Part I - Remarques sur un feuillet du Livre de Tobie, mis en vente chez Drouot Part II - Révélation d’un manuscrit clé du dossier Saunière et des archives Hautpoul Part IV - Aux sources de l’Ordre de Sion et de la Fontaine Part V - Les secrets de la Terre Rouge Part VI - Le coffre scellé des Hautpoul ![]() ![]() La première mise en vente des
documents du Liber Tobiae a tant et si bien
surpris la communauté des chercheurs que peu d’entre eux ont pris la peine de
s’intéresser vraiment au sujet. Il faut dire qu’ici, les actes officiels
passant par un cabinet d’expertise, personne n’a d’emprise sur l’information… à
part les vendeurs. Tout comme le Codex Bezae, les
pièces du Liber Tobiae n’ont pas besoin des
média, pas plus que d’une promotion à la « Da Vinci Code » pour
exister. Les lecteurs, véritables « cherchant », de plus en plus
nombreux à suivre nos travaux, savent faire la différence. Les éléments
authentiques du dossier éclosent sans artifice, ni paillettes et ne sont pas contrefaits
par un service marketing visant uniquement l’aspect commercial de l’histoire.
Ce n’est pas « cracher dans la soupe » que de dire cela. Un tel
travail d’enquête nécessite non seulement un minimum de déontologie, mais aussi
de la prudence. ![]() Les « Collecteurs »
Inconnus Nous savions qu’un jour ou
l’autre de vieux papiers authentiques ressurgiraient des bibliothèques
poussiéreuses. Cette
fois deux lots sont proposés, numérotés 5 et 19 au catalogue. Le lot n°5
concerne une franchise de Bugarach (ci-dessous). Le lot n°19 touche des
transactions faites à Sougraigne, Bugarach, l’Eau-Salée et Camps-sur-l’Agly.
Les vendeurs restant anonymes, on
était jusqu’à présent dans l'incapacité de les identifier. Qui sont-ils ? L’éternelle
question ! Aujourd’hui, la brume de mystère les entourant paraîtrait
s’estomper plus ou moins, puisque nous avons les noms des deux fonds de
bibliothèques privées, mises en vente ce 16 octobre, à notre disposition. Nouvelle
vente tant attendue où six documents, divisés en deux lots ont été adjugés
(probablement aux AD de l’Aude). Le feuillet du Liber Tobiae
a été vendu à un commerçant, libraire. Parmi les six archives, une pièces n’a
été ni commentée, ni cataloguée. Sommes-nous sur la bonne
voie ? La lecture du catalogue laisserait à penser que ce sont des
bibliothèques peu communes. Elles furent respectivement la propriété d’un
certain professeur Henry D. et des marquis de Oilliamson.
Compte tenu des noms, nous pourrions croire qu’il s’agit d’archives venues
d’Ecosse, transmises de génération en génération. Les Oilliamson,
par exemple, son originaires d’Ecosse. Ils se sont établis en France, en
Normandie, sous le règne de Charles VIII[1].
D’Oilliamson est un dérivé de Williamson
et chose étonnante, c’est justement un certain Joseph Williamson
qui est grand-maître de la maçonnerie écossaise en 1753, après la famille de Saint-Clair. Amalgame infondé me direz vous ! Et bien
pas du tout, sachant qu’une ombre anglo-saxonne plane sur cette histoire depuis plus longtemps qu’il n’y semblerait. Quant à savoir qui est le fameux
professeur Henry D., il est fort probable que nous ne le sachions jamais. Le
vendeur a peut-être une bonne raison pour garder l’anonymat. Mais là encore, le
prénom étant écrit à l’anglaise, nos regards se tournent vers la perfide
Albion. Ces deux fonds d’archives, comme
dans la première vente, feraient de leurs vendeurs des pistes bien séduisantes,
s’il ne manquait à l’appel le troisième larron : le vendeur des archives
manuscrites d’Hautpoul. Dans la présentation de la vente, l’expert a choisi d’exposer
les manuscrits anciens en introduction (cf. catalogue Lafon
de mai et octobre 2009). Puis il commente le fonds des deux bibliothèques.
