CH.I Gaillon, sur les traces des Supérieurs Inconnus
Les voix(es)
de la raison
Chant d'une Terre lointaine La
difficulté de retracer l’Histoire d’un village ou d’une région n’est qu’une
péripétie face à la démystification et l’analyse rationnelle de son
Histoire secrète. Une histoire passée s’écrivant aussi au présent et au
futur; Solis sacerdotibus[1] !
Histoire surgit d'un
ruisseau, d'un nom d'une origine celtique abandonnée, d'une rivière du Nord plus volubile
qu'un hibou perché sur un arbre. Nous entendons ici prévenir tout esprit obtus,
cartésien et rationaliste de ne pas aller plus loin dans cette lecture. Bien
que notre enquête soit étayée sur des évènements historiques vérifiables,
notre raisonnement, construit d’après des sciences qu’il n’admet pas, ne pourra
que lui être fatal. Chaque
ville et village de France détient sa part de mystère. Vous venez de
quitter Gaillon « l’historique » pour entrer dans Gaillon « la
mystique ». Vous allez passer de l’autre côté du miroir pour voyager en
terre Inconnue, dans un monde qu’une caste oligarchique estime Supérieur. Contrairement
à ce que l’on voudrait nous faire croire, la Connaissance n’est pas le domaine
réservé d’une élite. Tout ce qui est mystique aboutit au secret. Un secret mal
entretenu conduit à l’élitisme. Tout ce qui est élitiste devient un jour ou
l’autre funeste si l’on n’y prend garde. Dans
les couloirs obscurs de l’Histoire de France et du Monde, des hommes de peu de foi ont tenté à
maintes reprises d’en détruire des pans entiers à des fins personnelles ou
politiques. La raison d’Etat a bon dos quand il s’agit de maquiller la vérité
aux yeux du bon peuple. Honoré de Balzac
écrivait dans Les illusions perdues :
« Il y a deux histoires : l'Histoire
officielle, mensongère, qui nous est enseignée, l'Histoire ad usum delphini, et l'Histoire secrète, où se trouvent les vraies
causes des événements, une Histoire honteuse ». Gaillon
a été, comme nous l’avons vu dans le précédent volume, une de ces villes qui a
subi les outrages de la dévastation. Mais pourquoi? La folie Révolutionnaire
n’en est pas la seule cause; 50 ans avant les années terribles, Gaillon était
laissé à l’abandon. L’Empire ne fit qu’enfoncer le
couteau dans la plaie béante. Tout semble avoir été fait pour effacer Gaillon
de la mémoire, pour l’effacer de l’Histoire. Mais rien ne disparaît sans
laisser de trace, chacun le sait maintenant. Ceci
étant, les litanies de l’Histoire officielle laisse la place aux chants d’une
Histoire parallèle révélée. Vous allez sillonner un labyrinthe hermétique comme vous avez traversé les corridors, les
pièces et les jardins du château précédemment, pour enfin redécouvrir la
mémoire des Supérieurs Inconnus, dont nous avons décelé l’empreinte à Gaillon. ![]() Quand Isis met les voiles Les méandres du mystérieux
sont parfois impénétrables et souvent inattendus. L’attention du public s’est
focalisée depuis une quarantaine d’années autour de villages
comme Gisors, Stenay, Rennes-le-Château, attisée par une littérature féconde,
sans avoir la moindre idée de ce qui pouvait se tramer ailleurs. Le fait de greffer une
énigme supplémentaire sur ce buisson ardent ne fait qu’accroître la
confusion, c’est un fait. L’ensemble du problème nous apparaît déjà à tous
comme une tour de Babel plus vraie
que nature. Nous
ne rappellerons pas ici les aventures, bonnes ou mauvaises, de Roger Lhomoy gardien du château de Gisors, l’abbé Bérenger
Saunière curé de Rennes-le Château. Nous ne conterons pas non plus l’histoire
de tous ces lieux énigmatiques qui drainent de long, en large, en travers et de
bas en haut, ces récits et ce qui en découle. Cela ne servirait qu’à
noircir des pages inutilement. Le lecteur pourra à son gré consulter la
bibliographie foisonnante sur ces sujets passionnants et se faire une idée
précise de l’Affaire; une Histoire Secrète, dont la CLEF ouvre la porte sur un Thrésor Occulté depuis des milliers d’années. Sans
se perdre en conjectures et faire du prosélytisme, mais en apportant un
faisceau d’idées nouvelles appuyées sur des DOCUMENTS et des FAITS
historiquement vérifiables, nous avons préféré suivre une nouvelle piste, hors
des sentiers battus. Cela nous attirera sans aucun doute les critiques et dans
une moindre mesure les foudres des exégètes ou des initiés; de ceux qui savent.
