Forteresses et tours médiévales
du canton de Gaillon
(partie 1)



Part II - Forteresses alchimiques normandes et récits rabelaisiens

 

Un château "fait aux dalles" alchimiques

 

En 1262, le roi Saint Louis céda à Eudes Rigaud (ou Odon Rigaud), archevêque de Rouen, le château et le bourg de Gaillon, la tour et le village des Noës avec le droit de présenter aux prébendes, en échange du vivier, des moulins que les archevêques possédaient à Rouen et d’une somme de 4 000 livres payée au roi à Nevers au mois de juillet de cette même année. Tout cela nous le savons depuis fort longtemps, mais quelles sont les raisons de cette cession à l’archevêque de Rouen ?

Reconstitution Gaillon féodal

E. Rigaud était fort riche, selon certains de ses historiographes[1]. Depuis son accession au trône archiépiscopal du Rouennais, il cherchait désespérément un castel en Normandie pouvant contenir et protéger toutes ses richesses. Une chronique raconte qu’un soir, rentrant d’une visite auprès de son suffragant l’évêque d’Evreux, E. Rigaud fut surpris au milieu de la campagne par un violent orage. Accompagné de ses chanoines, il chercha asile et trouva enfin refuge dans le domaine royal de Gaillon. Accueilli par le capitaine de la forteresse, E. Rigaud y passa la nuit. L’archevêque de Rouen, ébahi, tomba en admiration devant ce logis féodal. Etonné de voir un tel château vide de ses occupants, il aurait dit au capitaine : « Voilà de bonnes murailles qu’il doit être difficile d’escalader. Je pense qu’un trésor ne saurait être plus en sûreté qu’ici »[2].  Dès cet instant, il eut pour seul objectif d’entrer en possession du château de Gaillon afin de mettre tous ses biens à l’abri.

Si l’aspect Renaissance du château de Gaillon nous est parfaitement connu, la documentation décrivant le château sous son allure médiévale est quasi inexistante. On a estimé sa construction au début du XIe siècle. Dans quelques rares écrits, il est dépeint le plus souvent comme une forteresse avec de hautes murailles crénelées, des tours et des remparts. Un assemblage bizarre (sic) de bâtiments constituait le corps de logis. Tous les styles d’architectures du Moyen Âge s’y trouvaient confondus, depuis les lourdes colonnes lombardes jusqu’aux ornements bâtards de l’art byzantin, depuis les plein cintre romains jusqu’aux timides ébauches de l’ogive sarrasine[3].

En 1404, Louis d'Harcourt, primat de Normandie, fit venir une statue de Saint-Michel que l'on plaça au-dessus de la porte du château. En 1412, Henri Lallemant était capitaine de Gaillon. L’archevêque le gratifia d’une solde annuelle de 100 livres. L'année 1413 voit l'édification d'un pont-levis entre les tours Job et Baudet, gardant l'entrée de la forteresse. On fit quérir, de Tilly-en-Vexin, Olivier Coquet, maçon et charpentier, pour assurer l’élévation de l'ouvrage. Dans le même temps Philippot Couillard, verrier rouennais, répara les vitraux de la chambre de Louis d'Harcourt.

On ne connaît pas vraiment la date de la construction des deux tours gaillonnaises. On peut juste l’estimer vers 1262, époque où le château passa entre les mains d’Eudes Rigaud. Ainsi la référence biblique au livre de Job nous remet en mémoire le verset 11,12 où il est dit en substance que l’homme doit apprendre pour ne pas rester dans l’ignorance tel un onagre[4] ayant la tête creuse : tête d’âne ou tête d’Aiguille ? Quoiqu’il en soit, on donne à l’âne autant de vertus que de défauts et divers sobriquets. Outre baudet ou Martin, renvoyant aux martinistes et à la confrérie des tanneurs patronnées par saint Martin, on le nomme aussi Rossignol d’Arcadie[5]. Un ange passe et le brouillard se dissipe encore un peu plus ! Ce surnom lui aurait été donné par les habitants de cette contrée grecque qui tiraient bénéfice de la vente de l’animal. Ils mettaient à profit jusqu’à ses ossements, utilisés dans la confection des flûtes les plus sonores : les flûtes de Pan, cela va sans dire. Il pleut, il pleut bergère... gare aux tentations... de Saint-Antoine!

