Pistes et traces écrites
Les auteurs de Rennes-les-Bains (- part - III)



Part I - L'abbé Henri Boudet
Part II - Le manuscrit Delmas et ses interprètes

 

Notes pour la redaction de l'Histoire du Languedoc de Dom Vic et Dom Vaissète (document disponible gratuit dans le FANUM I)
Villégiature paisible ? En apparence idyllique, la contrée redhaesienne concentre en son sein une vaste charge d’égocentrisme, de jalousie et de fourberie nauséeuse. Les forums et réseaux sociaux regorgent de critiques en tout genre à mon égard, ne serait-ce que sur Facebook où le mépris de certains individus flirte avec leur médiocrité (voire malhonnêteté) intellectuelle. Mes recherches et développements obtenus au gré de collations d’archives anciennes ou de lectures d’autrefois sont des sources dignes d’intérêt. Au risque de déplaire aux pisse-froids vinaigrés et autres aux fossiles pris au piège de la gangue mythologique cinquantenaire de Rennes-le-Château, le Mercure de Gaillon n’a pas eu besoin d’eux pour découvrir un certain nombre de documents authentiques amenant le lecteur sur d’autres pistes hors des sentiers battus apportant de véritables réponses. Les informations glanées avec le concours des auteurs de Rennes-les-Bains, parfois par-delà les siècles, en sont un échantillon conséquent.

 

Jeux d’Ombres

 

Face méconnue du fameux cippe (ou autel) gravé de l'inscription "C. Pompeius Quartus l(ibens) A{nimo) M(arti?) suo (In. Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine, E. Espérendieu, p.469
Dans son cryptage, l’histoire concède bien volontiers la genèse de l’affaire à l’abbé Henri Boudet et son ouvrage la Vraie Langue Celtique ou le Cromleck de Rennes-les-Bains. On s’appuie également sur le manuscrit Delmas de 1719. On y relève nombre d’informations sur l’antiquité du village, authentiques ou parfois tronquées par les initiateurs du mythe moderne de l’abbé Saunière. On lui doit notamment l’inventaire des monuments funéraires Romains et un catalogue de monnaies diverses. Les auteurs de la monumentale Histoire Générale du Languedoc, Doms Vic et Vaissète, iront même jusqu’à s’inspirer des textes de l’abbé Delmas qu’ils consigneront dans leurs archives. Exhumées des linéaires poussiéreux de la BnF Richelieu par nos soins, elles dévoilent en effet une copie du manuscrit Delmas. Une énigme venue du fond des âges y est ensevelie. Le cryptage des deux parchemins par l’entremise du Codex Bezae viendra par la suite. Les curés des deux Rennes s’en donneront à cœur joie pour nous léguer un sac de nœuds en héritage. Une véritable partie de plaisir dont la fin justifie les moyens.


"Ici est la maison de Dieu
et la Porte du Ciel"

De son promontoire rocheux exigu aux sources lumineuses de la vallée de la Salz, des confins de la Blanque aux vertigineux sommets du Bugarach, l’ancienne capitale wisigoth Redhae protège un ténébreux mystère. Du plus profond de son histoire, une ombre « Enthienne » rode. Transmis par les Templiers, gardé par les seigneurs des lieux sous l’Ancien Régime, le secret ancestral fut étouffé dans la masse. Plus qu’une chape de plomb, une trame tissée à « fleurs de sel » enveloppa bruits de couloirs et non-dits pour former un bouclier tel un sceau intangible et impénétrable. Néanmoins, passant jusque-là inaperçue, la petite station thermale des Bains de Rennes et la Colline Envoutée vont connaître un nouvel engouement juste après la Révolution. Comme-ci un programme Matriciel avait été réactivé.

Pendant tout le XIXe siècle, les cercles littéraires parisiens et les clubs initiatiques du Nouveau Temple sont en effervescence. Un secret templier millénaire lié aux Rois de France serait enfoui dans les entrailles des Corbières. L’antique métamorphose arcadienne veille au seuil de l’antre de l’oubli. Historiens, érudits locaux et scientifiques vont se pencher sur cette contrée paradisiaque aux fragrances ésotériques à grand renfort de publications. Certains auteurs la compareront à l’envoûtante Arcadie. Le plus explicite d’entre eux sera sans doute J.S.E Julia de Fontenelle qui n’hésitera pas à y imprimer l’ombre de Virgile[1]. Et pour cause !
J.S.E Julia de Fontenelle

Quant A. de Labouisse Rochefort, il reste parmi les auteurs les plus emblématiques. Après nous avoir conté la légende du trésor du diable et de la bergère dans son « Voyage à Renne-les-Bains » en 1832, il évoqua, non sans une certaine ironie, le tombeau de Parapharagaramus, le magicien sorti d’un conte pour enfants de Sophie de Renneville publié à la même époque. Variation en sol mineur d’échos dantesques échappés du fin fond des grottes de Rennes-les-Bains.

Quoi qu’il en soit, facétieux ou scientistes, nos auteurs émérites se sont donné beaucoup de mal pour dissimuler dans leurs écrits les indices d’une vérité inavouable, sans avoir le fin mot de l’histoire. Tout comme le fera bien plus tard Maurice Leblanc avec son faire-valoir Arsène Lupin, transformiste ou métamorphe de son état. De ces traces écrites émane une vérité où le pouvoir de mots révèle la puissance du secret.