Nous
sommes arrivés à Rennes par des voies détournées. Mais tout profane que
nous sommes, nous n’avons pas suivi les chemins du hasard pour vous soumettre
ces quelques découvertes substantielles faites non seulement à Gaillon et dans
ses environs mais aussi à Rennes-le-Château et toute sa région. ![]() Au
cours d’un premier voyage dans ce petit village de l’Aude en juin 1999, une bonne
fortune nous fit acquérir un livre. Nous devons bien l’avouer ; si
nous n’avions effectué ce déplacement, nous n’aurions sans doute jamais pris
autant d’intérêt et de plaisir à investiguer sur la place de Gaillon. De ce
fait, aujourd’hui nous pouvons dire un grand merci à son auteur, Patrick Ferté,
qui nous aura « Aiguillé », par la lecture de cet ouvrage, « Arsène Lupin, Supérieur Inconnu ; la
clé de l’œuvre codée de Maurice Leblanc[2] », vers le Chemin Doré. Fils
d’un négociant armateur normand[3],
Maurice Leblanc né à Rouen le 10 novembre
1864. Il publie, en 1905, les premiers épisodes des aventures d’Arsène Lupin
dans le journal l’Auto : périodique qui, rappelons le, sponsorisait
la célèbre course de côte gaillonnaise[4],
toute première course automobile organisée dans le monde à la fin du XIXème siècle. Les
péripéties de ce cambrioleur raffiné passionnent aussitôt les foules. D’un air
amusé, la critique a dit de lui qu’il était le clone de Rocambole, le petit-fils, à la onzième génération, de Robin des Bois ou l’oncle de Fantômas.
![]() Pourchassant
Arsène Lupin à chaque page de son oeuvre, P. Ferté nous entraîne dans les
catacombes de l’Histoire de France. Il crochète à loisir les serrures des
portes d’une crypte alchimique souterraine et dissèque une prodigalité de
coïncidences dans un sens analytique hors du commun. Les mystères de Rennes-le-Château,
de Gaillon, de Gisors ou de Stenay se confondent ainsi avec l'histoire secrète
de notre pays et permettent d'en comprendre la véritable dimension ésotérique. Il
ne faudrait pas croire que M. Leblanc s’est contenté de parsemer ses écrits de
quelques mots ou noms de familles pêchés ici ou là par hasard afin d’assurer la
concordance de faits historiques. La série des A. Lupin constitue, certes, la
majeure partie de l’énigme, mais elle a injustement fait oublier la richesse et
la diversité d’un ensemble romanesque audacieux dans lequel transpire une mâne
symbolique incontestable. D’emblée,
de nouvelles probabilités se sont offertes à nous dès que P. Ferté eut réussi
dans son « Arsène Lupin, Supérieur
Inconnu… » à démontrer des ramifications mystiques et occultes dans la
Chartreuse de Bourbon-lèz-Gaillon en passant au crible les romans de Maurice
Leblanc; entre autre L’aiguille creuse,
Dorothée danseuse de corde, Le triangle d'or ou La demeure mystérieuse. L’enrichissement
soudain d’un modeste curé de campagne Audois en 1891, l’affaire B.
Saunière pouvait-elle étendre ses bases jusque dans notre contrée normande? C’est
à partir de ce moment-là que la vraie question se posa: « Mais que venait donc faire Gaillon dans cette galère? »,
quand il titrait dans son livre « de
Gaillon à Rennes » ou
« Gaillon, clé secrète du triangle d’or »[5]; la CLEF
d’un coffre, enveloppée dans un voile de mystère, jetée dans un puits situé au fond d’un parc.