A Gaillon, JOB et BAUDET, orientées vers le Midi, rappellent étrangement JOACHIN[6] et BOAZ, les deux colonnes situées à l’entrée du Temple de Salomon soumises à la vigilance d’Hiram et de Maître Jacques. Joachin et Boaz, comme saint Michel maître de la première loge, furent reprises dans les rites et symboles franc-maçonniques (J - B) du XVIIIe siècle. Des alchimistes, dont l'athanor doit être alimenté par les mottes de tanneurs, prétendaient que Job après la perte de son troupeau connut le secret de la Pierre Philosophale et devint si puissant qu’il pleuvait du sel d’or dans sa demeure[7]. Eudes Rigaud et ses successeurs auront conservé la légende intacte.

 

Les anciennes tours de guet

 

Le plus ancien document prouvant l’existence du château de Gaillon est une charte, datée de l’an 1025, de Richard II, duc de Normandie, en faveur de l’abbaye de Saint-Ouen de Rouen[8]. La forteresse resta aux mains des ducs de Normandie jusqu’en 1196, année où elle fut prise par Philippe Auguste et remise à la garde de Lambert Cadoc.


Tour du Hazey, dite moulin des 4 Vents

En périphérie de Gaillon, très tôt les rois de France et d’Angleterre avaient constitué un réseau de tours de garde ou postes avancés armés pour le protéger. Peu de documentations concernant ces tours ont résisté aux ravages du temps. Le canton de Gaillon est dominé par quatre d'entre elles et quatre autres dispersées sur les hauteurs environnantes. Ces huit tours sont construites sur le même plan, avec une cave, un rez-de-chaussée et deux étages, la même épaisseur de murs, les mêmes ouvertures, les mêmes  dimensions,  sauf  qu'elles  ne  sont  pas construites  avec  des  matériaux  semblables. Elles sont situées aux Rotoirs, à Vieux-Villez (ci-contre), Tournebut, Tosny, Mouflaine, Tostes-la-Vallée, Tourny, et Port-Mort.

Au fil des siècles, certaines, devenues surannées, ont été déclassées et transformées en moulins à vent ou ont servi au télégraphe Chappe. Leur origine, tout autre, ne peut être datée. Nous avons surtout vu que la construction de certaines d’entre elles, associées au château de Gaillon, relevait de la géométrie sacrée et suivait un schéma alchimique[9] dévoilant les dessous de la Maison des Mères, des prêtres de Cybèle.

Dans les années 1970 M. Germain Villain, historien amateur, voulant restaurer la tour de Tosny bâtie sur le domaine des Terres Noires, avait fait des recherches aux archives et à la bibliothèque de l'Eure, aux archives et à la bibliothèque de la Seine-Maritime, à la bibliothèque nationale de Paris. Il n'avait pas trouvé trace de ces tours qui pourraient nous renseigner sur leur origine ou leur utilité.

Le seul document que nous avons en main en 2007 est une carte de Cassini du XVIIIe siècle. En l'observant, il faut noter l'absence de moulin sur certains des sites impliqués comme au Hazey, tour des Quatre Vents, (Vieux-Villez), alors que l'on en retrouve ailleurs. Même si les plans de Cassini indiquent des moulins en 1748 à Tosny ou à Port-Mort ceux-ci ont été selon toute vraisemblance des édifices remaniés pour les besoins de l'époque, fortins ou tours de guet étant devenus obsolètes. Des pierres meulières retrouvées à Tosny démontrent ces modifications d’utilisation.

Un historien très qualifié avait affirmé à M. Villain qu'elles ne pouvaient pas être autre chose que des moulins à vent ou des pigeonniers. On voit mal un moulin situé dès le Moyen Âge à proximité immédiate d'une forteresse : telle la situation de Château-Neuf près de Port-Mort. De plus, quand on regarde les tours de Tourny, Vieux-Villez et Tostes construites en matériaux de qualité et d'une architecture digne des donjons de châteaux forts, on peut douter qu'un seigneur, même fortuné, puisse faire construire un moulin à vent peu lucratif, d'une solidité pareille, dans des endroits où les moulins à eau étaient nombreux. Ces moulins à eau étaient de petites industries d'une bonne rentabilité pour les seigneurs. Tous différents, très peu ont subsisté jusqu'à nos jours.  De même pour les pigeonniers, orgueil et prérogative seigneuriale. Il y avait plusieurs modèles : carré couvert à quatre pans, circulaire couvert en rond ou couvert à six pans, voire à huit pans suivant le titre du seigneur. Tous ces colombiers n'ont jamais été construits de la même façon.

