Le parc du Lydieu

Nous arrivons au terme de notre parcours virtuel en flânant quelques instants dans les jardins du Lydieu. Un havre de paix, une oasis de fraîcheur bâtie selon les desseins du Cardinal d'Amboise à partir de 1503 à l'extérieur des jardins du château. Une parcelle de terre, plantée de vignes situées sur les coteaux plongeant vers la Seine, fut attribuée pour l'édification de ce site. Le choix de cet emplacement est dû à la proximité de nombreuses sources qui jouèrent un rôle important. On pouvait accéder à ce parc par une longue avenue (de 300 toises) qui avait été aménagée en sortant du jardin du Haut. A l'entrée 3 rangées de tonnes (ou tonnelles) en merisier bordaient de petits parterres de fleurs, ornés de statues. Un ermitage, une chapelle et un bâtiment dit "Maison Blanche" apportaient à l'ensemble un cachet tout à fait particulier.

L'ermitage avait été creusé dans un rocher, lequel avait été disposé au centre d'un bassin carré rempli d'eau. L'entrée de la grotte était gardée par deux bergers, celui de droite tenant une clef à la main. Il ne peut s'agir d'une représentation de saint Pierre puisque l'iconographie chrétienne nous apprend que le saint tenait deux clefs. En face, une petite chapelle voûtée en pierre, aux fenêtres à meneaux, était soutenue par des contreforts à clochetons ouvragés. Une petite maison était accolée à cette chapelle. Quant à la Maison Blanche, il semblerait que l'origine de la construction remonte au Cardinal d'Amboise bien qu'elle fut modifiée vers 1566 par la volonté du Cardinal Charles de Bourbon en la baptisant "le Parnasse de Gaillon". De 1503 à 1506, l'érection de ce "Petit Trianon" occupa Nicolas Castille (menuisier), François Senault (maçon) et Pierre Valence (fontainier). Ce dernier mit son cœur dans ces jardins qui devaient disparaître totalement avant 1700. Il en conçut les canaux, les fontaines et pièces d'eau faisant du Lydieu un lieu où le fantastique et l'étrange prirent une place prépondérante. La Maison Blanche ne fut néanmoins pas en reste. Les architectes l'avaient implantée sur un îlot au centre d'un bassin plus ou moins ovale. Ce bassin rempli d'eau rejoignait à l'autre bout du parc l'Ermitage par un canal. Sur les façades de la Maison Blanche, le sculpteur avait œuvré autour d'une multitude de statues de Satyres et du dieu Pan, dieu des bergers d'Arcadie. Le plan du parc du Lydieu inspiré de l'art Florentin laisse l'observateur devant une énigme, une clé et une serrure. Cette cité miniature comme l'indique Elisabeth Chirol "… se situait dans le parc, immense espace, entièrement clos de murs, ponctués de tourelles et de portes de pierre toutes baillées de ferrures, mais agrémentées d'armoiries".

Parc du Lydieu, Pavillon de la Ligue, Ile Heureuse, théâtres de la Reine ou la Clé cabbalistisque du Triangle d'or?

Un tel endroit ne pouvait laisser le poète indifférent. En 1566, à la demande du Cardinal de Bourbon le poète Rouennais Nicolas Filleul écrivit, les Théâtres de Gaillon à la Reine, une série d'éloges à la gloire du Cardinal, du Roi Charles IX et de la Reine mère Catherine de Médicis; une évocation des problèmes religieux, politiques et sociauxdu XVI^e siècle. Six de ces éloges furent jouées au Château de Gaillon dont deux, la tragédie "Lucrèce" et la pastorale "Les Ombres", au Parnasse devant le Roi et la Reine mère le 29 septembre 1566. Charles de Bourbon voulait faire du Lydieu un asile pour les Muses. Mais au-delà de la satyre politico-sociale de l'époque, Nicolas Filleul perpétue le mythe immortel Arcadien, le retour de l'âge d'or. Ainsi du Parnasse de Gaillon, la Maison Blanche prit le nom de l'Ile Heureuse. Puis après l'assassinat du Duc de Guise et d'Henri III, c'est dans la Maison Blanche, appelée pour l'occasion "le pavillon de la Ligue", que fut résolue la Ligue de 1589. Les ligueurs couronnèrent le Cardinal de Bourbon roi de France, au règne éphémère de 3 mois, sous le nom de Charles X.

Voilà! La visite est terminée, mais ne partez pas trop vite car vous avez là une clé en main pour ouvrir une des portes de Gaillon, la porte de la face cachée gaillonnaise.

Si vous voulez poursuivre, il vous faut avoir relevé le code des pages précédentes pour reconstituer cette clé alphanumérique. Quand vous l'aurez ou si vous l'avez déjà, poussez le portail de Web et entrez dans les mystères de Gaillon ou si vous en avez fini sortez par la grille du parc.

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