Le pays des Mères Allant
de surprises impromptues en coups de théâtre
stupéfiants, après une longue enquête sur le terrain, nous pouvons prétendre
aujourd’hui, sans nous tromper, avoir trouvé cette CLEF qui n’est qu’une infime, mais ostentatoire et primordiale, pièce de ce rébus
ésotérique dissimulé au cœur du PAYS de
MADRIE; une région surnommée par les anciens, bien avant les invasions
Vikings, la nouvelle Thébaïde[6]. Malgré
le peu de sources documentées sur l’origine exacte de l’étymologie du pays de Madrie, il nous est
permis, d’une part, de supposer la tendance maternelle du mot - Madrie, Madre, Mère -. D’autre part,
nous pouvons mettre en évidence une influence « géo-zoologique »
en déclinant la forme primaire du mot « madrépore », micro-organismes
vivant de la famille des anthozoaires, tels que les coraux. Ces coraux sont les éléments majeurs de
communautés dans lesquelles sont enchevêtrés les madréporaires, dont les polypiers constituent l’armature du récif,
des algues calcaires, des alcyonaires, des polychètes et des bryozoaires, et où
circulent des mollusques, des crustacés, des échinodermes (étoiles de mer, oursins). Le calcaire, sédiment marin fossilisé,
recouvert d’argile à silex et de limon, est le matériau essentiel composant le
sol de notre région, coupé en biseau par une surface récente et gauchie du
secondaire au tertiaire. Une rupture majeure accidente la vallée de la Seine.
Une dépression structurale compliquée de failles géologiques court sur environ
200km de Pavilly (76) à Septeuil (78), traversant
bien entendu le pays de Madry (ou Madrie). ![]() Les chartes anciennes donnent aussi le nom de Maderi, ce qui correspondrait alors à une
déclinaison latine signifiant être
mouillé. Quoi qu’il en soit, de la Mère ou de la Mer ce pays retrouve son
identité ; les coquillages sont symboliquement liés au concept de
fécondité. L’eau de mer est mère de la vie, l’archétype
matriarcale ; la Matrice... Tout est là ! Pour se convaincre de cette
étymologie, il suffira de consulter la carte topographique du Comté de Madry[7]
datant de 1646 mettant en évidence cet aspect dans un dessin allégorique d’une
déesse Mère[8]. Hélas ! Nul ne peut vous apprendre ce qu'est la Matrice ; chacun doit
l'appréhender seul. Madrie-Madrid, une bien étrange
correspondance entre le pays Normand et la capitale Espagnol, étape fréquente
d’Arsène Lupin dans l’Aiguille Creuse, La dent du tigre ou la Comtesse de Cagliostro. La
grande combinaison de Lupin Rien
ne laisserait supposer l’union crypto-historique
entre ces endroits mystiques de Rennes-le-Château et Gaillon. Nous pressentons
déjà certains chercheurs s’arrachant les cheveux en criant au délire, au
mythomane, à l’imposture! A ceux-là, nous aimerions leur dire ou leur répéter que nous n’avons rien négligé dans cette
étude. A l’inverse, le lecteur averti qui aura parcouru nos précédents ouvrages[9] et
qui aura pu les interpréter détiendra les clefs d’une Connaissance
inédite. Celui qui veut savoir devra apprendre à voir et à écouter :
« Que celui qui a des yeux voit, qui
a des oreilles entende[10] ». L’utilisation
de la Kabbale[11] phonétique, du jeu de mot
pour parler simplement, est une méthode de codage qui n’est plus à démontrer.
De tout temps l’usage de la parabole fut courant. Le Christ ne rechignait pas à
s’en servir comme outil pédagogique. St Luc nous rappelle dans son évangile la
raison de cet emploi : pour que « les
autres gens puissent regarder mais sans voir et qu’ils puissent entendre mais
sans comprendre »[12].
C’est avouer implicitement que seul l’initié peut atteindre le sens caché des
textes sibyllins. Rennes-le-Château,
Gisors, Gaillon; un labyrinthe d’affaires gigognes dont on ne ressort
jamais si on ose s’y aventurer; un véritable puzzle en vérité qui nous
transporte aux frontières de la folie, au-delà du réel. A l’issu de se voyage, s’il vous reste
quelques neurones d’intacts, vous pourrez enfin découvrir LA CLEF des quatre
grandes énigmes gravées sur LE MIROIR du temps de Joseph Balsamo par M. Leblanc dans la Comtesse de Cagliostro : -
In Robore Fortuna -
La
dalle des rois de Bohème -
La
fortune des rois des rois de France -
Le
chandelier à sept branches. Non,
ce ne sont pas des fantasmes et nous en fournirons la preuve, faudrait-il même
user d’une solution draconienne au
vitriol pour cela. Les anciens
alchimistes, entre autres, faisaient de cette Kabbale un instrument à l’épreuve
du temps et des hommes pour dissimuler leurs grandes Connaissances jugées
hérétiques par le Clergé Romain. Cette
Connaissance initiatique se transmet encore par les symboles, les idéogrammes,
les signes et les sons qui atteignent directement l’esprit. Elle sollicite
l’ouverture de la conscience par les rapprochements entre des informations
d’origines différentes. Elle ne rejette aucune source, bien au contraire, elle
cherche dans des textes occultés ou maudits, de nouvelles clés pour atteindre
ses objectifs. Elle considère les mythes, non comme des récits imaginaires,
mais comme des relations historiques imagées, témoins d’une très ancienne
réalité[13]. L’origine
de cette méthode d’expression proviendrait de l’ancienne écriture égyptienne,
les hiéroglyphes. Ce mot vient du grec hiéro
qui signifie sacrée et glyphe pour écriture. Cette écriture est composée d’idéogrammes et de phonogrammes.
