Voyage en Haute-Egypte
Le messager d’Abydos

 

En déambulant dans les couloirs sombres et mystérieux d’un temple égyptien, quel voyageur n’a pas spéculé sur la nature énigmatique des symboles gravés sur ses murs et colonnades?

On a souvent tendance à prendre l’écriture égyptienne pour une gnose monolithe. Or il existe des hiéroglyphes égyptiens dont l’origine reste incertaine et leur interprétation sujette à la controverse. Nous voulons, bien évidemment, parler ici des idéogrammes gravés dans un temple d’Abydos : ceux qui ont défrayé la chronique OVNI dans les années 90. Cela tient pourtant plus de l’archéologie. Mais avant toute chose il convient de rendre à César…

En effet, beaucoup de magazines ou de sites Internet se sont fait l’écho de cette stupéfiante découverte sans jamais mentionner l’origine de l’affaire.  La paternité en revient à Gérard Martre du groupe Tau*Ceti. Différents articles furent publiés dans la revue de cette association ufologique.

Il convient toujours, en premier lieu, de mettre ces choses au clair car le réseau Internet, aussi « démocratique » soit-il, laisse le champ libre à une caste d’individus, d’une honnêteté intellectuelle toute relative, n’hésitant pas à s’attribuer les mérites d’autrui. Ceci dit, partons à la redécouverte de ces hiéroglyphes mystérieux.

 

Clichés originaux d’Abydos (sans trucage)
© Gérard Martre

Embarquement porte des étoiles

Le premier article paru dans le n°35 en 1995, titré « L’aéronavale de Ramsès II »[1], plantait le décor :

« Le temple de Louxor est bien connu des égyptologues. Ce qui l‘est moins, c’est la présence, sur un portique, d’une série de hiéroglyphes dont certains sont pour le moins curieux. Si l’on regarde ce texte de la gauche vers la droite, on découvre un ensemble de signes, que l’on retrouve inversé un peu plus loin.

Or, ce dernier ensemble précède immédiatement une série de signes représentant un hélicoptère, une vedette armée (N.D.L.R : ou un char d’assaut), un avion, une arme renversée.

Pierre Muyard, qui s’intéresse à ces textes, nous donne les précisions suivantes :

« J’ai commencé quelques recherches en particulier dans le dictionnaire d’Egypte et la grammaire d’Egypte de Champollion (1822). J’ai pu trouver explications et traductions pour certains des hiéroglyphes de cette inscription.

Cette suite de signes peut s’inscrire dans cet ordre ou dans l’ordre inverse et se traduit par roi et seigneur du monde.

Mais en ce qui concerne l’hélicoptère, l’avion, la vedette armée et l’arme renversée, rien.

A l’ambassade d’Egypte à Paris, l’un des attachés culturels connaît l’existence des quatre hiéroglyphes qui nous intéressent mais pas leur signification.

A noter que chaque hiéroglyphe est habituellement la représentation plus ou moins symbolique d’une chose participant à l’environnement des égyptiens : plantes, animaux, astres, outils, positions du corps; il n’y a pratiquement pas d’œuvre de pure imagination.

L’on ne peut rien dire, pour le moment, sinon que le Roi et Seigneur du Monde semblait posséder une flotte en avance de 3 200ans sur l’époque. Affaire à suivre… ».

Dans le n°37 de 1996, Gérard Martre précisait son information. C’est en visionnant une cassette vidéo pour un montage qu’il tomba par hasard sur les signes en question. Il interrogea le propriétaire du film qui lui affirma avoir enregistré ces images dans un temple à Louxor. Puis il rectifia :

 « Au cours d'une correspondance échangée avec Pierre MUYARD, celui-ci m'a fait remarquer qu'il semblait y avoir un hiatus entre la première partie représentant l'abeille (N.D.L.R : ci-contre) tournée vers la gauche et la deuxième où l'abeille est tournée vers la droite et précède l'hélico et sa suite. Interrogé là-dessus, l'auteur a effectivement reconnu que, de ces deux parties qui se suivent en continu et semblent appartenir à une unique séquence du film, la première a trait à un portique alors que la deuxième a été filmée dans la chambre de RAMSES II, le tout, non pas à LOUXOR, mais dans le temple de SETI 1er à ABYDOS ».

