Gisors ou la Chronique Vulcaine (extrait)
La troisième continuation

L’homme avait tourné la page. Haine et passion, engendrées par le mystère des Templiers de Gisors, paraissaient s’être estompées. Tel un volcan endormi, la ville avait sombré dans une profonde léthargie. La médiatisation des évènements des années 60 avait disparu bien longtemps après les vindictes acerbes de l’intelligentsia locale à l’encontre d’un pauvre jardinier, Roger Lhomoy, et d’un journaliste en mal de sensations, Gérard de Sède [pl.1].

Dieu sait combien la haine des hommes de pouvoir peut être corrosive quand des personnes « non autorisées » s’approchent des zones d’ombre de notre Histoire considérées comme des chasses gardées, réservées aux historiens « encartés » seuls  autorisés à évoluer dans la soufrière.

Aborder l’histoire de cette place forte normande du Moyen Age, c’est s’avancer en terrain hostile. Comme à Rennes-le-Château, l’affaire a toujours ses détracteurs. Certains vont même jusqu’à dire qu’écrire un livre sur l’une ou l’autre de ces énigmes signifie que l’auteur n’a pas trouvé l’hypothétique trésor de Béranger Saunière ou de l’Ordre du Temple.

Pour notre part c’est un fait et nous l’assumons. Même si c’est notre objectif final, actuellement nous effectuons un travail d’analyse documentaire, de philologie approfondie, afin de démêler le vrai du faux et nous publions pour ceux qui veulent bien entendre et comprendre le résultat de ces recherches.

L’ensemble de notre travail nous a amenés sur une voie concrète, en des lieux étranges. Les résultats sont palpables et  nos découvertes explosives. Nous avons le devoir de les protéger de la convoitise et du vandalisme.

 Nous ne publierons jamais des histoires à dormir debout, comme il en existe déjà beaucoup, en colportant des théories invérifiables, marquant d’une croix le lieu précis où serait caché quelque trésor ou tombeau sacré. Ceci n’est pas de notre ressort. Pour l’heure nous travaillons à l’étude des documents authentiques de manière à éliminer définitivement les fausses interprétations qui ont pourri à la racine une véritable énigme historique. Sept siècles après l’abolition de l’Ordre du Temple, le mystère n’a pas pris une ride et tendrait plutôt à s’éclaircir.

Cet examen nous a déjà permis de mettre en évidence  un grand nombre d’informations : jalons non négligeables placés sur notre piste (ex : le Codex Bezae Cantabrigiensis à Rennes-le-Château). Nous sommes sur le bon chemin.

Il va de soi que cela dérange beaucoup de gens, en particulier ces détracteurs qui ont leurs informations, de bonne main sans doute, mais qui ne partagent rien. Les critiques continueront donc de fuser. On ne change pas les esprits retors.

Déjà, en 1964, deux années après la publication, et la surmédiatisation, du livre de G. de Sède « Les Templiers sont parmi nous[1] », n’ayant rien à envier à celle du « Da Vinci Code »,  best-seller de l’année 2005, le directeur des Archives départementales de l’Eure en place à l’époque, M. Le Pesant, partit en croisade contre les mécréants de l’histoire officielle. Dans une conférence publique, il s’ingénia à faire passer les vedettes de l’affaire l’un pour un pauvre type alcoolique et l’autre pour un escroc en manque d’imagination.

Nous avons lu cette intervention[2]. Nous ne sommes pas les défenseurs de la mémoire de quiconque, mais les propos tenus dans ce pamphlet ne sont pas dignes d’un fonctionnaire de l’État français. Tout au long des trente trois pages, chiffre évocateur, c’est une pléthore d’injures, critiques fumeuses frôlant le prosélytisme, bardée d’une arrogance inqualifiable car M. Le Pesant se croit « chez lui » aux Archives départementales de l’Eure, au mépris de ses concitoyens qui lui payent son loyer et son salaire. Les Archives départementales sont un de nos services publics. Il faut bien que les fonctionnaires de l’État ou de la région en place se le mettent en tête : un bien public ne leur appartient pas. Même un directeur archiviste est assis sur un siège éjectable.

Dans ce tissu d’infamies, M. Le Pesant affirme que « le pauvre type et le journaliste » (sic), qu’il déclare lui-même ne pas vouloir nommer (quel courage !), ne sont pas des historiens. De Sède et Lhomoy ne s’en réclamaient nullement d’ailleurs.

Qu’est-ce donc qu’un historien alors ? Il est fort probable qu’un historien ou un archéologue soit, aux yeux de cet archiviste, un personnage diplômé des hautes écoles. Certes, il aura les qualifications requises pour nous raconter l’histoire officielle. Elève obéissant, il fera ce que le pouvoir en place lui dicte, carriérisme oblige.

Quoi qu’il en soit, nous considérons que tout individu, s’intéressant avec pragmatisme et science, de près ou de loin, à tous les domaines de l’histoire est lui aussi un historien en puissance.