Les premiers sont des signes graphiques représentant la forme de la chose et
non le son[14]. Par exemple, pour écrire
« main », on dessine une main, et pour écrire « manger »,
on dessine un homme qui met la main à sa bouche. Les phonogrammes expriment des
mots abstraits. On utilise ces hiéroglyphes pour transcrire un son qui
représente le mot ou une partie du mot. Autre exemple, pour écrire
« chagrin », on dessine un chat et un grain, traduit naturellement en
langue copte. Des auteurs célèbres tels
que Jules Verne, Victor Hugo ou bien encore Gaston Leroux, Gustave Flaubert
ont introduit dans leur roman des clefs du même style ouvrant les portes des
connaissances anciennes à qui sait les manipuler. ![]() Fulcanelli[15], Grasset d’Orcet[16]
n’ont pas fait autrement et l’expliquent parfaitement dans leurs ouvrages. Fulcanelli se plaisait à identifier ce langage comme Art
Goth ou Art Gothique, argot / argotique: « Tous
les Initiés s’exprimaient en argot, aussi bien les truands de la Cour des
miracles, tel le poète Villon à leur tête, que les frimasons
ou francs-maçons du Moyen-Âge, Logeurs du bon Dieu, qui édifièrent les
chefs-d’oeuvre argotiques que nous admirons aujourd’hui »[17]. Les affirmations de ce mystérieux
personnage sont intéressantes. Il a voulu montrer d’abord que les chef-d’œuvres
de l’art gothique doivent être interprétés essentiellement comme l’expression
d’une pensée alchimique, et que des adeptes supervisèrent directement ces
travaux. S’il semble difficile d’admettre toutes les propositions de l’auteur,
celui-ci a eu au moins le mérite d’attirer l’attention de nos contemporains sur
un aspect trop négligé de l’art médiéval[18]. A
l’instar des précédents, Maurice Leblanc fut un écrivain qui côtoyait
fréquemment les cercles ésotériques parisiens, clubs plus ou moins occultes
férus d’Hermétisme[19]. Sa
sœur Georgette était une amie personnelle d’Emma Calvet, cantatrice célèbre de
la Belle Epoque et Initiée elle-même, connaissant « très bien »
dit-on Bérenger Saunière. Ainsi M. Leblanc était à même de posséder une
certaine Connaissance. Nord contre Sud
"Tout
ce qui est en Haut est comme tout ce qui est en Bas, et tout ce qui est en Bas est comme tout ce qui est en
Haut". L’initié ne doit jamais oublier la rhétorique d’Hermès Trismégiste[20] car
le mage est de nouveau parmi nous. Puisque
l'on nous encourage à le faire tout au long de cette histoire, puisqu’il existe
des interconnections entre Normandie et Languedoc qu’il faut mettre en évidence
avant tout, une première expérience simple aidera le lecteur à comprendre les
astuces de ce qu’on appelle communément Kabbale
phonétique, langue des oiseaux, gay sçavoir
ou gaie science. Pour
commencer cet essai amenant le lecteur à une meilleure compréhension de la
méthode, nous prendrons les villes de Gisors et Gaillon. Ces deux villes sont au Nord (en haut) de la
France dans le département de l’Eure (soit l’heure) par rapport à Rennes-le-Château
se situant au Sud, soit le Midi (en bas). En reproduisant le cadran d’une
horloge sur une carte de France, sachant que la Tour Magdala
de la villa Bétahnie bâtie par B. Saunière, se nomme
aussi la tour de l’horloge[21], la
petite aiguille se retrouvera approximativement sur Gisors à midi puisqu’on
inverse la situation ; tout ce qui
est en haut est comme tout ce qui est en bas. ![]() Ajoutons
qu’en jouant avec les mots nous pouvons encore aller plus loin. Si la tour Magdala supportant
12 créneaux est bien la tour de l’horloge, nous pouvons dire « l’or loge
(ici ou ailleurs) ». Ainsi qu’une horloge donne l’heure, à Gisors (27 -
Eure), nous pourrons affirmer « (ci)-gît l’or » ou encore à Gaillon
(27 - Eure) : une de ses origines latines Gallione
Castrum nous donnera par extension phonétique le « galion », nef