Les hiéroglyphes sont donc bien localisés dans la première salle hypostyle du temple d’Abydos. Les clichés publiés dans cet article sont des originaux pris en photo par G. Martre sur son écran de téléviseur et aimablement transmis par Patrick Alix.



Cliquez pour agrandir Destination Abydos

L’ancienne cité de Haute-Egypte, appelée aujourd’hui Araba-El-Madfouneh (Ebôt en copte), était située sur la rive ouest du Nil, à environ 160 km au nord-ouest de Thèbes. Elle était la ville sainte du dieu Osiris dans laquelle le pharaon Séthi 1er fit construire un temple-cénotaphe. L’étendue de ses ruines justifie son rang de seconde ville de la Thébaïde.

Le nom d'Abydos a été donné à cette cité par les Grecs.  La ville d’Egypte tient son nom probablement de la première Abydos grecque bâtie sur les côtes de la Troade. Selon Scymnus de Chio, Abydos doit sa fondation à des Pélasges de Lesbos[2]. Elle appartint successivement aux Troyens, aux Traces, aux Lydiens et aux Eoliens. Au temps de la guerre de Troie elle formait, avec Sestos, Percote et Arisbe, un petit état soumis au même prince.

Les Pélasges ont ensuite envahi l’Egypte. Une inscription de Karnak, dont voici un extrait, en fait foi : «...ils envahissent les champs d’Egypte en venant par le fleuve. Ils se sont établis : les jours et les mois s’écoulent et ils restent à demeure... »[3].

De la même manière, quelques colons caucasiens vinrent s’établir jusqu’en Thébaïde où ils laissèrent les traces de leur civilisation, Ase en l’occurrence, donnant un goût de dépaysement ou de reconquête à Sésostris, pharaon de la XIIe dynastie. Il revint, en effet, bien plus tard avec les Khaï sur les terres de ses ancêtres (vers 1900 av. J.-C.)[4].

La cité égyptienne d’Abydos servit de nécropole aux rois thinites des deux premières dynasties pharaoniques, entre 3100 av. J.-C. et 2755 av. J.-C. environ. Le pharaon Séthi 1er fit construire, au sud de Kom es-Sultan, un temple appelé Memnonium. Il fut achevé par son fils Ramsès II. Ce temple adopte la forme d'un L, et le sanctuaire, généralement unique dans l'architecture des autres temples égyptiens, est remplacé ici par sept chapelles dédiées à Séthi Ier et aux dieux Ptah, Rê-Horakhty, Amon-Rê, Osiris, Isis, Horus.

La partie sud du temple comporte un vestibule conduisant à plusieurs salles et orné des tables d'Abydos : liste des soixante-seize pharaons qui ont précédé Séthi 1er, et source historiographique très importante. Le cénotaphe proprement dit de Séthi 1er, ou Osireion, est accolé au Memnonium. Ses murs comportent de riches bas-reliefs et des textes religieux funéraires. Un long vestibule mène à la pièce centrale où se trouve une île entourée d'un canal, sur laquelle ont été creusées des cavités destinées à accueillir le sarcophage du pharaon. Cette île symbolisait le soleil émergeant de la mer[5].

     Plan du temple d’Abydos:

     1) Cénotaphe ou Osireion

     2) Grand temple de Séthi 1er

     3) Temple de Ramsès II

     4) Vestiges du temple de Ramsès 1er

Officiellement pas un mot sur nos fameux hiéroglyphes situés sur une frise dominant les immenses bas-reliefs relatant la vie de Ramsès bien qu’ils furent remarqués il y a une trentaine d’années. Lucien Blaise enquêteur pour Tau*Ceti confirme ce fait à G. Martre :

« Je suis allé voir M. Olivier Pelon, sous-chef de Service Egyptologie à la Maison de l'Orient Méditerranéen – 7, rue Raulin, 69007 lyon, Tél. 72-71-58-60.

Je lui ai montré les séquences du portique du Temple de ramses ii à abydos. Il m'a expliqué qu'il connaît cela depuis plus de 20 ans (N.D.L.R. : en 1996)».

