Part I - Le dossier Rennes-le-Château, du vrai et du faux - premier bilan Part II - Les 7 clés du Serpent Rouge Part III - Généalogie des rois mérovingiens, Les tablettes du lignage royal (A) On
se souviendra peut-être de cet étrange abbé surgi au gré des documents du
Prieuré de Sion. Quel est ce curieux ecclésiastique dénommé Pichon ?
Voilà un personnage sur lequel il y a matière à disserter. L’abbé Pichon ou, plutôt devrait-on dire l’abbé François Dron.
Un cas pour deux
Dans
son opuscule l’Enigme de Rennes[1], Ph. de Chérisey, conversant avec le fameux Henri de Lenoncourt, alias Henri Lobineau,
alias Léo schidlof, nous donne tout un tas d’explications,
aussi contradictoires les unes que les autres, sur notre affaire, en commençant
bien entendu par sa prétendue fabrication des parchemins. C’est en lisant cette
quinzaine de pages que l’on se rend compte à quel point le marquis manipule le
vrai et le faux avec une aisance déconcertante et dont l’objectif unique est de
brouiller les pistes. Voyez
Léo schidlof (1886 - 1966) que Ph.
de Chérisey associe parfaitement à l’expert en miniatures et médailles. Il est
l’auteur bien réel du Catalogue des miniatures du XVIIIe au XIXe
siècle publié en 1924, mais il n’a aucun lien avec Henri de Lenoncourt. Dans les années 20/30, il est connu sur la
place de Paris. C’est un galeriste renommé établi au 61 avenue Victor-Emmanuel III (devenu en 1945 av. F. D. Roosevelt),
expert à l’Hôtel Drouot[2].
L’histoire n’étant pas exempte de pied de nez, cette adresse abrite aujourd’hui
un courtier en or portant l’enseigne « Mister
Gold ».
A
nous de démêler cet écheveau solidement noué. En prenant le cas de l’abbé Pichon, soi-disant François Dron,
il faudra se rendre à l’évidence que nous avons affaire à deux personnages bien
distincts et ne vivant pas à la même époque. Les mots sortant de la
bouche d’Henri de Lenoncourt semblent assurés quand
il dit : « la marquise d'hautpoul
de blanchefort, châtelaine de
Rennes, a permis à hugues d’ hozier de
serigny de prendre copie en 1781
de ces parchemins dont elle était la légataire, comme du testament de hautpoul Jusqu' à la Révolution la
copie d'hozier demeure secret d’État.
Un numismate, dit abbé pichon, ci-devant
chanoine francois dron trouve
l'acte d' hozier et en fait part
à l'abbé sieyes, on le complète
par une généalogie de 1600 à 1790 et on le fait relier de cuir rouge. Au temps
du Directoire, le vicomte de barras
s'empare du document (dit livre rouge de barras)
et se rendant compte qu'il tient entre ses mains une bombe, le dépose dans le
tiroir secret de la basilique Sainte clotilde
de Paris. » Nous avons confirmation de
cette double dénomination dans l’opuscule L’Or de Rennes et un Napoléon[3] : « Pichon, de son vrai nom François Dron,
fut un remarquable généalogiste, il possédait même une riche collection de
monnaies, dont deux pièces en or de Sigebert IX, portant mention du Pagus Redensis, lieu où se trouve le coffre-fort des
mérovingiens ». La
fable est bien tournée mais hélas rien n’est vrai à part le nom des personnages
cités. Ce faisant, on remarquera l’autorisation de la marquise d’Hautpoul, Elisabeth, fille de marie de Nègri
d’Ables, prétendument donnée au généalogiste d’Hozier pour copier quelque
parchemin. En 1781, Elisabeth avait été si réticente quant à l’ouverture de ses
archives familiales au syndic de Bugarach, voire pour sa
propre famille, qu’on se demande par quel tour de force d’Hozier aurait réussi
à la convaincre. Nous avons le témoignage des batailles d’experts dans le dossier
du Liber Tobiae[4]. Le
comte de Lenoncourt poursuit, en prétendant que
l’abbé Pichon et François Dron
sont une seule et même personne. Nous apporterons la preuve qu’il s’agit en
réalité de deux hommes différents. L’abbé François Dron
Etablissons
pour commencer ce qui est vrai dans ce fatras. François Dron
était bien chanoine à St Thomas du Louvre et un numismate réputé. Par contre,
il n’a aucune recherche généalogique à son actif. On
voit par des lettres manuscrites de François Dron,
dont la plus grande partie est adressée à M. Thoynard,
que cet habile homme était consulté par les plus grands antiquaires de son
temps. Presque toutes les lettres de l’abbé Dron,
lui-même antiquaire, ne sont que des espèces de consultations raisonnées qu'il
fait à ce savant[5]. Les plus grands érudits s’émerveillaient devant
son cabinet de médailles de moyen bronze, dont la suite était des plus étendues
que l'on ait pu voir, et dont le choix était admirable. La quantité et la
diversité des revers singuliers était remarquable et il était, parait-il, bien
difficile de rien voir ailleurs de mieux conservé et de plus entier. Il
avait aussi quelques tableaux, mais rien au point de vue généalogique[6]. L’abbé
Goujet, autre savant antiquaire, possédait le
manuscrit en deux volumes des lettres écrites par l’abbé Dron[7]. Cela
ne concerne que des médailles depuis 1687 jusqu’à la fin de mai 1690. Ce manuscrit n’a rien de commun avec le
supposé « livre rouge de Barras ». François Dron est mort en juillet 1706. On lui avait proposé la direction du Cabinet des Médailles. Il déclina l’offre. Il avait bien connu l’abbé Claude Nicaise que nous avons rencontré au détour d’une assemblée R+C tenue à Gaillon en 1696. Et curieusement ce même abbé Nicaise fut aussi un ami personnel de Nicolas Poussin[8]. Des lettres en témoignent. Il est l’auteur d’une épitaphe post mortem dédiée au peintre. L’abbé Pichon Thomas
Jean Pichon naquit en 1731 au Mans. Il y fit ses
études et montra, dès sa jeunesse, une vocation pour le sacerdoce. Reçu prêtre
et docteur en théologie, il s’attacha à Mgr d’Avrincourt,
évêque de Perpignan. Sous sa protection, il fut nommé chanoine et chantre de la
Sainte Chapelle du Mans. En 1745 il était chez les jésuites. Il fut nommé
historiographe de Monsieur, frère du roi. A
la Révolution, on lui proposa l’évêché constitutionnel du Mans. Il refusa ce
poste. Il fut administrateur de l’hôpital de cette ville où sa probité et sa
charité furent remarquables. Il meurt le 18 novembre 1812.