transportant l’or par excellence. Y aurait-il une argumentation analogue à
toutes ces supputations dans le roman Nord contre Sud[22] de Jules Verne? Les
voiles de la barque d’Isis viennent d’être lancées en pleine mer, dans
un calme blanc majestueux. Cette explication de texte, aussi médiocre
soit-elle, va nous amener dans les arcanes Gaillonnaises
inexplorées, insoupçonnées. L’œuvre de Maurice Leblanc, amateur de rébus,
charades et anagrammes, sera en partie notre guide. Nous essaierons de
compléter au mieux les travaux de P. Ferté, tout du moins en ce qui concerne
Gaillon et Gisors. L’abbé
Henri Boudet, l’éminence grise, le mentor de B. Saunière a
lui-même pratiqué les astuces du jeu de mot, « de l’art punique »,
dans son ouvrage La vraie langue celtique.
Tous les exégètes de l’énigme de Rennes-le-Château connaissent ce document
magistral pour être un ouvrage à double sens. La vraie langue celtique serait
selon H. Boudet de l’anglais ancien. Des textes
antiques notent diverses étymologies[23] de
la rivière qui donna son nom au département de l’Eure; Odura,
Audura, Abdura, Antura, Euria, Eurota, et enfin Ure, phonétiquement « Our ». Si
l’on suit l’idée de l’abbé Boudet, Ure
pourrait avoir l’origine suivant – Our, Hour ;
en français Heure. Nous ne sommes donc pas étonné en lisant les
références à notre département de l’Eure et au Midi[24]. On
se délectera aussi en lisant les précisions concomitantes entre les amas de
coquilles, les Kjoekken-Moeddings, ou coquilliers du
Danemark et la formation géologique du pays de Madrie (Madréporaire -
polypiers), pays conquis au Xème siècle
par les Vikings venus du Danemark. Suivant
la règle d’Henri Boudet, nous avons pris en compte la
toponymie des lieux, ainsi que leur locution latine. En bref toutes les astuces
du langage nous aiderons à délier les cordons du mystère. Maurice, Jules et Cie
Jules
Verne assurait lui-même; « Cherches
et trouves! ». Cependant, avis au chercheur éclairé, non pas illuminé,
qu’il prenne cet avertissement en considération: en s’engageant sur la seule
voie du trésor matériel il risquera d’être déçu, de se heurter à un mur et
n’avancera pas dans sa quête. La méthode
et l’entente, la sagesse continue empêcheront bien des déboires. Mais sois
désintéressé absolument car la première et indispensable condition pour
fabriquer le Grand-Œuvre consiste à négliger la
richesse ; l’Or[25]. "Tout
ce qui brille n’est pas d'or". L'éclat de l'or rend aveugle et corrompt
l’esprit. Il faut cependant évoluer vers la lumière de la Vérité. Même s’il est possible que des espèces
sonnantes et trébuchantes soient cachées dans un endroit secret, ce n’est pas
la seule énigme à résoudre. Cette quête matériel terrestre s’impose à nous
pour atteindre les fondements spirituels de l’univers. Tout
au long des millénaires jusqu’à aujourd’hui, des hommes ont su transmettre un
savoir en le dissimulant au fil de leurs écrits, leurs peintures et autres
oeuvres musicales. Cette sagesse ancestrale fait partie d’une histoire, une histoire
inintelligible la plus Secrète, l’Histoire des Mondes perdus, des civilisations
disparues ou celle de l’origine de l’humanité, de la vie et de la mort, plongeant
ses racines aux confins de la nuit des temps. A
travers la symbolique alchimique, et ces astuces allégoriques hétérogènes, langue des oiseaux ou Kabbale phonétique, nous pouvons
désormais nous plonger dans ces arcanes que la majeure partie des peuples
continue d’ignorer. Ce dialecte, maître de tous les autres, était le langage
des philosophes et des diplomates. Dans la mythologie, il nous est rappelé que cette langue
de cour[26] fut enseignée par la déesse Athéna au devin Tiresias. Gaillon
est un de ces logis alchimiques restés dans l’ombre de sociétés secrètes, des
Supérieurs Inconnus. Seuls les initiés s’y intéresseront ; solis sacerdotibus.