Leurs structures et leur situation stratégique font plutôt penser à des tours militaires ou petits fortins. Dans son ouvrage, Tournebut[10], G. Lenotre est de cet avis. Il compare nos fortifications à la tour de la Montjoye dans la forêt de Marly, ancien poste de garde. Il nous raconte qu'en 1804, lorsque la tour de Tournebut servait de repaire aux chouans de Normandie, il y avait un fossé et un pont-levis. Toutefois, un document retrouvé aux Archives Départementales[11] confirme l’hypothèse du moulin remanié avant la Révolution, époque où il fut détruit. Depuis la tour porte le nom de Moulin Brûlé.

Malgré les recherches effectuées, les divergences sur l'origine de ces constructions persisteront. L'énigme restera entière car aucun document ne vient soutenir l'une ou l'autre hypothèse. Seule notre étude géométrique abonde dans le sens des fortifications.

Une autre tour de guet authentique, dont on parle moins, existait au XIIIe siècle sur le fief des Noës, proche de Saint-Aubin-sur-Gaillon. Elle faisait partie de la seigneurie du même nom acquise par Eudes Rigaud en même temps que le château de Gaillon. En 1264, la ferme des Noës était fortifiée, entourée par de fossés en partie toujours visibles. Après avoir connu des fortunes plus moins heureuses, elle devint la propriété du célèbre Jules Janin au XIXe siècle qui détenait déjà le château des Rotoirs.

 

Le bouclier de forteresses


Forteresse de type Boutavant
Le fort d'Angles
en Vendée ci-dessus
est une représentation
de ce que pourvait être
Boutavant de Tosny
dans l'Eure.

De notre passé médiéval, il ne nous reste pratiquement aucun monument. Les quelques tours de garde, transformées en moulins, dont nous venons de parler, ne sont que de piètres vestiges d’une histoire glorieuse révolue. Pourtant, plusieurs petites forteresses contribuèrent à la formation du royaume de Philippe Auguste au XIIIe siècle.

Il reste encore quelques vestiges de ces châteaux forts, et celles-ci sont incontestables. Plusieurs sont visibles situées sur les îles de la Seine entre Les Andelys et Vernon. Elles sont au nombre de trois : le château du Goulet, la forteresse de Boutavant à Tosny et le donjon de Château-Neuf à Port Mort.

Le fortin du Goulet, appelé à tort Boutavant[12], fut édifié par Philippe Auguste vers 1195 sur un site en bordure de Seine, aujourd’hui appelé l’île aux Boeufs. Blanche de Vauvilliers, auteur de l’histoire de Blanche de Castille reine des français[13], soutient cette différenciation : Boutavant (ou Butavant) et Guleton (nom d’origine du Goulet). Il est resté dans nos mémoires pour avoir été le séjour des rois Philippe et Richard Cœur de Lion au moment de la signature du traité de Gaillon en 1196. Vainqueur de la bataille de Bouvines en 1214, Philippe Auguste écroua Renaud, comte de Bourgogne, dans cette geôle. Un autre petit château, dit Petit-Goulet, fut construit sur l’autre rive de la Seine.


Plan du
château Sarrazin d'Emainville




Carte du Goulet

Il existe au-dessus de ce hameau l'emplacement d'une autre enceinte militaire plus ancienne, semblable à celles qui se voient en assez grand nombre vers l'embouchure de la Seine, et le long des falaises du littoral normand. L'origine de ces camps retranchés est fort obscure. Nous sommes portés à en attribuer l'établissement aux nations saxonne et scandinave qui envahirent nos côtes au Xe siècle. Elles ont été baptisées châteaux sarrazins (sic) pour signaler leur origine normande. Les vikings idolâtres était appelés sarrasins par les peuples subissant leurs agressions[14], à l’instar des maures du VIIIe siècle. Au hameau d’Emainville, près de Gaillon, les retranchements d’un de ces camps normands sont cachés dans les taillis. Ils affectent la forme d’une ellipse. Un sondage pratiqué en 1910 a fait apparaître des pierres ayant servi de support à des piliers de bois au fortin dont le fossé et le talus circulaire sont les seuls restes visibles (voir plan).

De nos jours, toutes les forteresses de la région gaillonnaise sont à l’état de ruines. De simples mottes marquent encore leur emplacement. La majorité des matériaux de l’île au Boeufs ont servi de réemploi pour l’édification de la Chartreuse de Bourbon-lèz-Gaillon en 1563 et les maisons avoisinantes. Mais on sait que son château était encore debout vers 1320, puisque Philippe V le Long y avait emprisonné Ferrant, comte de Flandre[15]. Il ne peut donc s’agir de la forteresse de Boutavant construite près des Andelys[16] qui fut détruite plus tôt comme nous allons le voir. D’autres documents comptables attestent d’œuvres de maçonnerie faites tant au château de Gisors, dans les cachots, qu’à celui du Goulet en 1333 par le Machon du duc de Normandie[17] (sic), Robert de Hebercourt.