Alors, à moins que les documents n’aient
été communiqués, ce qui semble peu probable, à l’une ou à l’autre des
bibliothèques dans les années 50 par un vecteur X, le vendeur des documents
d’Hautpoul demeure une énigme. Nous devons réfléchir à toutes
les possibilités pour en avoir une meilleure idée. La liasse a été consultée
par un ecclésiastique, toujours vivant au début XXe
siècle (hypothèse l’abbé Saunière). Quatre types de « messageries »
ont pu être utilisés afin de la faire arriver jusqu’à nous. La liasse
appartenait soit : 1- Au prêtre du début du XXe siècle qui, après l’avoir découverte dans un
coffre d’Hautpoul, aurait fait un legs ordinaire à ses héritiers. 2- Au même individu. Les
documents auraient été récupérés par une filière ou des « acteurs »
connaissant l’histoire de RLC... suivez mon regard ! 3- Aux héritiers de la famille
d’Hautpoul, qui de toute façon connaissaient aussi cette affaire. 4- Aux mêmes héritiers. Ceux-ci
auraient au fil du temps cédé leurs documents à des collectionneurs ou autres
individus, tels ceux mentionnés au point n°2. Procédons par élimination. Les
actes contenus dans la chemise datant de 1593 à 1830, il est impossible qu’ils
fassent partie des documents découverts dans l’église par l’abbé Saunière vers
1890. C’était l’une de nos hypothèses émises dans notre précédent article. Ou, dans le cas contraire, la chemise aurait été cachée après 1830, soit
dans le tombeau de seigneurs de « Redde »,
dans le tombeau de la dame de Blanchefort, image symbolique d’un coffre
d’Hautpoul, ou encore dans l’église même. Ceci est peu crédible puisque les
documents les plus récents (actes de 1830) n’apportent rien à l’énigme. Il n’y
avait aucun intérêt à les dissimuler contrairement à d’autres : les plus
anciens. La recommandation de J.-B. Siau d’Espéraza,
autre notaire dépositaire des Hautpoul-Rennes,
évoquant les trop grandes conséquences à se séparer de certaines pièces, n’était
pas vaine. Nous le verrons bientôt. Les affaires des notaires Siau, d’Espéraza et Couiza, sont étroitement liées. Quelques années avant la
Révolution, Elisabeth d’Hautpoul est héritière des clés du coffre de famille.
Le sénéchal de Limoux lui avait confié la garde des titres familiaux. Elle fait
ouvrir le coffre afin d’établir un inventaire[2],
mais refuse de communiquer les actes originaux. Des copies authentiquées[3]
seulement seront établies aux divers demandeurs. Aucun original ne sortira
jamais de chez le notaire. Jusqu’à sa mort en 1820, tous les titres de ses
ancêtres, d’Hautpoul-Rennes, restent sa propriété. Qui sont donc ses héritiers et qu’entend-on
par cette dénomination dans ce cas ? Car, Elisabeth, sans descendance, s’est
vu dépouiller de tous ses biens par divers créanciers. Notamment une certaine
Julie Avignon[4].
Elle avait acquis les terres et le château ancestral des Hautpoul à
Rennes-le-Château par adjudication. Grevée par les hypothèques et les
dispositions testamentaires de ses ancêtres, Elisabeth meurt ruinée et nous
ignorons à qui échurent les papiers de famille.
La seule piste viable passerait
par les enfants de sa sœur aînée, Marie, héritiers au premier degré, dont le
fils Jean-Marie-Alexandre épousa Angélique Le Noir,
branche des Hautpoul-Félines qui s’alliera plus tard
aux Fleury de Blanchefort. Nous avons déjà épluché un grand nombre d’archives
des Hautpoul-Félines et Lenoir. Aucun de leurs papiers ne
révèlent quoi que ce soit. Par contre, de possibles connivences avec des
orfèvres et fondeurs d’or ont été mises en évidence[5]. Dans la présente vente, plusieurs
noms cités montrent que les documents sont restés longtemps dans le giron familial.