La Comtesse de Cagliostro, les trois yeux et
d’autres romans de Maurice Leblanc ; Vingt
mille lieux sous les mers, Voyage au
centre de la Terre de Jules Verne; les centuries de Michel de Notre
Dame ; les peintures de NICOLAS POUSSIN né à quelques lieues de Gaillon, de
David Teniers et d’Emile Signol ; les pièces
musicales de Claude Debussy, autant d’artistes et d’écrivains ayant codé leurs
œuvres de manière inattendue. Pour
en connaître la trame faut-il encore se sentir concerné. Notre sagacité est
mise à rude épreuve dans chaque tableau où chaque élément est à sa place, dans
chaque phrase où chaque mot compte… « Mot compte double! » dirait-on
au Scrabble. Ouverture en clef de sol… majeure ! Depuis
notre retour du pays d’Oc en cet été 1999, nous tentions inexorablement de
rattacher les indices, la rapsodie de coïncidences exhumées par P.
Ferté. Par
un beau dimanche ensoleillé, au gré d’une promenade au château de Gaillon, rien
ne pouvait présager de ce que nous allions découvrir. Un fabuleux concours de
circonstances allait amorcer, pour nous, la plus inconcevable quête. Un commencement de piste se présentait.
Le château était ouvert au
public. Une exposition permanente située dans les étages du pavillon d’entrée
donnait un aperçu des dispositions primitives du palais Renaissance. Au premier
étage, une série de clichés photographiques montraient l’état du château actuel
et les restaurations en cours. Plus loin, des plans et des gravures d’époques
dessinées par l’architecte Androuet du Cerceau
(1572), tapissaient les murailles de pierres. C’est
là, dans le fond de cette pièce que nous trouvions cette gravure représentant
un parc, un pavillon et des pièces d’eau bâties en 1503 par les architectes de
Georges d’Amboise, archevêque de ROUEN, ex-archevêque de NARBONNE. Les
créateurs des jardins du château avaient attribué le nom du LYDIEU[27] à cet endroit
idyllique dans lequel avait été construite une Maison Blanche. Ce nom se réfère
à un thème abordé dans la seconde églogue des Théâtres de Gaillon à la
Reine, de Nicolas Filleul[28], où
deux BERGERS d’ARCADIE, Damis et Mospe,
échangent leurs états d’âmes sur la piété et la justice qu’incarnaient, vêtus
de blanc, Paris et Apollon. Les effigies des bergers sur leur piédestal étaient
représentées une clef en main[29].
Les
particularités ARCADIENNES de ce parc allaient nous plonger dans un abîme de
trouvailles époustouflantes faisant de nous une
machine à explorer le temps et de cette CLEF,
car la forme générale de ce parc était belle et bien une CLEF avec sa SERRURE formée par un bassin
d’agrément où nageaient des cygnes
(comprendre: des signes), l’objet de
toutes nos attentions. Il
y avait bien là des signes de pistes.
Il ne tenait qu’à nous de poursuivre nos investigations selon la méthode
d’Isidore Beautrelet, étudiant âgé de 17 ans dans l’Aiguille creuse, en fouillant dans les chroniques locales, les
recueils, interrogeant les érudits locaux, les amateurs de vieilles légendes et
enfin en dénichant la première publication concernant Gaillon :
« Compte de dépenses du Château de Gaillon… » d’Achille
Deville, un diable d’homme[30],
membre de l’Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres. Mais l’arrivée de Beautrelet à
Gaillon nous réservera bien d’autres surprises. La
découverte de cette CLEF, fichée en terre gaillonnaise et constituant déjà un formidable
évènement, allait nous ouvrir plus que la Mer. Elle allait débrider
les scellés d’une porte… que dis-je! De LA PORTE ! La porte de la Demeure
Mystérieuse[31] du pays des Mères. Outre le titre d’une des
aventures de Maurice Leblanc, la DEMEURE MYSTERIEUSE était sans conteste le
Palais épiscopal des archevêques de Rouen, le susnommé Château de Gaillon renfermant
le secret des quatre grandes énigmes élucidées dans Dorothée danseuse de
Cordes (In robore fortuna),
l’île aux trente cercueils (la dalle des rois de Bohème), l’Aguille
creuse (la fortune des rois de France) et la Comtesse de Cagliostro
(le chandelier à sept branche). Quelles épaves de Galion allions nous
renflouer de cet abîme dont la profondeur insondable nous laissait quand même entrevoir le fabuleux trésor de Bérenger Saunière?