 Si les compétences historiques pouvaient se juger sur la valeur d’un diplôme, signe extérieur de vanité, cela se saurait. Voyez l’exemple de Heinrich Schliemann, archéologue amateur et découvreur de la légendaire cité de Troie. C’était un autodidacte complet.

Petrus Borel, s’adressant à quelques historiens, écrivait en 1834 dans un pamphlet virulent intitulé l’Obélisque de Louxor : « Vous ne savez ce qu’est Jean Bullant, Jean Joconde ou Philibert Delorme ; vous êtes des cuistres au bord de la Seine et vous faîtes les poètes au bord du Nil. Pitié !... Celui qui ne comprend pas Saint-Wandrille, Blois, Chambord, GAILLON, Royaumont, Brou, celui-là ne peut comprendre Thèbes. » [3]   

La recherche de la vérité historique par le biais de l’archéologie est une des plus grandes aventures humaines qui nous reste. La fantaisie aurait pu nous amener à écrire une nouvelle histoire de Gisors, dans le pays du Vexin normand, sans nous soucier des points de vue et des théories empiriques.

L’histoire est faite par et pour des gens qui conviennent entre eux d’une certaine réalité.  L’officielle, telle qu’on nous la récite, est en grande partie un mensonge. L’autre, l’histoire secrète, celle que G. de Sède nous a contée en soulevant un coin du voile, a malheureusement servi de terreau pour une plaisanterie favorisant des intérêts peu recommandables. Quelques autres, peu scrupuleux, se sont pris au jeu pendant plus d’un demi siècle, alimentant peut-être sans le vouloir la cause du Prieuré de Sion (association fondée en 1956) et des visées hégémoniques anglo-saxonnes sur la colline envoûtée de Rennes-le-Château.

A Gisors, le témoignage de R. Lhomoy n’est pas pour autant à remettre en cause. Loin de nous cette idée. Nous y apporterons seulement quelques ajustements ou rectifications.

Pour nous, les déclarations verbales d’un « farceur », Philippe de Chérisey dit Amédée, comédien de son état au service du Prieuré de Sion, sont insuffisantes pour mettre au rancard toute l’affaire Lhomoy/Saunière.

Aucune étude sérieuse n’avait été menée sur cette affaire depuis la publication de Gérard de Sède. Aucune fouille archéologique, au sens scientifique du terme, n’a été menée à Gisors. C’est le ministère qui l’avouera en l’an 2000. En cinquante ans, les ouvrages traitant la question n’ont rien apporté de nouveau.

Notre étude a une triple ambition. Tout d’abord, effectuer une contre enquête rigoureuse, puis d’en valider ou démystifier les données majeures et enfin connaître le but des vrais commanditaires de G. de Sède. Nous éplucherons, dans les moindres détails, autant que faire se peut, chaque pièce du dossier.

L’ancien gardien du château de Gisors est le seul acteur crédible dans cette énigme. G. de Sède a amplifié son témoignage pour le rendre un peu plus authentique. Ce fut un tort car son interprétation est à revoir de fond en comble.

Il ne s’agit pas du Trésor des Templiers, proprement dit, mais plutôt d’une énigme historique, connue des Templiers, liée à la lignée des rois de France : une lignée mérovingienne... « venue d’ailleurs ». S’y retrouvent mêlés : idéologie monarchiste, archives secrètes et monuments mystiques remarquables. Un mélange politico-religieux savamment dosé puisque la véritable lignée royale française est d’essence divine. Le Pacte social des rois de France, que signa Clovis par son baptême à Reims, instaurant le Règne social de Jésus-Christ, en est le résultat.

Je vous vois déjà, le sourire en coin : « Mais que nous raconte-t-il là ? ».

Ce secret « terrible » n’est pas une plaisanterie ! C’est une des composantes du « Thrésor » des chevaliers de l’Ordre du Temple. Ceux-ci l’avaient découvert, parmi d’autres documents ou artefacts, en fouillant sous l’ancien Temple de Jérusalem, dans leurs pérégrinations dans toute la basse et haute Egypte.

L’hypothétique mariage de Jésus et de Marie-Madeleine attaché à l’autre grande affaire,  celle de Rennes-le-Château, reste à prouver mais nous ne le renions pas. Les liens avec ce petit village de l’Aude sont néanmoins réels. Nous nous efforcerons de les mettre en lumière car des faits probants tendent à les démontrer.

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Extrait de « Gisors ou la Chronique Vulcaine »

Th. Garnier
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Remerciements particuliers à : A-M Lecordier

 



[1] Les Templiers sont parmi nous, éd. Julliard, 1962.

[2] Archives départementales de l’Eure, cote 4F170.

[3] Cf. Le Diable Boiteux à Paris ou le Livre des Cent-et-Un, collectif, Stuttgart, 1834, p.250.