Part I - L'abbé Henri Boudet Part II - Le manuscrit Delmas et ses interprètes
Jeux d’Ombres
De
son promontoire rocheux exigu aux sources lumineuses de la vallée de la Salz,
des confins de la Blanque aux vertigineux sommets du Bugarach, l’ancienne capitale
wisigoth Redhae protège un ténébreux mystère. Du plus profond de son histoire,
une ombre « Enthienne »
rode. Transmis par les Templiers, gardé par les seigneurs des lieux sous
l’Ancien Régime, le secret ancestral fut étouffé dans la masse. Plus qu’une
chape de plomb, une trame tissée à « fleurs de sel » enveloppa bruits
de couloirs et non-dits pour former un bouclier tel un sceau intangible et
impénétrable. Néanmoins, passant jusque-là inaperçue, la petite station thermale
des Bains de Rennes et la Colline
Envoutée vont connaître un nouvel engouement juste après la Révolution. Comme-ci
un programme Matriciel avait été
réactivé. Pendant
tout le XIXe siècle, les cercles littéraires parisiens et les clubs
initiatiques du Nouveau Temple sont en effervescence. Un secret templier
millénaire lié aux Rois de France serait enfoui dans les entrailles des
Corbières. L’antique métamorphose
arcadienne veille au seuil de l’antre de l’oubli. Historiens, érudits
locaux et scientifiques vont se pencher sur cette contrée paradisiaque aux
fragrances ésotériques à grand renfort de publications. Certains auteurs la
compareront à l’envoûtante Arcadie. Le plus explicite d’entre eux sera sans
doute J.S.E Julia de Fontenelle
qui n’hésitera pas à y imprimer l’ombre de Virgile[1]. Et pour cause ! Quant A. de Labouisse Rochefort, il reste parmi les auteurs les plus emblématiques. Après nous avoir conté la légende du trésor du diable et de la bergère dans son « Voyage à Renne-les-Bains » en 1832, il évoqua, non sans une certaine ironie, le tombeau de Parapharagaramus, le magicien sorti d’un conte pour enfants de Sophie de Renneville publié à la même époque. Variation en sol mineur d’échos dantesques échappés du fin fond des grottes de Rennes-les-Bains. Quoi
qu’il en soit, facétieux ou scientistes, nos auteurs émérites se sont donné
beaucoup de mal pour dissimuler dans leurs écrits les indices d’une vérité
inavouable, sans avoir le fin mot de l’histoire. Tout comme le fera bien plus
tard Maurice Leblanc avec son faire-valoir Arsène Lupin, transformiste ou
métamorphe de son état. De ces traces écrites émane une vérité où le pouvoir de
mots révèle la puissance du secret. Le miracle de l’eau Quelques
auteurs, adeptes de la doctrine scientifique pure et dure, se sont bornés à
publier des études géologiques ou médicales et pharmacologiques sur les
bienfaits des eaux de Rennes. Pour les plus connues, nous citerons : - Analyse des eaux thermo-minérales de Rennes, CAZAINTRE, Edité par Boute, Limoux, 1843. - Dissertation sur les eaux minérales connues sous le nom de Bains de Rennes JULIA J.S.E, édité par Douladoure, Toulouse, 1814. - Stations Thermales de l'Aude. Rennes-les-Bains, Campagne, Alet. Guide médical et topographique GOURDON, J. Dr., édité par Hébrail, Durand et Delpuech, Toulouse, 1874. - Rennes les Bains : Monographie historique, scientifique, médico-thermale et touristique. COURRENT, Dr. Paul, édité par Roudière, Carcassonne, 1942. - Coupe géologique des environs des Bains de Rennes, suivie de la description de quelques fossiles de cette localité, ARCHIAC, M. D, 1844. - Eaux thermo-minérales de Rennes les Bains (Aude) - Observations médicale, VAYSSE, Dr. L., édité par Tamalas, Limoux, 1885. - Du traitement Hydro-Minéral à Rennes les Bains Aude - La cure thermale à Rennes les Bains - Source Marie, ROCHE, Dr. P.-E., édité par Roudière, Carcassonne, 1900.
Les vertus des eaux de
Rennes sont réputées depuis l’Antiquité. Nul ne s’aventurerait à le nier
aujourd’hui. Je peux moi-même témoigner de leurs atouts. A supposer qu’une
apparition mariale s’y soit produite un jour ou l’autre, le site serait vite
devenu un lieu de pèlerinage comme il l’avait été jadis, de l’époque romaine
jusqu’au Haut Moyen Age. Mais le destin en a décidé autrement, si ce n’est le
« Azard » ou autres Chimères
redhaesiennes endémiques. La
reproduction de la grotte de Lourde porte en elle une signification dont
Bérenger Saunière était le seul à connaître. A-t-il voulu marquer cet état de
fait soulignant, par là même, le caractère divin et sacré de son secret ?
Car c’est aux sources salées qu’il trouva la « rédemption », suivant
les archives secrètes d’un coffre d’Hautpoul. Sur
une église du secteur, dont je tairai le nom pour des raisons faciles à
comprendre, nous avons retrouvé les preuves peintes de cette solution saline
quelque peu alchimique. L’argumentaire de l’abbé Delmas en faveur des Entiens est prépondérant. D’après la langue des
oiseaux et des souffleurs, les symboles assemblés pourraient exprimer « Cerus Manus »:
un nom mystérieux désignant le Créateur selon certains hymnes des
prêtres Saliens romains[2]. A suivre... Thierry Garnier © 22 septembre 2017 - M2G éditions. Toute reproduction interdite sans autorisation de l'auteur. [1] Mémorial universel de l’industrie
française, des sciences et des arts, T.V, p.573. [2] Cours d’études historiques, Histoires
romaine, T.14, par P.C.F Daunou, 1846, p.347. [3] Dans les mythes scandinaves, la ville de
Troie est décrite comme la seconde Asgard. [4] Pour les églises, discours de M Barrès
prononcé à la chambre des députés le 16 janvier 1911, p.28. [5] Cf. Le Figaro du 27.08.1911. |