Extrait
de « Mémoires des deux cités T. II, Gaillon Mystique : Ou le
carnet de voyage hermétique d’Arsène Lupin de Gaillon à Rennes-le-Château. ». © Thierry Garnier 2004/2005 –
M2G éditions. Tous droits réservés, reproduction interdite. [1] Seulement pour les initiés ! Il ne
s’agit pas d’enfermer qui que ce soit dans un carcan élitiste. Cet ouvrage est
destiné non seulement à ceux qui connaissent mais aussi à ceux qui souhaitent
comprendre les chemins de la Connaissance. [2] Arsène Lupin, supérieur inconnu, Patrick
Ferté, Ed Guy Trédaniel -1992. [3] Marchant de Charbon de terre en 1870. In,
Maurice LEBLANC généalogie par Annette Lessertois et
Pierre Leclerc - Revue généalogique normande n° 55, juillet-sept.
1995, p.180-185. [4] Gaillon, coll.
Mémoires en images, Th Garnier, éd A. Sutton, 2004,
p.74. [5] Op. Cit., P. Ferté, p.326 à 329 [6] Eure, Géographie - Histoire - Statistique -
Administration par V-A Malte-Brun
éd. du Bastion 1882 (- fac-similé 1979 -) [7] Carte topographique du comté de Madrie /
par le Sr Du Bouchet. Cote : Ge
DD 2987 (844) BNF Richelieu Cartes et Plans. Voir aussi Mémoire des deux cités,
T1. [8] Identifiée probablement comme Athéna. [9] Op.Cit, Th. Garnier, Ed A. Sutton et Mémoire des deux cités, T1, Ed. M2G, 2005. [10] Cf: Essaïe 43,8. [11] En hébreu Kabbala
(Cabbale ou Cabale), nom de la tradition donné à un ensemble de doctrines
secrètes (science cachée), transmis par initiation d'Adam aux Prophètes, puis
aux Tannaïm, dont Rabbi Akiba et Siméon Ben Yohaï plus particulièrement, puis à travers le moyen-âge et les temps modernes jusqu'à nos jours. Ces
doctrines reposent principalement sur l'interprétation mystique des premiers
chapitres de la Genèse (Beréshith), de la vision
d'Ezéchiel (Merkhaba, le Char divin) et du Cantique
des Cantiques. Parmi les ouvrages où on les trouve exposées, nous citerons : le
Séfer Yetsira (Livre de la
Création); Séfer ha-Zohar
(Livre de la Splendeur ou "Zohar" tout court); Hékhaloth
Rabbathi
(Grand Livre des Palais); Shiour Koma (les Dimensions ou
Mesures), et les Othiyoth (l'Alphabet) de Rabbi Akiba. Leurs dates ont été constamment controversées. En dehors des milieux juifs, de nombreux penseurs chrétiens ont été
fortement influencés par la Cabbale; pour ne parler que de la période du XIIIe au XVIIIe siècle : Raymond
Lulle, Pic de la Mirandole, Reuclin, Paracelse,
Jérôme Cardan, Van Helmont et Jacob Boehme. [12] Cf: Evangile
selon St Luc, 3,9-10 [13] Le déluge, la guerre de Troie, la recherche
de la Toison d’Or, les guerres racontées dans les Védas. [14] M. Ramsay nous rappelle :
« Hermès avait inventé l'art ingénieux d'exprimer toutes sortes de sons
par les différentes combinaisons de peu de lettres ; invention merveilleuse par
sa simplicité, et qui n'est pas assez admirée, parce qu'elle est commune ;
outre cette manière d'écrire, il y en avait une autre consacrée aux choses
divines, et que peu de personnes entendaient. » In, Les voyages de Cyrus,
1727, p.222. [15] Fulcanelli est le
pseudonyme (Vulcain – Elie) d'un alchimiste, qui pourrait être né en 1839 et
mort au début des années 1920. - De nombreuses hypothèses ont été émises sur
l'identité de cet auteur ; il pourrait s'agir d'Eugène Canseliet,
du physicien Jules Violle, du libraire Pierre Dujols,
de l'artiste-peintre Jean-Julien
Champagne, de Camille Flammarion, de l'inspecteur des mines Marie-Adolphe
Carnot ou encore d'un pseudonyme collectif désignant les divers collaborateurs
ayant mis en forme le manuscrit de l'auteur (source bnf).