 

Le miracle de l’eau

 

Quelques auteurs, adeptes de la doctrine scientifique pure et dure, se sont bornés à publier des études géologiques ou médicales et pharmacologiques sur les bienfaits des eaux de Rennes. Pour les plus connues, nous citerons :


- Analyse des eaux thermo-minérales de Rennes, CAZAINTRE, Edité par Boute, Limoux, 1843.
- Dissertation sur les eaux minérales connues sous le nom de Bains de Rennes JULIA J.S.E, édité par Douladoure, Toulouse, 1814.
- Stations Thermales de l'Aude. Rennes-les-Bains, Campagne, Alet. Guide médical et topographique GOURDON, J. Dr., édité par Hébrail, Durand et Delpuech, Toulouse, 1874.
- Rennes les Bains : Monographie historique, scientifique, médico-thermale et touristique. COURRENT, Dr. Paul, édité par Roudière, Carcassonne, 1942.
- Coupe géologique des environs des Bains de Rennes, suivie de la description de quelques fossiles de cette localité, ARCHIAC, M. D, 1844.
- Eaux thermo-minérales de Rennes les Bains (Aude) - Observations médicale, VAYSSE, Dr. L., édité par Tamalas, Limoux, 1885.
- Du traitement Hydro-Minéral à Rennes les Bains Aude - La cure thermale à Rennes les Bains - Source Marie, ROCHE, Dr. P.-E., édité par Roudière, Carcassonne, 1900.



Les vertus des eaux de Rennes sont réputées depuis l’Antiquité. Nul ne s’aventurerait à le nier aujourd’hui. Je peux moi-même témoigner de leurs atouts. A supposer qu’une apparition mariale s’y soit produite un jour ou l’autre, le site serait vite devenu un lieu de pèlerinage comme il l’avait été jadis, de l’époque romaine jusqu’au Haut Moyen Age. Mais le destin en a décidé autrement, si ce n’est le « Azard » ou autres Chimères redhaesiennes endémiques.

La reproduction de la grotte de Lourde porte en elle une signification dont Bérenger Saunière était le seul à connaître. A-t-il voulu marquer cet état de fait soulignant, par là même, le caractère divin et sacré de son secret ? Car c’est aux sources salées qu’il trouva la « rédemption », suivant les archives secrètes d’un coffre d’Hautpoul.

Sur une église du secteur, dont je tairai le nom pour des raisons faciles à comprendre, nous avons retrouvé les preuves peintes de cette solution saline quelque peu alchimique. L’argumentaire de l’abbé Delmas en faveur des Entiens est prépondérant. D’après la langue des oiseaux et des souffleurs, les symboles assemblés pourraient exprimer « Cerus Manus »: un nom mystérieux désignant le Créateur selon certains hymnes des prêtres Saliens romains[2].
Article du Figaro 28.08.1911 (document complet gratuit disponible dans le FANUM I)
Ces Saliens étaient une ancienne population gauloise soumise par Rome au IVe siècle. Les Francs venus de Sicambrie, ancienne colonie troyenne[3] après la chute de la cité, absorbèrent cette culture. De là viennent les Francs-saliens et la loi salique dont les actes furent rédigés pour la première fois vers l’an 400, lorsqu’ils étaient encore idolâtres.
Discours de M. Barrès à la chambre des députés le 16 janvier 1911 (document complet disponible dans le FANUM II)
Et de devenir les actes fondateurs de la monarchie de droit divin dont se réclament les rois de France depuis le baptême chrétien de Clovis. L’eau et le sel devinrent dès lors les vecteurs du pouvoir temporel et spirituel sur notre Terre, à l'intar de la Sainte Ampoule. Ce sont également les éléments primordiaux dans les rituels magiques du premier ordre stimulant les vertus d’anneaux non moins magiques.

Loin de faire bon ménage ici, science et foi sont pourtant étroitement liées dans un étrange manège initié le 17 janvier 1911, contre toute attente, par Maurice Barrès[4]. Ce prononçant en faveur de la protection des églises de France, tel le  temple de Rennes-le-Château, le député de Paris défendait l’idée de ne pas céder un pouce de terrain au paganisme, à la magie, à la sorcellerie, aux aberrations théosophiques ou au charlatanisme spirite. Or, c’est avec l’assentiment du Sâr Joséphin Pelandan, pétri de théosophie et de rites initiatiques, qu’il oeuvra au classement de ces édifices aux monuments historiques. A Rennes-le-Château, village inscrit sur la liste[5], cet objectif aura fait long feu face aux Veilleurs de l’Anneau.



A suivre...




Suivez tous les nouveaux développements de cette affaire dans
"La Chronique Redhaesienne, Arcana Codex Livre IV"

La Chronique Redhaesienne

Thierry Garnier


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[1] Mémorial universel de l’industrie française, des sciences et des arts, T.V, p.573.

[2] Cours d’études historiques, Histoires romaine, T.14, par P.C.F Daunou, 1846, p.347.

[3] Dans les mythes scandinaves, la ville de Troie est décrite comme la seconde Asgard.

[4] Pour les églises, discours de M Barrès prononcé à la chambre des députés le 16 janvier 1911, p.28.

[5] Cf. Le Figaro du 27.08.1911.