Une ordonnance[18] du roi Charles V, le Sage, écrite du château du Goulet est datée du 17 avril 1364. C’est d’ailleurs en cette place, et par les actes qu’il ratifia, qu’il prit pour la première fois le titre de roi de France, succédant à son père Jean II le Bon, mort le jour précédent.

A la fin du XIIe siècle, dans ce qui est maintenant l'île de Tosny, non loin du Château-Gaillard, Richard Cœur de Lion, construit à son tour un petit fortin qu'il nomma Boutavant : nom destiné à marquer cette place forte construite toujours plus en avant. La forteresse devait défendre les abords du Château-Gaillard aux Andelys. La tradition orale rapporte qu’un souterrain de fuite desservait les deux sites. Pourquoi en douterait-on ?

On a peut-être un peu de mal à se faire une idée de ces châteaux sur l’île aux Bœufs ou celle de Tosny. Il ne faut pas oublier qu’à cette époque les eaux de la Seine étaient beaucoup moins hautes et ces îles n’étaient pas aussi isolées. Les cours d’eau étaient enjambés par de robustes ponts ou ponts-levis. Boutavant était entouré d'un haut talus. On accédait à l'intérieur de la citadelle par un de ces ponts-levis. On suppose que le bras de Seine, existant aujourd’hui, s’est constitué à partir de l’amorce des douves médiévales, suite à la montée des eaux dues à la construction du barrage de Port-Mort vers 1910.

En 1200, le château fut le théâtre d’une entrevue entre Jean sans Terre et Philippe Auguste en vue d’un nouveau traité de paix. Les tractations permirent un échange d’otages, parmi lesquels se trouvait Robert II d’Harcourt prisonnier du roi d’Angleterre. On pense généralement que c’est au château du Goulet qu’eut lieu la transaction bien que d’autres aient prétendu que ce fut à Gaillon. Quoi qu’il en soit, le rapprochement des deux parties devint effectif par le mariage de Blanche de Castille, nièce de Jean, et de Louis, fils de Philippe[19].


Tour de Château-Neuf près de Port-Mort

Au mois d'avril 1200, Blanche de Castille, fille d’Alphonse VIII âgée de 11 ans, arriva à Boutavant avec son escorte. Bien fatiguée, elle venait rejoindre son fiancé le dauphin Louis, futur Louis VIII, qu'elle ne connaissait pas. Son arrivée, par son attitude et sa grâce, produisit un tel émerveillement, parmi les gens de la cour de Jean sans Terre qu’ils s’empressèrent de préparer le mariage. Il eut lieu quelques jours après dans la chapelle du Château-Neuf de Port-Mort, béni par l’archevêque de Bordeaux le 23 mai 1200. Malgré ces circonstances qui déshéritaient le Louvre et Notre-Dame de Paris des fêtes nuptiales, une vive allégresse n'en régna pas moins au milieu des trois cours réunies. Des passations d'armes, des joutes, des fêtes de toute espèce s'y succédèrent, et la nouvelle mariée y fut constamment l'objet des hommages comme de l'admiration.

Château-Neuf était une autre forteresse bâtie par Philippe Auguste vers 1199. Il ne subsiste rien de ces murailles élevées sur le haut promontoire dominant le cour de la Seine.

En l’an 1202, le traité fut rompu une nouvelle fois et la forteresse de Boutavant passa dans l’escarcelle du roi de France. Une entrevue entre les rois guerriers fut organisée. Elle fut consignée par Jules Doinel, fondateur de l’église gnostique, dans son histoire de Blanche de Castille[20]. Voici comment les évènements se sont produits : les deux rois s'entretinrent durant le carême entre Butavent (Boutavant) et Guleton (Le Goulet), à Château-Neuf, pour mettre un terme à cette énième querelle. Dans sa chronique Matthieu Paris prétend que Philippe demanda à Jean beaucoup de choses qu’il n’aurait pu accorder,  dont la cession de la Normandie, le Poitou, l'Anjou et la Touraine. Dès le lendemain, Philippe envoya attaquer Boutavant, et le Château-Gaillard, le prit et continua ainsi cette grande guerre qui ne finit que cinquante-six ans plus tard.