Il
est l’auteur de quelques ouvrages de philosophie, de religion et de
généalogie : -
La Raison triomphante des nouveautés, ou Essai sur les mœurs et l'incrédulité.
Paris, 1756, in-12. -
Traité historique et critique de la nature de Dieu. Paris, 1758, in-12. -
Cartel aux philosophes à quatre pattes, ou l’immatérialisme opposé au
matérialisme. Bruxelles, 1765, in-8°. -
Mémoire sur les abus du célibat dans l'ordre politique. Amsterdam, 1763, in-8°. -
La Physique de l'histoire, ou considérations générales sur les principes
élémentaires du tempérament et du caractère naturel des peuples. La Haye et Paris, 1765, in-12. -
Les Droits respectifs de l'Etat et de l'Eglise rappelés à leurs principes.
Paris, 1766, in-12. -
Mémoire sur les abus dans les mariages, et sur le moyen possible de les
prévenir. Amsterdam et Paris, 1766, in-12. -
Des études théologiques, ou recherches sur les abus qui s'opposent aux progrès de
la théologie dans les écoles publiques et sur les moyens possibles de les
réformer en France. Par un docteur manceau. Avignon et Paris, 1767, in-12. -
Principes de la religion et de la morale, extraits des ouvrages de Jacques
Saurin, ministre du Saint Évangile. Amsterdam et Paris, 1768, 2 vol. in-12. -
Les arguments de la raison, en faveur de la religion et du sacerdoce, ou examen
de l'Homme de M. Helvétius. Londres (Paris), 1776, in-12. -
Observations sur une fontaine singulière de l'Anjou (impr. dans la Bibliothèque
du Nord, de Rossel, Paris, 1778. -
Avis fraternel aux prêtres catholiques du département de la Sarthe, sur les
avantages et les inconvénients de la célébration du culte religieux dans des
temples publics ou dans des maisons particulières, et sur les moyens faciles de
rétablir promptement dans leur église la paix générale des consciences et
l'exacte conformité des sentiments orthodoxes. Le Mans, an VIII, in-8°. -
Observations sur un paragraphe de l'Annuaire du département de la Sarthe, pour l'an
VIII, imprimé dans l'Annuaire 1810. Ces observations sont relatives à l'origine
d'Allonnes aux objets d'antiquités qu'on y a découverts. Comme
éditeur, on attribue, à l'abbé Pichon : -
La France agricole et marchande. Paris, 1768, in-8°. C’est une réimpression de
l'ouvrage édité à Avignon (Paris), en 1762, 2 vol. in-8°, par Guyon de la Plombanie. De
ses recherches généalogiques il a publié deux documents : 1°
- Extrait de la Généalogie de la famille Le Vayer,
imprimé dans le supplément aux Affiches du Mans, du 8 mars 17S-i in-4°.avec un
plan de l’arbre généalogique. 2°
- Le
Sacre et couronnement de Louis XVI, dans l'église de Reims, ouvrage
relatant la lignée des rois de France sur lequel nous allons nous arrêter.
Th.
Garnier Mis à jour le 10.09.2015 © 13 juillet 2009 - M2G éditions. Toute reproduction interdite sans autorisation de l'auteur. [1] Cote BnF :
EL4Z-piece111 [2] Le Figaro, 25
mai 1939. [3] Cote BnF : 4LB44-2360, par Ph. de
Chérisey, alias Sulpice de Bourges. [4] Cf. Mercure de
Gaillon N°7. [5] Le Grand
dictionnaire historique de Morèri
T.10, 1759 [6] Le livre
commode, G. Brice 3e édit., t. II, p. 86 [7] Magasin
encyclopédique, A.-L. Millin, vol.5, 1803, p.206 [8] Bulletin de la
Société Poussin, juin 1947, p.40 |