 

Faux billet d’humeur

Les études publiées depuis plus d’une décennie n’apportent rien de nouveau sur le sujet. Et Lucien Blaise d’ajouter :
«Voilà comment il (O. Pelon) l’explique : le texte d'origine s'étant effacé, il a été recopié ou refait dessus, mais mal, un genre de palimpseste». Ce type de réflexe pour nier des documents ou des faits n’est pas nouveau. N’importe quel égyptologue dit « sérieux » répondrait la même chose. Aucun d’entre eux n’est prêt à accepter l’hypothèse d’une ingérence extérieure (inconnue) dans l’histoire de l’Egypte ancienne, voire du Monde.

Comment peut-on expliquer cela par un simple grattage et de nouvelles gravures ? Aucun scribe de l’époque n’y aurait retrouvé ses hiéroglyphes, ou son copte. Si n’importe quels gribouillis pharaoniques peuvent ternir l’histoire d’un monument tel que celui d’Abydos, que dire du reste ?

Nous pourrions aussi demander au FBI, à la CIA ou à la NSA de nous monter l’engin de Roswell ! Il serait vain d’espérer une réponse positive. Ils nous riraient au nez tout simplement, même en ayant une tonne de preuves irréfutables sous les yeux. Autant parler aux murs... et dans le cas qui nous occupe, ceux d’Abydos feront l'affaire, cela va de soi.

Nous préférons donc reporter notre opinion sur les travaux des premiers égyptologues du XIXe siècle. L’architecture du temple d’Abydos paraît avoir marqué les esprits de l’époque. En 1840, MM. L’Hôte et Letronne remarquaient l’encadrement d’un des portiques (ci-dessus) : « l’encadrement et le dessus des portes intérieures de ces passages, notamment l’une d’elle, qui n’a son analogue dans aucun autre monument d’Egypte»[6]. Nos hiéroglyphes ne sont donc pas les seules curiosités du site.

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Extrait du manuscrit de G. Maspero
Extrait du
manuscrit
de G. Maspero

L’égyptologue français Gaston Maspero (1846-1916) avait, quant à lui, tenté de traduire l’inscription dédicatoire située dans la deuxième cour du temple d’Osiris[7] (extrait ci-contre à gauche), sans se préoccuper des inscriptions intérieures où l’on retrouve « l’arsenal de Ramsès II ». Dans son relevé hiéroglyphique on pourra toutefois constater la similarité de certains idéogrammes. Nous n’en tirons aucune conclusion (extrait ci-contre à droite).

La théorie du palimpseste ne tient pas la route tant qu’elle n’est pas prouvée de façon objective. Ce n’est pas un avis d’expert, mais c’est celui d’un égyptologue amateur. D’autres diraient fumiste. Ceux là, les rationalistes, ou debunkers tout aussi fumistes, tenaillés par la mauvaise foi, prenant leur vérité pour acquise, devraient savoir que l’avis scientifique, tel celui d’un égyptologue de renom, n’est qu’un point de vue parmi tant d’autres.

Pierre Muyard a poussé très loin ses investigations. Après sa visite à l'ambassade d'Egypte où Mme rachad lui avait conseillé de s'adresser à l'Ecole d'Egyptologie "kheops" 6, rue Albert Baillet à Paris, il prit contact avec cette institution.  Il écrit ceci à G. Martre :

« Au premier contact (téléphoné en Mai 1995), la directrice, Mme gallois, m'avait déclaré qu'elle était d'accord pour me faire traduire les textes et qu'elle le ferait gracieusement. Je lui ai envoyé copies couleurs des photos et lettre explicative. Et je n'ai jamais eu de réponse. J'ai relancé cette dame trois mois plus tard (début août). Elle m'a paru embarrassée. D'abord elle ne se rappelait pas avoir reçu ni ma lettre, ni les photos puis, s'en étant rappelé, elle m'a dit :

1) qu'il s'agissait de signes très connus sans pouvoir me dire lesquels,

2) mais que l'inscription n'était pas complète et qu' "ils" n'avaient donc pas pu la traduire,

3) qu'il s'agissait d'une superposition de hiéroglyphes effectuée lors d'un changement de pharaon....  Elle paraissait vouloir en rester là ».