Vue des ruines de Château-Neuf

Certains historiens rapportent la chose d'une autre manière, à savoir que Philippe voulait obliger Jean à rendre justice aux barons du Poitou et à lui rendre l’hommage qu'il lui devait pour la Touraine, l'Anjou et l'Aquitaine. Jean, après plusieurs jours de réflexion s'obligea enfin, par un écrit authentique. Il se soumit de toutes choses au jugement de la cour de France. Jean crut pouvoir détacher Philippe des grands intérêts par de petits. Il offrit de lui remettre deux nouvelles barrières de la Normandie et donna au roi de France les châteaux de Boutavant et de Thillière[21], en gage de sa parole. Philippe envoya donc recevoir les deux châteaux, mais on refusa de les lui remettre. Les gouverneurs fermèrent les portes, et déclarèrent qu'ils n'avoient point d'ordre de les lui remettre. Alexandre Maillard, seigneur d'Authouillet commandait la petite place forte avec une garnison importante.

Philippe indigné cita Jean à comparaître à la cour des pairs, et voulut qu'il cédât une partie des provinces françaises à son neveu Arthur de Bretagne, ou qu'il se soumît au jugement qui serait prononcé. Quand le jour de l'assignation fut venu, Jean ne comparut ni en personne ni par procureur. Jean prétendit alors prendre le langage d'un roi mais n'en eut pas la conduite. Son indolence livra ses Etats en proie à la guerre de Philippe qui prit la forteresse de Boutavant et la rasa de fond en comble ainsi que celle de Thillière[22]. La fureur du roi de France ne cessa pas avant d’avoir brûlé les châteaux d’Arques, de Mortemer, de Gournay et de s’être emparé définitivement du Château-Gaillard, des châteaux de Conches, du Vaudreuil en l’an 1204.

Au XVIe siècle toutes ces citadelles étaient démantelées. Aucun souvenir n’aurait subsisté si quelques passionnés d’Histoire, érudits locaux, n’avaient su tenir le flambeau de la connaissance allumé et le transmettre aux générations suivantes. Aucune recherche archéologique officielle n’a été entreprise pour préserver ces trésors de l’oubli. Puisse l’histoire future ne jamais effacer cette fraction de notre patrimoine culturel car si nous n’y prenons garde elle risque de disparaître dans les méandres de la mythologie au même rang que Troie, l’Atlantide ou Théopolis.


A suivre...

 

Thierry Garnier


Remerciements particuliers à : A-M Lecordier

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[1] Châteaux et ruines historiques de France, A. De Lavergne. , éd. Charles Warée, Paris, 1845, p.319.

[2] Ibid.

[3] Ibid.

[4] Ane sauvage.

[5] Mémoires de l’académie royale du Gard, Nîmes, 1833, p.95.

[6] Jakin ou Jaqin en hébreux.

[7] Dictionnaire des sciences occultes, par J. Collin de Plancy, 1846, p.899.

[8] Dictionnaires des communes de l’Eure, par Charpillon et Caresme, 2° édition, Ed. F.E.R.N, Avalon, 1966

[9] Mémoires des deux cités T.II, Th. Garnier, M2G Editions, 2005-2007.

[10] Tournebut 1804-1809, par G. Lenotre, lib. Académique Perrin, 1913, p.XXIII..

[11] A. D. de l’Eure, cote 2F2493.

[12] Dictionnaire des communes de l’Eure Charpillon et Caresme, note sur Notre Dame de l’Isle.

[13] Ed. Paulin, 1841, p.30.

[14] Une partie des pagi Madriacensis et Vulcassinus, par Georges Poulain, imp. Léon-Lainé, Rouen, 1913, p.16.

[15] Le livre de Baudouin, comte de Flandre, suivi de fragments du roman de Trasignyes, publié par P. Serrure et A. Voisin de l’université de Gand, Bruxelles, 1836 , p.114.

[16] Histoire de France depuis l’établissement de la monarchie française dans les Gaules, par Gabriel Daniel, 1755, p.128.

[17] Catalogue analytique des archives de M. le baron de Joursanvault, T.2, lib. Techener, Paris, 1838, p.239.

[18] Recueil général des anciennes lois françaises T.5, par Decrusy et Isambert, Paris, 1824, p.185.

[19] La grande chronique de Mathieu Paris, traduite en français par A. Huillard-Brehommes, T.II, éd. Paulin, Paris, 1840, p.517.

[20] Histoire de Blanche de Castille, par Jules Doinel, éd. Mame, 1879, p.17.

[21] Histoire de France depuis l’établissement de monarchie française, T.IV, par Gabriel Daniel, chez les Libraires Associés, 1755, p.127.

[22] Op.cit, Mathieu Paris, p.545.