l'identité de cet auteur ; il pourrait s'agir d'Eugène Canseliet, du physicien Jules Violle, du libraire Pierre Dujols, de l'artiste-peintre Jean-Julien Champagne, de Camille Flammarion, de l'inspecteur des mines Marie-Adolphe Carnot ou encore d'un pseudonyme collectif désignant les divers collaborateurs ayant mis en forme le manuscrit de l'auteur (source bnf). Auteur des mystères de cathédrales et des demeures philosophales. Il passe pour être un possible inspirateur de l'abbé Henri Boudet.

[16] Grasset d'Orcet a suivi une partie de ses études au collège de Juilly en Seine et Marne vers 1840. A cette époque, l'abbé Constant plus connu sous le pseudonyme Eliphas Lévi y fut nommé répétiteur par le Directeur de cet établissement qui était alors l'abbé Henri de Bonnechose plus tard impliqué dans l’affaire de RLC.Plus tard nous retrouverons E. Lévi à Evreux dont le protecteur était Mgr Olivier, ancien prêtre de St Roch de Paris à qui nous devons l'Arche d'Alliance ornant cette église. E. Lévi sera suivi de près par H. de Bonnechose qui occupera la succéssion de Mgr Olivier à Evreux. Document de travail : Exemplaire en ligne

[17] Le mystère des cathédrales, et l'interprétation ésotérique des symboles hermétiques du grand oeuvre, Fulcanelli, .Ed. Jean-Jacques Pauvert, 1964, p.56.

[18] Encyclopædia Universalis, 1998.

[19] Cabaret du Chat Noir ou le Lapin agile  à Paris.

[20] cf : La Table d’émeraude ; l’origine de l’hermétisme est une démarche religieuse qui privilégie l’initiation personnelle par le moyen de l’acquisition de connaissances, afin d’obtenir la libération de l’esprit après la mort. Elle utilise des textes sacrés, souvent difficiles à interpréter, qui réunissent des connaissances attribuées aux anciens Egyptiens et particulièrement à Hermès Trismégiste, nom grec de Thot le dieu Egyptien de la sagesse. Ces textes semblent en fait être des oeuvres de néoplatoniciens du troisième siècle imprégné de culture égyptienne gnostique (tel Porphyre). L’hermétisme a constitué une des bases des recherches alchimiques, dont le but réel n’était pas de découvrir la pierre philosophale qui transmutait le plomb en or, mais celle qui changeait l’homme terrestre en homme divin.

[21] Rennes-le-Château, étude critique - Franck Marie,  Ed SRES, 1978.

[22] Ed. 1887

[23] Dictionnaire topographique du département de l’Eure, De Blosseville, 1877.

[24] La vraie langue celtique, le Cromlech de Rennes les Bains, H. Boudet, 1886 p.60 et 123.

[25] In,  «Comment devient-on Alchimiste», F Jolivet-Castelot, éd. Chamuel, 1897, p.94.

[26] En aparté, nous en profitons pour saluer les performances linguistiques de  J.P Rafarin, « homme du peuple » qui voulu ajuster les différences entre les gens du haut et les gens du bas. C’est un personnage qui deviendra assurément emblématique avec un discourt saupoudré de ses «Rafarinades». Alchimiste de la politique moderne, initié dans une loge maçonnique du Poitou en 1981, il ne faut pas oublier qu’il a tenu le  premier colloque post-électoral 2002 à la Maison de la Chimie (l’alchimie ! !) à Paris. Hermès Trismégiste est de nouveau parmi nous.

[27] En 1566, quand « les théâtres de Gaillon» de Nicolas Filleul furent joués au pavillon du Lydieu, on le baptisa pour l’occasion « l’île heureuse». Compte de dépenses pour la construction du Château de Gaillon,  A. Deville, Imp. Nationale, 1850, p.XXVI.

[28] Appelé aussi Farin. Il passa pour être un très bon poète latin et français. Il a traduit plusieurs poèmes dramatiques et aussi des tragédies dont Achille, jouée à Paris au collège d’Harcourt en 1563. Op. Cit, A. Deville, 1850, p.XXVI.

[29] Les plus excellents bâtiments de France, par J.A du Cerceau, Ed. Sand, 1995, p150-151.

[30] En anglais : Devil = Diable ?

[31] Dans ses comptes de dépenses,  Op. Cit, A. Deville souligne en italique, p.XVII., « magnifique demeure » !