Les faux hiéroglyphes d’Abydos publiés
dans un magazine ufologique grec.
Toutes ces années de recherches nous auront appris au moins une chose : quelle que soit la découverte, prouvant une autre version de l’histoire officielle, tout sera mis en œuvre pour la déboulonner. Rien ne doit contrecarrer la pensée unique. La fin justifie les moyens.

Mais tout cela n’est rien par rapport aux actes de mystification, beaucoup plus graves qu’une simple appréciation « palimpseste », commise pour faire des hiéroglyphes de Ramsès II une bouffonnerie. Les clichés d’Abydos ont été falsifiés, puis diffusés dans certains magazines ufologiques européens. C’est un véritable scandale, un jeu de dupes visant à discréditer toute l’affaire.

Nous sommes confrontés à ce genre d’arnaque « officielle » en permanence. Les manuscrits codés de l’abbé Saunière, maquillés par l’équipe du Prieuré de Sion[8], en sont une preuve formelle.

 

La trace d’un messager

La pertinence des propos de G. Martre est sans équivoque : « Il n'empêche que ces inscriptions existent (où qu'elles soient situées) et qu'elles me font penser à du matériel militaire actuel. Cette opinion, qui semble agacer certaines personnes, paraît en embarrasser d'autres, ainsi que le rapportent les recherches effectuées par Pierre muyard et Lucien blaise ».


La science ne pouvant trancher objectivement en faveur du pour ou du contre, nous nous bornerons à rejoindre l’opinion de G. Martre. Ces signes hiéroglyphiques nous apparaissent également comme des technologies actuelles : un hélicoptère, un char d’assaut, un avion etc. Mais aucun OVNI, engin extraterrestre, en vue dans cette imagerie, car il s’agit bien de technologie terrestre. 

 

Que conclure dans ces conditions ? Depuis des décennies quelques aventuriers recherchent, au travers des civilisations anciennes, les preuves d’une interaction du futur sur le passé. Les piles dites « de Bagdad », datant du second millénaire av. J.-C., par exemple, ont nourri les idées les plus folles. Cela n’a néanmoins rien de délirant.


L’hypothèse de travail la mieux adaptée nous envoie vers ce qu’on qualifie encore de science fiction. Un vortex, ou un engin captable d’en créer un, pourrait-il être dissimulé quelque part dans le temple d’Abydos ou ailleurs dans un autre Temple plus proche de nous ; une autre porte temporelle vers les Cité Obscures des civilisations disparues ? Allez savoir ! Après tout, la science fiction est la prospective raisonnée sur la réalité de demain. Tout vient à point à qui sait attendre, nous a-t-on rappelé dernièrement.

Thierry Garnier

- En collaboration avec Patrick Alix.
- Remerciements particuliers à A.M Lecordier


  • Première parution le 28.11.2003 (C.N.R.U)
  • Revu et augmenté le 10.03.2008 - Toutes reproductions totales ou partielles interdites sans autorisation de l'auteur. www.lemercuredegaillon.net



  • [2] Histoire critique de l’établissement des colonies grecques T.III, par Raoul Rochette, lib. Treuttel et Würtz, 1815, p.137.

    [3] http://www.mediterranee-antique.info/Moyen_Orient/Lenormant/T_2/HAO_24.htm,

     Les Egyptiens, par  F. Lenormant (1837-1883). Dernière consultation le 20.02.08.

    [4] Histoire de la république romaine, T.II, par Salluste, lib. L.N. Frantin, Dijon, 1777, p.256. Cf : OVNI de l’Eclipse, 11.08.1999, par Th. Garnier, M2G Editions, 2007.

    [5]Sur les pas de Ramsès, par Christian Jacq, éd. R. Laffont 1997. Cf. Encyclopédie Encarta 98

    [6] Lettres écrites d’Egypte en 1838 et 1839, contenant les observations sur divers monuments égyptiens, par N. L’Hôte, et des remarques de M. Letronne, lib. Firmin Didot, 1840, p117.

    [7] Ms, Inscription dédicatoire du temple d'Abydos, texte, traduction & notes manuscrites de G. Masperot, 1867.