Outre le Hautpoul-Rennes, il y a les Montesquieu, les
la Rochefoucault, les Fleury-Blanchefort,
les Hautpoul-Seyre. Malgré cela, les archives, aujourd’hui,
ne peuvent émaner d’un descendant d’Hautpoul, quelle que soit la branche. Il y
a trop de manuscrits disparates parmi les 20 lots (plus les 7 lots de la
première vente) inscrits au catalogue provenant du même fonds non identifié. On
voit mal comment le commentaire ancien, reflétant tant de détails de
l’affaire Saunière, aurait pu atterrir dans ce magma explosif incontrôlable. Tout en sachant que les actes
importants ont été consultés par un ecclésiastique vivant au début du XXe siècle, les commentant à dessein, on peut en
déduire que ce fonds d’archives a été constitué par un collectionneur féru de
vieux manuscrits notariés et religieux, voire même un juriste, un érudit ou un historien.
Le médecin traitant de B. Saunière et H. Boudet, le Dr Paul Courrent,
président de la SESA, pourrait être un bon candidat et
un maillon de la chaîne de transmission. Pour suivre, une équipe de chercheurs
patentés, « rennistes » des années 50,
n’est pas à écarter pour autant. Le fonds de livres anciens &
modernes mis en vente en mai dernier est en effet très orienté. Sans
réponse de l’expert à ce sujet, nous sommes contraints d’associer les livres du
XIXe siècle au fonds du troisième vendeur. On y trouve de la
franc-maçonnerie et sociétés secrètes (507 volumes), de l’Atlantide, des
civilisations anciennes, du « Templarisme ».
Quelques manuscrits sur des villes de Normandie (Yvetot, Pont-de-l’Arche, Le
Havre, Coutances, Dieppe etc..) montreraient le visage
normand et trilingue (français, anglais, allemand), ou la passion pour la Normandie,
de notre Collecteur Inconnu. Certes, les manuscrits concernent d’autres
sites français mais la Normandie est la région dominante et joue un rôle
important dans notre affaire.
Les actes notariés Le catalogue nous a été communiqué
dès le 25 septembre. Après avoir pris rendez-vous, nous sommes allés consulter
les six documents chez l’expert le 29. Il nous a été toutefois impossible de
prendre des photos avant la vente. Pour les raisons de l’enquête et
afin de ne pas perturber les enchères, nous avons pris un peu de recul. Quelques
jours de réflexion n’étaient pas du luxe avant de diffuser[6]
le résultat de nos recherches. Rien ne sert de courir, comme dit le vieux
proverbe de La Fontaine. Ce que nous y avons découvert (ci-contre), sur quelques
sites interdits de Bugarach et Sougraigne, et que
chacun des lecteurs pourra lire dans le catalogue Lafon,
nous pousse à prendre certaines précautions... Lire la suite... Th. Garnier En collaboration avec
J.-Luc Nozière Remerciements particuliers à : A-M Lecordier ![]() (*) Avertissement aux esprits chagrins : le filigrane placé sur les documents n'a pas valeur de copyright. C'est une simple mesure afin d'éviter le repiquage de documents par des webmasters peu scrupuleux de la netéthique. Ceux-ci n'indiquant jamais leurs sources et qui de surcroît se permettent de critiquer notre méthode de travail. Etant très intelligents, ils pourront par conséquent trouver par eux-mêmes leurs propres documents sur des sites publics.
[1] Journal de la
comtesse de Sansay, intérieur d’un château normand au
XVIe siècle, par Hector de la Ferrière Percy, 1859, p.86. [2] Rennes et ses
derniers seigneurs, par R. Descadeillas, 1962, p.74. [3] Terme ancien pour authentifiées (n.d.l.r) [4] Op.cit. p.220 [5] Cf. Mercure de
Gaillon n°6. [6] Enveloppe solo
avec le cachet de la Poste faisant foi. |