Auteur des mystères de cathédrales et des demeures philosophales. Il passe pour
être un possible inspirateur de l'abbé Henri Boudet. [16] Grasset d'Orcet a
suivi une partie de ses études au collège de Juilly en Seine et Marne vers
1840. A cette époque, l'abbé Constant plus connu sous le pseudonyme Eliphas Lévi y fut nommé répétiteur par le Directeur de cet
établissement qui était alors l'abbé Henri de Bonnechose
plus tard impliqué dans l’affaire de RLC.Plus tard nous retrouverons E. Lévi à Evreux dont le protecteur était Mgr Olivier, ancien prêtre de St Roch de Paris à qui nous devons l'Arche d'Alliance ornant cette église. E. Lévi sera suivi de près par H. de Bonnechose qui occupera la succéssion de Mgr Olivier à Evreux. Document de travail : Exemplaire en ligne [17] Le mystère des cathédrales, et
l'interprétation ésotérique des symboles hermétiques du grand oeuvre, Fulcanelli, .Ed. Jean-Jacques Pauvert,
1964, p.56. [18] Encyclopædia Universalis, 1998. [19] Cabaret du Chat Noir ou le Lapin agile à Paris. [20] cf :
La Table d’émeraude ; l’origine de l’hermétisme est une démarche
religieuse qui privilégie l’initiation personnelle par le moyen de
l’acquisition de connaissances, afin d’obtenir la libération de l’esprit après
la mort. Elle utilise des textes sacrés, souvent difficiles à interpréter, qui
réunissent des connaissances attribuées aux anciens Egyptiens et
particulièrement à Hermès Trismégiste, nom grec de Thot le dieu Egyptien de la
sagesse. Ces textes semblent en fait être des oeuvres de néoplatoniciens du
troisième siècle imprégné de culture égyptienne gnostique (tel Porphyre).
L’hermétisme a constitué une des bases des recherches alchimiques, dont le but
réel n’était pas de découvrir la pierre philosophale qui transmutait le plomb
en or, mais celle qui changeait l’homme terrestre en homme divin. [21] Rennes-le-Château, étude critique - Franck
Marie, Ed SRES, 1978. [22] Ed. 1887 [23] Dictionnaire topographique du département de l’Eure, De Blosseville, 1877. [24] La vraie langue celtique, le Cromlech de
Rennes les Bains, H. Boudet, 1886 p.60 et 123. [25] In, «Comment devient-on Alchimiste»,
F Jolivet-Castelot, éd. Chamuel,
1897, p.94. [26] En aparté, nous en profitons pour saluer
les performances linguistiques de J.P Rafarin, « homme du
peuple » qui voulu ajuster les différences entre les gens du haut et les
gens du bas. C’est un personnage qui deviendra assurément emblématique avec un
discourt saupoudré de ses «Rafarinades». Alchimiste
de la politique moderne, initié dans une loge maçonnique du Poitou en 1981, il
ne faut pas oublier qu’il a tenu le
premier colloque post-électoral 2002 à la Maison de la Chimie
(l’alchimie ! !) à Paris. Hermès Trismégiste est de nouveau parmi nous. [27] En 1566, quand « les théâtres de
Gaillon» de Nicolas Filleul furent joués au pavillon du Lydieu, on le baptisa
pour l’occasion « l’île heureuse». Compte de dépenses pour la construction
du Château de Gaillon, A. Deville, Imp.
Nationale, 1850, p.XXVI. [28] Appelé aussi Farin. Il passa pour être un très bon poète latin et
français. Il a traduit plusieurs poèmes dramatiques et aussi des tragédies dont
Achille, jouée à Paris au collège d’Harcourt en 1563. Op. Cit,
A. Deville, 1850, p.XXVI. [29] Les plus excellents bâtiments de France,
par J.A du Cerceau, Ed. Sand, 1995, p150-151. [30] En anglais : Devil
= Diable ? [31] Dans ses
comptes de dépenses, Op. Cit, A. Deville souligne en italique, p.XVII.,
« magnifique demeure » ! |